La mort

par Dre Papillon

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Ma tante est morte aujourd’hui, vers 2 heures du matin, à l’âge de 47 ans, d’un cancer généralisé. Elle était aux soins palliatifs depuis 5 mois et demi. Certes, elle avait déjà eu des alertes et des traitements contre le cancer dans sa vie, il y a peut-être 20 ans. Certes, il y a des femmes dans sa famille qui étaient déjà mortes suite à des cancers dits “féminins” (ovaire, sein, utérus…). Mais tous ces facteurs de risque, au lieu d’expliquer la nullité des services médicaux sur ce coup-là, n’auraient-ils pas dû justifier un suivi très serré et rapide de tous symptômes louches ainsi qu’un suivi préventif très régulier ?

C’est pourtant ce dont elle bénéficiait apparemment. Gynéco tous les 6 mois… En novembre, on lui trouve quelques “cellules pré-cancéreuses” ; rien d’inquiétant. Elle se plaint pourtant de maux de ventre très importants, qu’on met sur le dos de la ménopause (il n’est pourtant dit nulle pas que la ménopause provoque des maux de ventre !). Cependant, on lui recommande d’aller consulter dans un hôpital universitaire pour plus de sûreté, sans faire l’effort toutefois de lui obtenir rapidement le rendez-vous (ici, les temps d’attente pour un spécialiste sont souvent de plusieurs mois, mais peuvent être outrepassés en cas d’urgence, bien sûr). En mars, elle voit enfin ledit spécialiste et apprend qu’elle est en phase terminale, qu’il n’y a “plus rien à faire”. On ne tente pas de radiothérapie ni de chimiothérapie.

Quelqu’un peut-il m’expliquer comment l’on passe de cellulles pré-cancéreuses à la phase terminale sans transition et sans que rien ne soit fait entre-temps ? L’inertie du système ou l’incompétence de quelque médecin me semble ici incroyable ! L’évolution de ce cancer aurait été “inhabituelle” ou “atypique”… Étudiante en médecine, on ne m’a pourtant jamais appris qu’une maladie se présente invariablement de la même manière ; au contraire. Son mari et son fils ont d’ailleurs l’intention de porter cette histoire devant des avocats ; il me semble qu’il y a de quoi. Même si l’argent ne ramène pas encore les morts à la vie.

Chose certaine, elle laisse maintenant dans le deuil mon jeune cousin de 18 ans. En mars, elle avait espéré pouvoir réaliser le rêve de sa vie, qui aurait été d’aller en voyage en Italie. Son état de santé ne lui aura même pas permis ce dernier petit plaisir. Ces derniers mois ne lui ont sûrement épargné aucunes souffrances… Elle en aura tout de même profité pour se remarier avec le père de mon cousin et refaire son testament en sa faveur. Remords tardifs ? Désir de finir sa vie en paix avec elle-même ? Désir qu’il bénéficie d’une rente de conjoint survivant ? Résidus d’amour pour cet homme qui, depuis sa maladie, est aux petits soins avec elle ? On ne le saura jamais tout à fait… Un peu de tout cela, sûrement.

En tout cas, courage à J, M et toute la famille. On est avec vous.

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