Louise et l'haptonomie

par Dre Papillon

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Je suis allée garder Louise ce soir. De tous les enfants que je garde, elle est vraiment ma favorite. Peut-être tout simplement parce que c’est la première (les autres parents ont eu vent de l’existence de mes services de baby-sitting par contact et ricochet). Peut-être aussi parce que ses parents me semblent exemplaires, profondément aimants, chaleureux, et bien intentionnés. Ils pensent tout ce qu’ils font et tout ce qu’ils ont en fonction de leur gamine. Ils semblent sincèrement rechercher ce qu’il y a de mieux pour elle. Ils se dédient à lui donner une éducation irréprochable. En fait, ce sont des parents comme j’aimerais qu’Hoëdic et moi en devenions un jour… Peut-on vraisemblablement rêver d’un meilleur départ dans la vie ?

C’est aussi eux qui m’ont appris l’existence de l’haptonomie (vous savez, ce lien étrange qui apparaît dans ma colonne de gauche). J’ai d’abord su que c’est grâce à l’apprentissage de diverses méthodes haptonomiques que le papa de Louise a pu, tout au long de la grossesse, entrer en relation avec elle. En aposant ses mains sur le ventre rebondi, l’enfant à naître pouvait venir s’y loger et s’y nicher, se déplaçant littéralement en réponse à ce signe. Il s’agissait bel et bien d’une reconnaissance de son père ; si les mains étaient inconnues, l’enfant s’en éloignait au contraire. Pendant toute la vie intra-utérine, le père pouvait intervenir concrètement pour modifier la position du bébé afin de soulager le corps de la femme enceinte. Après un accouchement rendu plus harmonieux par ces techiques, Louise savait aussi déjà qui était son père, et inversement. Il n’y a rien de plus beau que cette véritable histoire à trois, où le papa aussi a sa place à part entière.

Mais cette “science” va bien au-delà d’une technique de préparaton à la naissance. C’est aussi, entre autres, une façon de manipuler l’enfant de façon à favoriser son bon développement physique ainsi qu’une confiance solide envers ses parents et le monde. Et en effet, Louise m’a toujours semblée être particulièrement tonique pour son âge, et interactive, et expressive.

Les enfants de l’haptonomie ont peut-être initialement plus de difficulté à se séparer de leurs parents. Je n’ai jamais eu autant de mal à garder un enfant, au début, qu’avec Louise. Des cris, des pleurs, des colères immenses, pleines de tension et sans fin. Et puis on a fini par s’apprivoiser… Et quelle récompense ! J’ai maintenant droit, alors qu’elle a un an, à ses mots, ses pas, ses dessins, ses sourires, ses rires, ses babillages, ses câlins ; bref, sa confiance… Aujourd’hui, elle m’a même gratifiée de son premier mot “pomme”. Merci à mon t-shirt de New York !

L’haptonomie permet en outre d’acquérir des techniques pour aider les autres face aux problèmes psychologiques, aux handicaps, à la maladie chronique, à la vieillesse et à la mort… Il s’agit de la “science de l’affectivité”, développée par Frans Veldman dans le contexte de la Seconde guerre mondiale. Le toucher et le contact physique, dimensions auxquelles Hoëdic m’a initiée et qu’il a su rendre primordiales dans ma vie, sont au coeur de cette philospophie visant à rejoindre l’affect humain. Ce me semble être une manière globale de mieux vivre, sur l’assisse d’un sentiment de sécurité profond, et de rétablir toute la dignitié de la personne.

Quand je serai médecin, je pense que j’irai faire une formation en France en ce sens. C’est tellement plus humain, humanisant et humaniste.

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