Bush et l'environnement (suite)

par Hoedic

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Pour faire suite au premier message sur ce même sujet :

Étant donné que certaines lois environnementales n’étaient pas faciles à révoquer aux vues de tous, avec des risques de réaction de la part des groupes de pression environnementaux, les stratèges de la Maison Blanche ont conseillé aux grandes firmes concernées par ces lois de porter plainte contre le gouvernement pour entrave à leur liberté de commerce. Ensuite, le gouvernement propose un règlement à l’amiable qui va se faire loin des yeux du public et même des groupes environnementaux. Un ex-dirigeant de l’EPA, Eric Schaeffer, explique à ce sujet les méthodes utilisées pour dissimuler autant que possible ces tractations.

Ce qui a récemment pointé de nouveau les projecteurs sur l’administration Bush et sa gestion environnementale, c’est la démission de Christine Todd Whitman, d’administratrice de l’EPA et ancienne supérieure hiérarchique d’Eric Schaeffer. Officiellement cette dame a démissionné pour consacrer plus de temps à ceux qu’elle aime dans le New Jersey. Officieusement, c’est parce qu’il lui était impossible d’appliquer la moindre mesure environnementale. Et pourtant, Madame Whitman était loin d’être considérée comme une granola (Écologiste acharné) mais plutôt comme une modérée qui savait tendre l’oreille aux besoins commerciaux.

Une fois partie, elle fut rapidement remplacée par Mike Leavitt, un homme de consensus de 52 ans, gouverneur de l’Utah, état considéré comme le second plus gros pollueur atmosphérique des US après le Nevada. Ce dernier a clairement affiché ses objectifs : déléguer la gestion environnementale au états américains et non à l’état fédéral (après tout, c’est une question locale l’environnement) et assouplir les lois environnementale pour permettre aux entreprises de s’autoréguler tout en conservant une compétitivité raisonnable.

Il est inutile de préciser que parler d’autorégulation environnementale des entreprises est une hérésie. Déplacer la gestion environnementale au niveau des états (et des provinces au Canada, puisque le sujet a également été abordé récemment) est un acte beaucoup plus insidieux. L’objectif est de mettre le niveau décisionnel à portée de main des entreprises. En effet, si une firme peut difficilement bousculer des lois fédérales, ça devient nettement plus facile lorsque les décision de prennent à un échelon plus bas. L’EPA a déjà des bureaux locaux dans chaque état et est capable de gérer les questions environnementales spécifiques à chaque région. Le but de donner la législation environnementale aux gouvernements locaux revient à leur permettre de mettre en place des zones franches environnementales tout en baissant considérablement les risques d’avoir des mouvements écologistes sur le dos.

Les directives fédérales et la nomination du nouveau patron de l’EPA n’ont pas tardées à se faire sentir. Récemment, le gouvernement a ainsi annoncé que le CO2 ne sera jamais considéré comme un polluant atmosphérique et en a modifié la loi sur les sols contaminés au BPC, ne rendant plus obligatoire l’assainissement des lieux lors d’une vente de terrain. Ceci bien entendu, dans le but de donne plus de flexibilité aux entreprises américaines qui font face à d’importantes difficultés. D’un point de vue environnemental c’est catastrophique puisque c’est un déni total de toute forme de régulation des émissions de CO2 et c’est permettre aux entreprises de ne plus se soucier des pollutions qu’elles engendrent sur les terres qu’elles exploitent. Ça va à l’encontre de toutes les politiques sensées en matière d’environnement.

Parallèlement, le gouvernement a tranché dans le budget de l’EPA, abaissant de 13% les capacités de financement, notamment dans les services liés aux poursuites en justice. Tout le monde sait que des mesures environnementales que l’on ne peut pas faire appliquer par la voie de sanctions civiles ou pénales restent bien souvent lettre morte. Cela ouvre donc la voie à tous les dépassements possibles.

Enfin, pour s’assurer que l’opinion publique ne risque pas s’en mêler, on propage des contrevérités en tout sens. C’est ainsi qu’une étude récente démontrait que le réchauffement climatique actuel n’était pas d’origine anthropologique. Cette étude, publiée par 2 astrophysiciens, a déclenché l’ire de toute la communauté scientifique dans laquelle règne depuis quelques mois un consensus fort sur la source humaine du réchauffement climatique. D’ailleurs, le responsable du comité de lecture de la revue dans laquelle est paru cet article a finalement démissionné, admettant que l’étude n’aurait jamais du être publiée car scientifiquement contestable. Cependant, le seul point qui reste aux yeux du grand public c’est que l’origine humaine du réchauffement climatique n’est pas encore certaine. Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose !

En maintenant volontairement la confusion sur ce sujet, l’administration Bush se laisse le champ libre pour défaire des contraintes énormes pour certaines entreprises américaines, le tout grâce à des manipulations bien orchestrées !

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