La demande d'emploi

par Dre Papillon

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Pas facile d’être au chômage… Surtout dans un monde où une personne définit principalement son identé par ce qu’elle fait, par son travail. Bien que n’ayant jamais vraiment vécu une telle situation (et je ne la connaîtrai vraisemblablement jamais), je me sens très solidaire d’Hoëdic dans toutes ses démarches et tentatives. Je vis ses espoirs, ses déceptions, ses frustrations, ses questionnements… Et Dieu sait qu’il y en a quand on est à la recherche d’un boulot. C’est comme la vie en accéléré, et l’humeur ne peut que suivre ces montagnes russes.

Le Québec me déçoit beaucoup dans sa façon de l’accueillir, lui, diplômé, jeune, beau, poli comme on n’en fait plus… Je ne sais pas s’il s’agit d’un racisme latant à l’évocation de son nom de famille, qui ne fait pas partie des 4-5 communément en usage au Québec (Tremblay, Bouchard et cie) ou à l’écoute de son accent d’un français international impeccable (il ne laissera malheureusement jamais s’échapper un malencontreux “tabarnac” en plein milieu d’une réunion…). Je ne sais pas si c’est une peur de l’étranger plus profonde, une inquiétude envers une formation autre que celle offerte par l’UQAM ou l’Université de Montréal (jamais entendu parler des classes préparatoires ? Un Québécois mourrait si on le mettait là-dedans, moi la première !). Je ne sais pas si c’est une haine ancestrale du “maudit Français” (vous ne savez pas que mon Hoëdic travaillait, à Paris, tous les soirs facilement jusqu’à 21-22h ? Ça vous en bouche un coin, hein ? Le mot “travaillant” prend toute sa signification, d’un coup !).

Peut-être qu’il y a un peu de situation économique défavorable, pas idéale. Un retard à la prise de retraite des baby-boomers. L’explosion encore récente de la bulle spéculative entourant informatique. Des problèmes dans tous les domaines qu’Hoëdic pourrait toucher de près ou de loin : téléphonie mobile, ingénierie automobile, informatique, environnement… Le taux de chômage à 10 %. Bon sang, le Québec n’est donc pas capable d’accueillir un jeune immigrant considéré comme l’élite intellectuelle de son pays d’origine, tellement il est saturé ? Il faut fermer les vannes de l’immigration immédiatement !

Certes, Hoëdic n’a pas encore 10 ans d’expérience, mais il en va de même pour tous les nouveaux diplômés d’ici. Aucun ne trouve donc sa place ? Certes, il n’a pas non plus encore un réseau qui le lie à tous les PDGs de la province, mais tout le monde en a-t-il vraiment un (moi non, en tout cas) ? Je pensais même qu’il y avait moins de “piston” ici qu’ailleurs.

Surtout, il ne sait pas trop encore ce qu’il veut faire. Mais est-ce un crime de lèse-majesté que de se chercher une voie dans la vie ? Rares sont les gens qui peuvent se targuer d’avoir depuis la période des couches aux fesses une passion et un objectif de carrière. Nombreux sont ceux qui, surtout au sein de la gente masculine (ne me demandez pas pourquoi), se choisissent un programme d’études comme une feuille morte vogue sur un lac en automne.

En tout cas, j’espère que ça va s’améliorer, sinon il va falloir s’en aller. Parce que je ne veux pas dire, mais le système de santé québécois actuel ne donne pas trop envie de s’y attarder non plus… Mon oncle est à la limite du surmenage, si ce n’est déjà fait ; il est sûrement le dernier généraliste qui accepte encore de nouveaux patients dans sa banlieue et toute la région avoisinnante. Entre la clinique privée, les hospitalisations, la clinique externe, les remplacements, les gardes, et mon grand-père lourdement handicapé qu’il maintient à domicile, ils vont me le déchirer en mille miettes. Il est de ses âmes saintes et généreuses qui passent inaperçues dans leur sacrifice…

[P.S. J’ai changé mon titre, en référence à une pièce de Michel Vinaver.]

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