Toucher l'infini

par Dre Papillon

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L'île d'Houat

Hoedic et moi, je l’ai déjà laissé entendre, nous sommes connus par l’intermédiaire d’une petite “communauté” sur Internet qui s’est formée autour de la lecture de la trilogie des Fourmis (Bernard Werber). Un livre qui change la vie, radicalement…

J’avais 14 ans quand j’ai lu le premier tome, sur les conseils avisés de Jean-Philippe [s’il avait su l’impact que cela aurait !]. J’ai alors fait une petite recherche avec pour mot-clé le terme “fourmis”, et je suis tombée sur un site réalisé par B, un Nantais de mon âge. C’est alors la première extase d’avoir un correspondant dans un pays aussi lointain…

J’apprends enfin ce qu’est le fameux “lycée” (dont le mot apparaît dans certaines de mes lectures sans que j’arrive à donner un âge aux personnages…), où se trouve la Bretagne (un pays ? ah non ? c’est pas en Grande-Bretagne ? ah bon…), etc. Après le mail vient la découverte d’ICQ (oui, ce sont mes débuts sur Internet, en même temps) et de l’IRC, avec #fourmis. C’est là que j’apprends à connaître et aimer profondément (encore aujourd’hui) tout ce beau monde, surtout des Français mais aussi quelques Québécois.

Petit à petit se forme en mon esprit le projet fou d’aller voyager en France, ce pays que j’ai appris à connaître et à aimer, par le truchement des mots de ses habitants IRCéens. J’ai 15 ans, mes parents sont trop sédentaires… Alors je m’inscris, sagement, au voyage de groupe organisé par mon école.

Mais la folie grandit en moi et sur un coup de tête, je décide à la fin de l’année d’annuler mon inscription. Après tout, avec l’argent que j’ai mis de côté, je peux avantageusement organiser mon voyage moi-même et choisir chacune de mes destinations, ainsi que mes gentils hôtes ? Je ne pense même pas que ce changement puisse importuner mes parents. En fin de compte, il aura fallu bien me battre avec eux pour obtenir le droit de partir seule, l’été de mes 16 ans, pour un mois. J’avais alors un petit ami, Québécois, qui a constitué mon argument-massue final : il m’accompagnera pour la dernière semaine de ce périple. Les parents consentent, à défaut d’être complètement rassurés.

À moi la France ! Le voyage s’organise petit à petit : Nantes avec Hoedic, Marseille avec B et A-F, Monaco avec R, et Paris chez Leeloolène. Un programme exaltant…

C’est ainsi qu’un certain 19 juillet 1999, même pas un mois après son opération à l’épaule, je me retrouve nez à nez avec Hoedic, que j’ai du mal à retrouver sur le quai de la gare de Châteaudun. Il faut voir que je n’avais en ma possession qu’une unique photo de lui, sur laquelle sa main cachait le bas de son visage. Comment pouvais-je deviner qu’il portait la barbe ? (Je me surprends alors à me demander la sensation que cela peu faire, d’embrasser cette bouche…)

Est-ce romancer le passé que de dire que son regard m’a déjà raviné le ventre et ravagé le coeur ? Chose certaine, nous passons une semaine idyllique à faire la tournée des châteaux de la Loire, et un ricochet sur l’île de Houat (jumelle non identique de la véritable île nommée Hoedic !), allant jusqu’à y passer la nuit sous la tente.

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L'île d'Houat bis

Puis, c’est le départ pour la Provence, Marseille, Nice et Monaco. J’oublie malencontreusement mon blouson à Nantes, ce qui obligera Hoedic à venir se joindre à nous à Paris…

Paris, la ville-lumière. Mon copain du moment me rejoint. Il ne m’a pas manqué un instant, sa présence dans mon rêve-réalité m’irrite. Un jour d’éclipse totale du soleil, à Fécamp, je finis par le plaquer définitivement, à son grand dam… Il faut voir que ça ne se fait pas vraiment, de gâcher ainsi le voyage de quelqu’un.

L’apogée de mon séjour se situe dans les tout derniers jours de ma présence à Paris. Hoedic et moi nous baladons dans le jardin des Tuileries, visitons le Louvre, presque déjà complètement amoureux l’un de l’autre… La nuit précédant mon départ, le logement chez Leeloolène se complique par le grand nombre de ses invités ; je me retrouve dans son salon, avec Hoedic, et ce qui devait arriver arriva. Je finis par céder, sous la douceur infinie de ses mains, à cette folie de voyage qui consiste à tomber éperdument amoureuse… L’avion du retour étant retardé de 24h, notre courte relation a connu un sursis avant de s’achever brutalement.

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Le balcon de Leeloolène

Le retour à la réalité est dur. Mes parents se sont séparés pendant mon absence. Que faire maintenant, sinon organiser la poursuite de mes études en France ? Car il est impossible d’oublier ce qui s’est passé…

Voilà notre petite histoire. C’est celle d’un amour transatlantique, pas toujours simple, mais tellement enivrant, comblant.

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