Le vilain défaut !

par Dre Papillon

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Bon, c’est pas la fête en ce moment. Et c’est pas très motivant pour écrire. Les projets futurs auxquels j’essaie de me raccrocher, et même les plus petits projets, jusqu’aux plus futiles, rien n’y fait. L’humeur et l’ambiance sont moroses.


J’ai acheté une belle pousse de bambou aujourd’hui. C’est censé porter chance. Je ne l’ai pas achetée pour ça, bien entendu, mais peut-être que ça peut aider ?


Histoire de me complaire dans mon état actuel, je vais essayer de m’auto-psychanalyser un peu. C’est que je vais avoir à outre-passer, dans les mois à venir, un de mes plus gros défauts, ou à tout le moins un des aspect les plus tordus de ma personnalité.

Alors voilà. Il y a une chose qui me dérange au plus haut point, depuis presque toujours. C’est que tout soit toujours tellement trop long. Un primaire de 6 ans, c’est trop long. Un secondaire de 5 ans, c’est bien trop long aussi. Qu’est-ce que je m’emmerde depuis tout ce temps… Il n’y a qu’à 19 ans que j’aie cessé de m’emmerder, quand je suis entrée en médecine et que j’ai enfin commencé à apprendre et à faire ce qui me passionne vraiment. Et encore…

Je suis impatiente de la vie, la vraie. De ne plus être une charge pour les autres. De ne plus avoir toujours la même chose à faire à chaque instant. Un étudiant, même quand il ne fait rien, n’a jamais l’esprit tranquille. Jamais. Il devrait toujours être en train… d’étudier (ben oui). Alors, même s’il ne le fait pas, il est instamment talonné par les remords. Autrement dit, les études, c’est gavant. (Et épargnez-moi les “Attends de travailler, tu vas voir, les études sont en fait les meilleures années de la vie”… : ça ne marche pas chez moi ça.) Je meurs d’impatience, donc, de passer à autre chose enfin.

Un aspect qui a été très dur pour moi en France fut d’entrer en 1ère plutôt qu’en Terminale directement (c’est pas faute d’avoir essayé). Le cursus français est un an plus court, et même si c’était normal pour moi (scolairement parlant) d’aller en 1ère, j’étais plus vieille que les autres dès le départ. Sans compter que presque tout le monde avait un ou deux ans d’avance. Qu’est-ce que j’ai pu être jalouse (le suis-je toujours d’ailleurs ?) de tous ces Français qui ont la chance d’avoir un peu d’avance ici ou là. Sans compter que le lycée est plutôt infantilisant en soi, à côté du cégep que j’aurais fait ici… Alors mon séjour en France a sûrement contribué à bien aggraver mon complexe.

Pourquoi tant d’urgence à vivre ? Je ne sais pas, je sais bien qu’il n’y a aucune urgence, mais je n’arrive pas à m’en convaincre profondément. Je suis intransigeante, je ne veux faire aucun compromis, je n’arrive pas à attendre paisiblement. J’ai bien dit que c’est une obsession, ça ne se contrôle pas. Et ça n’a rien à voir avec le fameux syndrome “le futur sera meilleur et parfait”, futur perpétuellement inatteignable, idéalisé, etc. Ce n’est pas du tout ça. C’est autre chose.

Buter, perdre du temps en cours de route - voilà qui me rend horriblement malheureuse. En réalité, la seule évocation de cela m’est douloureuse, puisque je n’ai jamais vraiment “trébuché”. Je n’ai pas doublé d’année, mon parcours est d’une plate normalité linéaire.

Eh bien non, je ne suis pas satisfaite pour autant. Il est bien là le problème. Même le parcours le plus normal ne me convient pas : il est encore beaucoup trop long pour moi. C’est peut-être en m’approchant de la fin que l’impatience se met à gronder de plus en plus fort en moi…

Or, je dois éventuellement me faire à l’idée de reculer de plusieurs années, d’en perdre.

Alors, je dois défaire des noeuds emmêlés, quasi inextriquables, pour essayer d’affronter cela le plus sereinement possible. Et apprendre à me nier moi-même, pour un temps, à me mettre entre parenthèses du monde et de ma propre vie.

Peut-être que mon marin pourra m’aider…

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