Guérir

par Dre Papillon

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Nous avons assisté hier à une conférence donnée par David Servan-Schreiber, à l’UdeM.

Le monsieur est très impressionnant. Si j’ai bien compris, il a fait plusieurs années de médecine à Paris, et a finalement obtenu son diplôme à l’Université Laval près de Québec. Il a fait sa résidence en psychiatrie à Montréal, au Royal Vic, affilié à McGill. Il est fellow de Carnegie Mellon et Ph.D en sciences neurocognitives. Il aurait refait sa résidence en psychiatrie à Pittsburg pour pouvoir pratiquer aux USA, où il enseigne maintenant, de même qu’à Lyon. Il a aussi pratiqué pendant plusieurs années avec Médecins sans Frontières, dans différentes régions du globe.

En outre, il présente bien, fait sérieux, est tout à fait articulé.

Il nous a surtout parlé du contenu de son livre, Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse, un très gros vendeur du moment. En gros, il s’intéresse beaucoup aux méthodes dites de “médecine naturelle”, celles qui ont été prouvées et éprouvées par des études rigoureusement modernes (essais cliniques randomisés en double aveugle…). Qui marchent et qu’il applique avec ses patients. Son curriculum fait qu’on ne peut que le prendre au sérieux. Idem pour ses sources bétonnées, du Lancet, du New England, de Science, de Nature, etc.

Sa présentation laissait bien sûr beaucoup de latitude, histoire qu’on aille lire son livre (pas fou). Je suis un peu restée sur ma faim et mon scepticisme n’a pas été complètement dissipé.

Tout de même, j’en suis ressortie convaincue par le fait que les grands déprimés parmi mes proches devraient prendre des suppléments d’oméga-3. Je leur conseille également vivement de pratiquer davantage la relaxation, voire de se mettre au yoga, et l’exercice physique sans restriction (pour son effet sur la dépression, en plus des autres, bien connus - poids, métabolisme). J’ai aussi envie de procurer à ma dépressive saisonnière de maman une lampe de chevet-réveil simulatrice de l’aube.

Le Dr. Servan-Schreiber a aussi semblé valider l’effet de l’acupuncture.

Sans oublier de conclure en nous rappelant que l’essentiel demeure dans des relations humaines et affectives comblantes, et la sensation d’utilité que l’on a en s’inscrivant dans une communauté. Cette conclusion m’a beaucoup touchée, car tant de personnes sont déprimées parce qu’elles ont bien raison de l’être : chômage, rupture amoureuse, échecs divers, traumatismes… Là encore, il existe des solutions d’aide pour améliorer la communication et la gestion des conflits. Il existe aussi une méthode de guérison qui semble marcher, basée sur les REM (rapid-eye movement), comme dans les rêves…

Beaucoup d’évidences, donc, mais qu’il est toujours bon de se rappeler. Même si, au final, on a l’impression qu’il n’y a pas là de solution miracle aux maux de l’humanité occidentale, tellement ancrés dans le mode de vie contemporain et industriel, bien peu producteur d’harmonie et de bien-être (de toute évidence).

Tout ceci n’est pas sans me rappeler les cours que j’ai reçus sur les médecines alternatives, avant Noël. Décidément, toutes ces méthodes ne sont pas bonnes à jeter à la poubelle et auraient avantage, au contraire, à être intégrées à la médecine conventionelle. L’hypnose semble une excellente méthode d’anesthésie (en vue d’une chirurgie) et de suppression de la douleur, par exemple. L’important est de bien discnerner le charlatanisme des méthodes valides, par des recherches qui commencent seulement à être subventionnées et à avoir lieu !

Pourquoi tant de résistances à leur application en médecine ? Peut-être parce que souvent, elles semblent trop basiques, évidentes, ennuyantes. Et pas que pour le médecin. Relaxer, bien manger, faire de l’exercice… Ce sont des conseils que tous les médecins font déjà à leurs patients. Et ce n’est pas facile de les mettre en application. Ni rapide. Ça demande des changements profonds dans le mode de vie, que tout le monde n’est pas prêt à faire. Les gens veulent continuer à vivre comme ils vivent (i.e. mal) MAIS sans en subir les conséquences physiques et émotionnelles. Quand ils vont chez le médecin, souvent, ils veulent une solution magique, pas se faire dire de changer leur vie. Le médecin commence à parler de sport, d’alimentation, et le patient bâille en disant que pour lui, ça ne marche pas, qu’il faut une solution plus radicale à son problème. Une pilule, de préférence. Bref, il ne faut pas croire que les médecins sont la seule cause de la médicalisation généralisée de tous les états. La demande est là, bien réelle et pressante. Et les pilules peuvent effectivement aider pour vrai, à défaut de régler le problème.

Une autre très bonne ressource, sérieuse, en matière de médecines alternatives.

Je ressors de cette conférence avec une certaine hâte d’entamer mon cours du psychiatrie, une fois celui de neuro bien ancré et acquis. C’est vraiment un domaine où j’ai envie d’en savoir plus, de savoir réellement comment le corps médical nous incite à approcher les problèmes psychiatriques. Mes connaissances se résument à presque rien, juste un peu de psychologie. Comme le fait qu’il faut sentir qu’on a un minimum le contrôle sur sa vie pour se sentir bien.

Il faudrait bien que je lise le Spinoza avait raison, de Damasio, aussi.

Et puis je pense que je vais continuer de m’intéresser aux médecines douces, comme à l’haptonomie ou à la méthode Pilates (sur laquelle je viens de me procurer un livre)…

Chose certaine, le Dr. Servan-Schreiber fait figure de modèle pour moi. Il m’a un peu réconciliée avec la médecine et avec mes projets pour les années à venir. C’est beaucoup de travail, c’est décourageant, mais ça en vaut tellement la peine !

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