Paris, Dauphine

par Dre Papillon

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Non, je ne parle pas de la jolie place de même nom dans la Ville Lumière.

Je parle de la fac, Paris-IX, je crois, pour être précis.

Avant toute chose, il faut absolument lire cet article du Monde, même s’il est d’apparence assez sobre.

Avec tous les débats actuels sur les frais de scolarité au Québec, j’ai eu l’occasion de me rappeler certaines différences avec le système scolaire post-secondaire français (que je n’ai jamais fréquenté) et d’en tirer certaines conclusions.

Je rappelle, pour l’histoire, qu’une des raisons de ma fuite en douce de la France était une non-envie fulgurante de me retrouver dans l’arène féroce de la P1. Désolée, c’est pas dans ma culture et je ne me suis jamais fait à l’idée (et ce n’est pas que je ne m’y préparais pas mentalement depuis le secondaire 3). Je me rappelle même en avoir parlé avec Xorph, à l’époque, qui trouvait que “j’aurais les reins assez solides”. Le moment venu, j’ai jugé que non. Bref…

En fait, ce que je n’ai jamais vraiment intégré du système scolaire français, c’est cette nécessité si absolue qu’à la fac, il n’y ait jamais aucun frais de scolarité et surtout, aucune sélection à l’entrée. C’est un dogme. Ce serait absolument nécessaire pour garantir l’universalité et l’équitabilité de l’accès à l’éducation. D’ailleurs, si quelqu’un pouvaient m’en expliquer au moins le bien-fondé, parce que moi, je n’en vois que les effets pervers. Quand j’essaie d’en discuter avec des étudiants français, ils me ramènent toujours cet “argument massue” (que je ne comprends toujours pas) pour refuser toute évocation de changement. Et on me répond (c’est un comble) que ce que je dis est trop élitiste.

Il faut ainsi impérativement que tout le monde soit admis à l’université, simplement sur base de la possession du bac français. Quitte à, en médecine par exemple, éliminer 80 % au bout d’une année (tu parles d’un prix à payer !). En quoi serait-ce si terrible de sélectionner avant ? Pourquoi les Parisiens, pour la médecine du moins, ne peuvent-ils même pas choisir la faculté qu’ils fréquenteront ? (Ils peuvent seulement s’assurer de ne pas en fréquenter une certaine, en ne la mettant pas dans leurs 3 choix…) En quoi serait-ce si terrible qu’une faculté soit meilleure que les autres, que les meilleurs étudiants veuillent y aller et que l’accès en soit plus malaisé (la répartition se fait en ce moment de façon à ce qu’il n’y ait point trop de mentions TB au même endroit) ? En quoi serait-ce si terrible de laisser les gens aller étudier dans la ville qu’ils veulent (à l’heure actuelle, on ne peut changer de région qu’avec une bonne raison, comme un déménagement familial… ou une bidouille).

Pourquoi la sélection universitaire est-elle si contestée dans la population française ? N’est-ce pas ridicule de penser que Paris-Dauphine était totalement “illégale” en sélectionnant ses étudiants ? Et encore plus ridicule de voir que la solution au problème est de la “changer de catégorie” : hop, c’est plus une fac, c’est devenu un “grand établissement” ! Le problème est réglé. Pourquoi est-ce que seule Dauphine a le droit d’avoir un projet particulier, scientifique et pédagogique, et un rayonnement international ? Pourquoi toutes les autres facs françaises ne pourraient aspirer à en faire autant ? Pourquoi ne pas oser rêver de mieux ?

Pourquoi crier à l’abomination de la sélection, alors justement que la France est le pays qui sélectionne le plus ses élites ? On peut aller jusqu’à dire qu’il n’y a tout simplement pas d’élite au Canada, qu’on ne sait même pas ce que ça veut dire. En France, il y a une élìte, et elle est “légèrement” sélectionnée : ENA, ENS, Sciences-Po, Ponts et Chaussées et cie.

Parce qu’en l’état actuel des choses, les facs françaises n’ont vraiment pas la cote à côté de ces système parallèles fort peu accessibles et formidablement élitistes. Et c’est bien dommage. L’absence de sélection des étudiants à la fac me semble une aberration. Tout le monde ne peut pas faire des études universitaires - n’en a pas forcément les capacités, pour diverses raisons.

En sélectionnant un peu, l’État français investirait moins d’argent dans des étudiants qui ne sont pas eu bon endroit, qui ne s’inscrivent que pour avoir une carte étudiante, à la limite. Les études et l’orientation se feraient moins au hasard et avec moins de désinvolture. Et au lieu d’avoir 1000 personnes dans un amphi de P1 (avec la qualité de l’enseignement que l’on imagine), les étudiants qui sont effectivement au bon endroit pourraient bénéficier d’un enseignement de bien meilleure qualité.

Enfin, je réitère ma question : si quelqu’un pouvait m’expliquer un peu en quoi c’est si bien de ne sélectionner personne, en ce pays de la sélection… Ce serait bien apprécié.

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