American Beauty

par Dre Papillon

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Ils sont plusieurs à s’être extasiés, il y a un certain temps, sur ce dossier de Radio-Canada portant sur les banlieues.

Alors j’ai eu envie de vous parler de ma banlieue, Repentigny, où j’ai vécu la seconde partie de mon enfance ainsi que mon adolescence. D’ailleurs, ma maman et mon frère y résident toujours.

Qu’un adulte choisisse, en toute connaissance de cause, de s’installer dans une banlieue, pour pouvoir bénéficier d’une vraie maison à un prix raisonnable, je peux le concevoir - difficilement, mais je le peux. Que certaines personnes ne soient pas plus dérangées que ça de devoir perdre des heures et des heures de leur vie sur des autoroutes et des ponts, dans le trafic, m’est encore plus difficile à imaginer, mais c’est presque encore possible.

Simplement, je ne pourrais jamais perpétrer personnellement un tel choix. Pour avoir “découvert la vie” à partir d’une banlieue, je peux témoigner que c’est tout de même quelque chose. C’est un univers totalement limité et étroit. Le monde entier se résume à cette ville-dortoir où les gens mangent, dorment, se baignent (la piscine est un élément très important, dans la cour de chacun) et surtout, magasinent (le centre commercial, même tout pourri, constitue bien sûr le centre névralgique de la cité). Rien n’est fait pour les piétons ; il vaut mieux être une voiture (et devenir obèse).

D’ailleurs, sur le plan de la consommation, le choix est malgré tout tellement mince que j’ai longtemps cru que j’avais des pieds complètement difformes et anormaux que je n’arriverais jamais à chausser dans autre chose que des souliers pour handicapés…

Sur le plan (inter)culturel, on a la chance de côtoyer des gens résolument identiques à soi-même, i.e. des blancs. Au point que (je sais je la répète souvent celle-là ;) tous les Asiatiques étaient pour moi des attractions et des petites Chinoises adoptées.

Quand on n’a pas la chance d’habiter le super quartier tout neuf qui vient juste de pousser comme un champignon, tout en y ayant des amis, on se fait rabrouer régulièrement parce que ces magnifiques quartiers aux maisons couleurs pastel délavées, c’est bien mieux qu’ailleurs, il n’y a pas d’arbres pour cacher le soleil.

Quand on s’égare chez ses petits amis, on remarque hébété que leurs parents zieutent les étiquettes des vêtements que l’on porte, et ce, bien avant qu’aucune conscience de la mode ne soit implantée dans notre esprit enfantin.

Et on a vite fait de découvrir la compétition qui existe entre voisins. Pour la plusse belle pelouse verte. Pour le plusse mieux nouveau char sport. Pour avoir chacun sa table de billard au sous-sol. C’est sans fin.

Bref, comment dire ? Repentigny, comme banlieue, ça n’a vraiment pas d’âme. Surtout depuis la fermeture de l’hôpital et l’ouverture du beau cinéma à Lachenaie. Repentigny péréclite. Après n’avoir jamais été fantastique, il faut l’avouer… Que dire de la rue Notre-Dame sinon qu’elle nous donne la nausée ?

Après ça, je ne cracherais pas sur la vie à L’Assomption ou à Terrebonne (la vie au complet, en admettant que le boulot s’y trouve), par exemple, qui ont déjà bien plus l’âme de véritables petites villes, complètes et uniques. Avec une ancienne partie qui nous parle, un théâtre, des activités particulières, quelques restos dignes de ce nom, un peu de vie, zut à la fin !

Que je n’entende plus personne vanter Repentigny, comme je l’ai vu dans La Presse ce printemps…

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