Cauchemar

par Dre Papillon

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Quand Hoedic fait des rêves (et il en fait beaucoup, et souvent), on peut régulièrement y retrouver des éléments de sa journée précédente ou de sa vie récente.

Dans les miens, tout est décousu et incompréhensible. Ça ressemble souvent à un film d’action qui n’a rien à voir avec moi, ou avec ce que je suis vraiment. Il y a seulement après le bac, quand j’attendais les résultats avec appréhension, que je cauchemardais tous les soirs que ce n’était qu’un “bac blanc”, que tout était à recommencer, que j’avais 3 en maths, etc, etc.

La semaine dernière, il faut croire qu’un élément m’a suffisamment marquée dans une journée pour que j’en rêve la nuit suivante. Ainsi, je lis tous les jours le blog de Lou, enfant différent et aveugle ; ce jour-là, son père décrivait comment il avait assis Lou sur le comptoir de cuisine afin que l’enfant puisse percevoir la fenêtre, la texture du mur… C’est aussi ce jour-là que j’ai fini de lire Le chant du monde, de Jean Giono, où on trouve le personnage de Clara, aveugle et qui ressent le monde autrement. C’est le même jour encore où, plongée dans mes révisions de cardio, je suis allée chercher sur Internet des informations sur la rétinopathie hypertensive et la rétinopathie diabétique.

Un drôle de rêve a découlé de cette récurrence de thème dont je ne m’étais pas aperçue, éveillée. Dans mon rêve, j’ai d’abord découvert que notre chatte, Bagheera, était aveugle. Jusque là, rien de trop irréaliste, plutôt de réelles peurs profondes. Notre chatte a effectivement des cataractes congénitales dans les yeux et on a eu peur, pendant plusieurs mois, que ça évolue et la rende aveugle. Le ton du rêve était donné et je me sentais emplie de pitié devant cet animal aveugle et sans défense, qui pourtant ne se débrouillait pas trop mal. Puis, le rêve a évolué, et l’aveugle n’était plus mon chat mais ma mère. On est une coche plus loin dans l’échelle de la tristesse. J’allais donc tous les week-ends chez elle pour faire tout ce qu’elle ne pouvait plus faire seule. Encore plus loin dans le rêve, ce n’était plus ma mère, mais Hoedic qui était devenu aveugle. Plongée dans une tristesse infinie, je regardais mon amoureux en ne sachant comment réagir. Le coeur serré de peur, je voulais le protéger des malheurs qu’il encourait en manipulant un couteau de cuisine, mais je ne savais comment le faire délicatement.

Ensuite, il est allé essayer de chercher un boulot malgré sa non-voyance. Il essayait d’expliquer au recruteur qu’il n’était pas utile de pouvoir voir, pour ce poste. Le recruteur faisait semblant d’agréer, mais je voyait bien à son expression que c’était n’importe quoi. D’ailleurs, quand Hoedic s’en est allé, j’ai assisté à la rencontre du recruteur et d’une autre demandeuse d’emploi, qui portait de grosses lunettes en fond de bouteille. Le recruteur lui a expliqué fermement qu’avec de tels problèmes de vision, ce n’était bien évidemment pas la peine d’espérer…

Un rêve auquel la mélancolie collait de près. Je me sentais bien désemparée en émergeant de ça, au milieu de la nuit.

C’est très complet comme rêve, ça parle beaucoup de moi. On voit très nettement mon “anxiété de séparation”, ce mauvais-sang maladif que je me fais sans arrêt pour les personnes que j’aime le plus. Inquiétude au moindre retard, à la moindre absence de nouvelles, que je refoule pour ne pas en être étouffante mais qui me pourrit un peu la vie quand même. Inquiétude qui me poursuit la nuit dans mes cauchemars…

On voit bien également comme je ressasse le diabète et le glaucome de ma maman, maladies qui compromettent vraiment, petit à petit, sa vision…

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