Je viens de terminer un petit pamphlet sur l’économie libérale et ses illusions, Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles.

Le nom est assez explicite. En tant que lettre ouverte j’ai déjà vu plus rigolo mais le fond n’en demeure pas moi juste, malheureusement ! Rappelez-vous de la citation décapatante que j’ai mis récemment sur le blog, elle était tiré du premier chapitre de ce livre, histoire d’ouvrir le bal.

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Lettre ouverte aux gourous de l'économie qui nous prennent pour des imbéciles

Ensuite, il “démontre” (en fait il rappelle des découvertes assez anciennes) comment la loi du marché, celle de l’offre et de la demande n’a rien d’un système qui produirait le plus de richesse comme le disent tous les économistes. En réalité, c’est surtout un système fondamentalement instable basé sur l’anticipation du futur, bref quelque chose d’impossible en soit.

Il donne aussi l’exemple de quelques milliardaires et super-économistes qui ont perdu une partie de leurs bas de laine en croyant avoir trouvé une méthode infaillible de faire de l’argent, démontrant ainsi que même les meilleurs s’aveuglent avec leurs théories et oublient les fondamentaux du marché : c’est imprévisible et quelque soit les méthodes de couverture et de sur-couverture des risques, d’analyse des tendances et autres, on ne peut rien prévoir.

L’auteur explique ensuite en quoi Camdessus, ex-directeur du FMI et qui a récemment sorti un rapport sur l’état catastrophique de la France, et Trichet, actuellement à la tête de la Banque Centrale Européenne sont des rigolos qui n’y connaissent rien. En quoi, à chaque fois que le FMI a injecté des milliards dans un pays, celui-ci a fini en banqueroute et dans le sang juste après. Petite citation de Camdessus qui vaut le détour aussi : « L’équipe des économistes du FMI est certainement la meilleure du monde, parce qu’il est normal que le monde s’offre ça. (…) Nos recommandations étaient les bonnes, mais elles ont été mal appliquées. » Les recommandations obligatoires pour avoir les milliards proposés par le FMI étant de tout privatiser, de tout rendre plus flexible et transparent. Le résultat fut le chaos, la disparition du tout service public dans des pays au bord du gouffre et déjà instables et souvent une partie de l’argent détourné par les mafias locales (sans parler des effects de boule de neige amenant les capitaux à fuire vers des marchés moins risqués et ruinant encore plus ces pays).

Ce qui me chagrine un peu dans ce livre, c’est qu’il est difficile de comprendre où il veut en venir. La démonstration de l’instabilité des marchés ne prend que le premier tiers, le reste s’attaque au comportement des économistes, les vrais, qui souvent savent ce qu’est le marché, mais qui officiellement soutiennent les thèses les plus simplistes. Le malheure, dans tout ceci, c’est que ce sont les moins connaissants qui guident et conseillent les politiques et les industriels. Le seul qui semble recueillir un peu d’estime de l’auteur étant notre DSK national.

Plus globalement, il fait beaucoup de références aux grands auteurs économistes ce qui ne rend pas toujours la compréhension facile, d’autant que la tournure de ses phrase n’est pas des plus évidentes.

Je retiens tout de même un paragraphe du dernier chapitre :

Savez-vous que plus l'eau devient rare, dégueulasse, donc chère, plus les hommes s'«enrichissent» dans votre système ? Que plus le monde est empoisonné, plus il est riche, par simple effet de rareté ? *Ô miracle de l'économie politique libérale qui sut transformer le mal en bien, le déchet en produit, appelant blanc ce qui était noir et richesse ce qui n'était que misère*

Ça me fait penser à une conférence à laquelle j’ai assisté où un économiste spcialisé en environnement essayait de nous expliquer en quoi il était préférable de laisser le libre marché résoudre les problèmes environnementaux. Pour ce faire, il a essayé de nous démontrer que, grâce à la mise en place de “permis de polluer échangeables”, les firmes propres auraient un avantage compétitif par rapport aux autres, car n’ayant pas à payer le permis, et que ceci amènerait toutes les entreprises à devenir propre.

Quand on sait que nombre d’entreprises préfèrent payer des amendes de manière régulière plutôt que se mettre en règle au niveau environnemental, on peut mettre ces propositions en doute.

Le marché de l’environnement au Canada représente 18G$CA alors qu’aux USA c’est 258G$CA. Il n’est bien entendu pas question de couper cette manne en demandant aux sources de pollution de rejeter moins de déchets et de polluants, ça mettrait des gens au chomage, c’est mal pour l’économie. Enfin bref, ceci pour confirmer que plus le monde est empoisonné, plus il est riche. C’est un effet systémique, qui est donc inévitable dans le système néolibéral.

Tout ceci revient à dire que les glands qui passent leurs journées le nez sur les charts à s’astiquer la nouille pour gagner quelques dollar ont toutes les chances de finir par se planter à un moment ou à un autre. Ça veut également dire que les grandes gueules qui disent que le marché est la meilleure solution car elle créée le plus de richesse mentent, et souvent en toute connaissance de cause. Ça veut enfin dire qu’en matière de protection de l’environnement et d’émergence des pays en voie de développement, on va droit dans le mur.

Et qu’y pouvons-nous ?

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