Bureaucratie hospitalière

par Dre Papillon

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Ma mère doit subir une chirurgie cet automne.

Je suis fascinée devant la lourdeur administrative et le peu d’efficacité de l’hôpital où va se dérouler l’intervention.

Elle a d’abord rencontré le chirurgien. Vu ses maladies chroniques (diabète, hypertension, etc.), elle s’est vu conseiller de revenir à l’hôpital un autre jour pour des prises de sang et divers autres tests et analyses de laboratoire (radiographie pulmonaire, ECG…). Après tout cela, ma mère reçoit un appel fixant son RDV pour l’opération.

Au téléphone, ma mère demande à l’infirmière ce qu’elle doit faire le jour J. On sait qu’il faut être à jeûn pour une anesthésie générale, pour éviter les pneumonies d’aspiration. Mais elle se demandait - légitimement ! - si elle devait ou non prendre ses médicaments quand même, ou lesquels, sachant que certains doivent se prendre en mangeant. Et elle se demandait aussi comment ça allait se passer pour elle de rester à jeûn pendant tout ce temps - car les périodes de jeûne sont des choses très délicates chez les diabétiques.

(Ah oui, je ne vous ai pas dit, mais il font venir tout le monde pour 7h le matin, et il se peut qu’il faille attendre toute la journée, voire qu’on ne passe pas ce jour-là, selon la lourdeur des autres cas, etc. Donc le jeûne peut vraiment être très long !)

Là, l’infirmière au téléphone commence à paniquer parce que ma mère a plusieurs maladies et que ça complique tellement les choses. Alors elle annule illico le RDV de ma mère et lui dit de revenir à l’hôpital pour d’autres tests (prescrits par qui ?!?! c’est le médecin qui prescrit normalement…) et pour rencontrer l’anesthésiste.

Elle est donc retournée à l’hôpital. Re-prise de sang (est-on bien sûr qu’ils ne sont pas en train de refaire ce qu’ils venaient de faire la semaine précédente ?). Ensuite, on veut lui refaire passer un ECG. Ma mère, comptable de formation, commence à s’énerver sérieusement devant tous ces dédoublements, ces pertes de temps et d’argent. On finit par lui donner raison.

Personne ne regarde jamais ce qu’il y a dans les dossiers des patients, au cas où - sait-on jamais ? - certaines choses ne viendraient pas tout juste d’être faites ?

Sans compter qu’au passage de toutes ces étapes, ma mère a eu amplement le loisir de se faire traiter comme une enfant de 3 ans et demi. Elle connaît tous ses médicaments, ses dosages, elle sait pourquoi elle prend chacun d’eux et dans certains cas elle sait même comment ils marchent. Alors si ma mère vous dit qu’elle prend ce bloqueur des canaux calciques, ce bêta-bloqueur et cet inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, tous pour son hypertension, mais qu’elle n’a pas d’insuffisance cardiaque, c’est pas la peine d’aller appeler son pharmacien !!!

C’est super, d’être médecin. On prend le patient déjà tout “administré” par d’autres avant et après nous, et on n’a pas trop à se préoccuper des détails matériels ou autres. Pourtant, en tant que future médecin, je m’intéresse tout autant à la façon dont se font traiter les gens avant de me rencontrer et au temps qu’ils ont eu à patienter jusque-là (délais et salles d’attentes). S’ils ne sont pas satisfaits, je ne peux pas l’être non plus !


En tout cas, ces histoires de souche virulente et résistante de Clostridium difficile, ça donne de moins en moins envie de se faire opérer ou hospitaliser… (Pff, dans l’article, on dirait que Radio-Canada s’attribue la découverte du phénomène alors qu’on en parle depuis l’été !)

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