Chronique de film : Mar adentro

par Hoedic

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Un tétraplégique souhaitant se faire euthanasier, voilà un sujet a priori peu attirant pour un film. C’est pourtant ce dont traite Mar adentro (Mer intérieure), tiré d’une histoire réelle, que nous sommes allé voir samedi dernier.

Comme le laisse supposer le titre, c’est un film espagnol. Les acteurs nous sont donc totalement inconnus (Quoiqu’en fait l’acteur principal a joué dans Collateral par exemple), ce qui ne les empêche pas de jouer magnifiquement bien.

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Mer Intérieure

Ce film me touche d’autant plus que cette personne s’est rendue tétraplégique par un accident stupide qui m’est arrivé. Mon cou a également plié plus qu’il n’aurait du, mais j’ai la chance de m’en sortir avec seulement une bosse sur le front qui me suivra toute ma vie pour me rappeler de ce jour-là.

Malgré le sujet dramatique, ce film n’est pas morbide mais amène à s’interroger un sujet régulièrement abordé dernièrement, notamment en France avec le cas très médiatisé de Vincent Humbert. Million Dollar Baby, traitant du même sujet, et qui fut multi-primé aux Oscars, a soulevé un tollé dans les milieux conservateurs américains. Pourtant, dans un cas comme dans l’autre, la question mérite d’être posée et relater la vie et la mort par euthanasie ne revient pas à dire que la vie des handicapés vaut moins que les autres.

Personnellement, j’ai beaucoup de mal dans le fait de vouloir se mourir. C’est facile à dire quand on est bonne santé physique, mais la volonté de suicide ne s’arrête pas aux malades incurables. Possiblement que toute personne déprimée s’évoque cette éventualité. Pourtant, même au plus bas, je n’ai jamais pu envisager cette solution sérieusement tant j’ai toujours cru que rien n’est désespéré et que la vie peut toujours apporter d’agréables moments. Bref, je ne me vois pas me résoudre à abandonner la vie.

Pourtant, en entendant les arguments de cet homme, totalement dépendant d’une famille humble, on ne peut refuser définitivement l’euthanasie. Quelle est la limite à une telle pratique ? N’importe qui peut-il le demander ? Ce sont des questions d’application qui engendrent surement les plus grandes difficiltés dans un éventuel processus de légalisation.

Ce film impose également de se demander quel est notre rapport à la mort. Dernièrement je parlais de ma psychothérapie, et je dois bien dire que cette dernière a également changé ma façon de percevoir la mort. Aussi loin que je me rappelle, j’ai toujours eu peur de la mort, au point d’en être obsédé. Possiblement parce que j’ai toujours été intimement persuadé qu’au moment où le coeur cesse de battre, le cerveau de fonctionner, notre corps devient une masse inerte avec lequel disparait ce que certains appellent l’âme. Tout ce que j’ai pu lire depuis que je suis convaincu de ce fait n’a fait que me conforter. Point de transcendance par conséquent, la vie s’arrête là, abruptement, et tout ce que chacun a accumulé en lui disparait avec. Je pense que c’est cette angoisse d’une fin inéluctable, de cesser d’être qui m’a poursuivi longtemps. Le spectre de la douleur est également très présent dans cette peur.

Comment cette thérapie a changé ma vision ? Je suis bien incapable de le dire, seulement je suis capable d’envisager ça comme un état de fait, aussi terrible soit-il et qu’il ne faut pas s’empêcher de vivre pour ça, ni passer des heures à se lamenter sur le sujet, bien au contraire. La peur n’a pas totalement disparu, ce serait même inquiétant, mais l’angoisse est moins présente et pour tout dire, ça soulage.

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