Partenariat public-privé en santé ?

par Dre Papillon

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Il y a eu, la semaine dernière, une série d’articles très intéressante dans La Presse, signée Alain Dubuc. Il y explique en particulier les différences entre les systèmes de santé français et québécois.

Il faut dire ce qui est, du point de vue du patient, la France est un paradis. Le système est bien huilé et les ressources sont abondantes. On est traité rapidement et dans de bonnes conditions. On a des services à domicile, par exemple. Ici, ça ressemble plutôt à l’enfer, à côté de ça. Pourquoi ?

Les dépenses de santé en France représentent 9,7% du PIB ; au Canada, c’est 9,6%. Pas une méchante différence. Par contre, la France compte 3,3 médecins par 1000 habitants, contre 2,1 ici.

L’autre grosse différence, c’est qu’on y trouve 8,75 lits d’hôpitaux par 1000 habitants. Ici, on n’en a que 3,2. Ceci depuis le virage ambulatoire, avec fermeture massive d’hôpitaux et de lits, fusions d’établissements, etc.

Comment c’est possible d’avoir encore tout ça en France ? Il y a bien sûr ce déficit béant dans les finances de la Sécu française.

Il y a aussi les salaires des médecins. 83 000 $ CAD pour les généralistes de là-bas, 115 000 pour leurs spécialistes. Nos spécialistes québécois coûtent 233 000 $ CAD par année et se plaignent d’être loin de la moyenne canadienne de 344 000 !

Un autre aspect de l’envers de la médaille en France y est le très faible investissement en prévention. Quand on voit combien c’est insuffisant ici, pour 7,3 % des dépenses en santé, on comprend que les 2,5 % français suffisent encore moins !

Le système français est aussi un système moins tourné vers la modernité. Moins d’IRM, qui arrivent plus tard qu’ici (déjà qu’on n’est pas vraiment performants nous-mêmes…).

Selon l’auteur, la France ne pourra pas s’en tirer comme ça et devra passer par les réformes que les autres pays occidentaux ont subi. Les mesures qui sont entrées en vigueur dernièrement ne seraient qu’un bien timide avant-goût par rapport à ce qui s’en viendrait forcément.

Personnellement, j’ai de gros doutes sur le fait que quelque gouvernement que ce soit puisse imposé la moindre mesure vraiment brutale à la population française sans que tout le monde sorte dans le rue et que la société au complet soit paralysée… Mais on verra bien !

Là où je suis vraiment d’accord avec l’auteur, c’est sur les exemples que l’on devrait tirer de la France.

Ticket modérateur (minime), fait de payer sa consultation avant d’être remboursé, pénalités si certaines conditions ne sont pas respectées (médecin traitant, référence…), médecins qui ont le droit de demander plus au patient que ce qui sera remboursé par la Sécu, assurances complémentaires (très peu chères) qui peuvent compléter les remboursements incomplets de la Sécu (taux variable selon les médicaments, les actes ou les produits comme lunettes ou prothèses).

On aurait bien intérêt d’ailleurs, d’un point de vue de justice sociale, à augmenter en largeur la couverture des différents services, quitte à ce que le remboursement en soit incomplet.

La France est même remplie de cliniques privées qui fonctionnent comme d’admirables petits hôpitaux, soumis aux mêmes règles et conventions que le public. Les soins y sont remboursés de la même manière qu’ailleurs pour le patient, qui ne voit même pas la différence.

Quand on parle de partenariat public-privé pour notre système de santé, je suis pourtant très inquiète. Car le privé peut englober toutes sortes de définitions dont certaines ne manqueraient pas d’avoir des effets pervers. Laisser le système suivre tout bonnement le flot du marché, ou encore se contenter d’avoir du financement privé, ne seront jamais des solutions aussi justes et efficaces à la fois que ce qui se pratique en France.

Le meilleur des deux mondes, comme dit l’auteur.

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