Jamais correct ?

par Dre Papillon

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Sur le thème de l’éthique et de la déontologie, dans le cours que je viens de finir, nos professeurs essaient de nous inculquer plein de bonnes pratiques pour le futur.

Nous avons donc eu l’occasion de parler de l’inconduite sexuelle et des relations plus poussées entre médecins et patients. Certes, il y a beaucoup de choses qui vont de soi. Mais je ne pensais pas que la règle était aussi restrictive ! En gros, il suffit de retenir que “un patient doit toujours rester un patient” (ou “ce n’est jamais correct”).

Bon, en vérité, je ne me sens pas très concernée personnellement, simplement interpelée par une règle qui me semble excessive.

Et si j’avais rencontré Hoedic, non pas comme on a fait, mais plutôt en lui traitant une foulure dans une clinique externe ? J’aurais été obligée de le laisser filer à cause du contexte de la rencontre, pourtant plutôt anodin ?

Certes, je peux concevoir que ce soit plus délicat pour les relations à visée plus psychothérapeutique, avec tous les phénomènes de transfert et de contre-transfert. Mais zut alors, il n’y a pas de ça quand on donne un sirop contre la toux ! Je comprends qu’il ne faille jamais “exploiter socialement les confidences reçues à titre de médecin”, qu’on ne doive “jamais en tirer d’avantages personnels”, et qu’on ne doive pas utiliser les données du dossier à titre personnel, mais faut pas exagérer non plus…

Au moindre doute, il faut donc appeler le Programme d’aide aux médecins du Québec pour être suivi par un psychologue et suivre leurs balises prévues pour “s’en sortir”. Ils vont ainsi déterminer le type de médecin qu’on est (névrotique, en trouble de contrôle des impulsions, narcissique, psychotique…!) et tout et tout.

Mais pourquoi c’est pas correct ? À cause de la vulnérabilité du patient, de la confiance mise dans le processus de guérison, de l’intimité de la relation thérapeutique, de l’inégalité de pouvoir, etc.

Et ils nous ont donné une très longue liste des conséquences négatives que ça pourrait avoir de transgresser cet interdit.

Pour le patient : baisse de l’estime de soi, honte, culpabilité, colère, méfiance, dysfonction cognitive (!), confusion sexuelle et identitaire, dépression, isolement, stress post-traumatique (!), suicide…

Pour le médecin : tout ça aussi, plus des poursuites.

Éventuellement, à titre tout à fait exceptionnel, on pourrait se voir autorisé à entamer une relation amoureuse avec un patient, si la relation thérapeutique était ponctuelle et la raison de consultation pas trop délicate, si ni l’un ni l’autre n’est jugé trop vulnérable ou à risque. Il faut alors cesser la relation thérapeutique, laisser s’écouler une “très longue période de temps” et effectuer une “sérieuse réflexion” avec un “professionnel compétent en matière d’inconduite sexuelle”.

Ils vont pas un peu loin ?

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