Jean qui rit, Jean qui pleure

par Hoedic

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“Jean qui rie, Jean qui pleure”, c’est ainsi que m’appelait parfois mon père quand j’étais petit parce que j’alternais en des laps de temps assez cours, grands éclats de rire et phases de boudins prononcés. Mais finalement n’est-ce pas le propre de tous les enfants en bas age (ok, j’étais peut-être un peu plus porté que la moyenne sur le boudin.)

Mais aujourd’hui j’ai l’impression de ne plus rire. Je souris tout au plus et je peine à me rappeler mon dernier rire franc tellement ça doit être rendu loin.

Ceci ne date pas de mon arrivée au Canada, ni même de la difficile séparation de mes parents. Possiblement que ceci remonte à l’époque fin de collège et lycée. Non pas que je sois complètement morne depuis cette époque, il ne faut rien exagéré, je me rappelle m’être pris des fous-rires autant avec mon meilleur ami qu’avec Ebb.

Ceci remonte donc possiblement à cette époque où, découvrant que je ne serais pas la star de l’école et me sentant au contraire plutôt la cible de regards de travers pour mes comportements, j’ai plus ou moins consciemment décidé de me construire une personnalité ténébreuse, solitaire, dure, qui en impose, quelque part.

Et il faut bien dire que ça a marché : au lycée je me sentais plus sûr de moi et j’a développé des amitiés avec des cools ; en école d’ingé j’ai rapidement acquis la réputation d’être celui qu’il était préférable de ne pas emmerdé. Ça avait l’avantage certain de me protéger si ça tournait mal. Je n’étais pas non plus complètement solitaire, je ne l’ai jamais été d’ailleurs, c’est juste que je suis généralement entouré de quelques rares très bons amis.

Le fait est qu’ainsi je ne me suis pas vraiment habitué à nouer de contacts de manière spontanée et ouverte, sachant que j’ai possiblement une tendance assez fermée qui remonte encore plus loin (fils unique, etc.)

De fait, aujourd’hui, alors que je souhaiterais m’ouvrir un peu plus, notamment parce que je me sens nettement plus confiance, je me heurte à ma propre… “incompétence”, en plus d’un manque criant de spontanéité (spontanéité réprimée par le passé car c’est le meilleur moyen de faire une connerie aux yeux des autres.)

Exemple récent où une amie m’apprenait qu’elle était enceinte. Quelle magnifique nouvelle, même si son contexte est difficile. Pourtant je me suis simplement contenté d’analyser froidement la situation. C’est un peu tristounet.

Quoiqu’il en soit, depuis que j’ai pris conscience de cela, il y a quelques mois, je suis déjà plus enclin à sourire au premier venu tandis que je réservais ça à mes proches. C’est un début comme on dit. Et inutile d’en référer à un neurobiologiste pour démontrer que sourire aide également à mieux se sentir.

Mais c’est aussi un travail de longue haleine que de déconstruire des comportements élaborés et confirmés au fil de longues années.

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