Deux non-choix

par Hoedic

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Plusieurs voix s’élèvent dernièrement contre les tendances technologiques à venir. Ça peut sembler un peu technique, mais j’invite même les moins geeks à lire car ces tendances auront leur lot de conséquences dans le future.

Deux tendances ressortent :

  • Les DRM (digital rights managements) c’est-à-dire la gestion intégrée des droits (d’auteurs). Intégrée à quoi ? À tout : au lecteur de musique, portable ou non, qui s’assure que les droits d’auteurs sont respectés avant de jouer, l’écran qui s’assure que la vidéo peut belle et bien être jouée, les magnétoscopes numériques qui refusent d’enregistrer certaines émissions… jusqu’au câble de connexion qui s’assure que ce qu’il véhicule repecte les fameux droits. Si vous pensez que ce ne sont que des projections, sachez que de nombreuses normes sont en développement et les restrictions pourraient être très importantes (adieu la copie privée notamment).
  • La seconde est celle de l’appropriation des données par les entreprises. Google a ouvert le bal, montrant combien il était financièrement profitable d’exploiter les données des utilisateurs. La porte est désormais ouverte et c’est pour cette raison que tous les acteurs se précipitent sur les messageries instantanées, les mails voire la voix. Ils veulent du contenu car ils savent que ce contenu leur permettra de caractériser les utilisateurs, de les cibler et donc de mieux vendre.

Comme l’a fait remarquer Karl, il est tout bonnement ahurissant que nous acceptions de voir nos données circuler de manière non-cryptées et donc utilisables à qui veut. Hormis le souhait de confidentialité, la question des utilisations se pose : l’histoire de Yahoo dénonçant un journaliste chinois fait peur. Le Far West des réglements de compte sur Internet laisse également présager le pire sur l’utilisation des données laissées accessibles trop facilement. Que ça vienne des entreprises, des gouvernements ou des autres utilisateurs l’accès aux informations privées demeure trop aisé !

Et ces deux tendances technologiques se combinent parfaitement. Des firmes comme Google, Yahoo et autres souhaitent voir le contenu de votre ordinateur déporté sur Internet. C’est déjà le cas des courriels (d’après vous, pourquoi des stockages de 1Go et plus, toujours gratuitement ??), des photos, des liens, le reste finira par suivre. Le tout soutenu par des innovations technologiques rendant les interfaces web toujours plus ergonomiques et compétitives par rapport aux applications (on envisage même un Office en ligne maintenant.)

Ce concept n’est pas nouveau : dès 1996, certains envisageaient, pour des raisons de coûts, ne vendre que des consoles (un moniteur en gros) capable de se connecter sur un Internet où se trouveraient autant les applications que les données des utilisateurs.

L’autre tendance, celle des DRM est poussée par les industries artistiques, mais aussi par Microsoft et les fabricants de logiciels qui y voient un manière de sécuriser leurs ventes voir d’exclure de facto une certaine concurrence. Le but est de restreindre “à l’entrée” ce que les utilisateurs peuvent faire ou ne pas faire (sous prétexte de les protéger souvent).

Il est aisé d’imaginer la marge manoeuvre restante si toutes les données et applications se retrouvent déportées sur Internet : les moyens de contournement des DRM seront quasi-inexistant et les utilisateurs deviendront tributaires de leur fournisseurs.

La principale difficulté face à ces mouvements est le manque de choix. Désormais la majorité des acteurs commerciaux sur Internet souhaitent vos données, la majorité des firmes impliquées dans le hardware, le software et le contenu (télé, musique, cinéma) poussant à une gestion très stricte des droits. Face à cela, l’une des seules pistes est l’utilisation de logiciels Open Source qui dans le majorité sont opposés aux DRM.

Ceci reflète aussi le déplacement de la valeur des objets tangibles vers le contenu et l’information : certains font leur argent sur l’utilisation cette information et d’autres essaient conserver leur position en controlant et en limitant l’accès au contenu.

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