Souvenirs, souvenirs

par Hoedic

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Un billet facile parce que je suis en panne d’écriture (en fait j’écris plein de choses mais ça n’atteint jamais le stade de la publication). Leeloolène m’a refilé un sujet en chaine : mon plus ancien souvenir.

J’hésite, faudrait que Môman m’aide à faire le tri. Mais je pense bien que le plus ancien du plus vieux que j’ai dans la cervelle vient d’un séjour en Tunisie, j’avais alors possiblement 3 ou 4 ans. Je me souviens principalement de la piscine de l’hotel où nous étions : froide, très froide. Quand on dit que les enfants sont moins frileux que les adultes c’est archi-faux, je me rappelle que c’était vraiment difficile. Je me rappelle aussi que j’apprenais alors à nager et qu’il y avait des flotteurs rouges et blancs pour délimiter le petit bassin. Mais surtout, il y avait un plongeoir, un gi-gan-tesque plongeoir blanc, une tour de plusieurs étages… du moins c’est le souvenir que j’en ai.

C’est là que la mémoire trouve ses limites parce qu’à en croire l’image que j’ai en tête, je me représente ce plongeoir avec une escalier en colimaçon pour accéder au sommet, ce qui semblerait assez étonnant. Probablement que nous avions également fait une promenade à chameau (ou dromadaire, allez savoir) car j’ai un souvenir de bestiole dans ce genre qui remonte avec ce souvenir.

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Plage de Petit Havre, Guadeloupe

Un autre souvenir qui doit faire concurrence, c’est mon premier cinéma : E.T, sorti fin 1982 ce qui me faisait 4 ans. Je me souviens de la foule pour accéder à la salle et je me souviens surtout avoir vaguement passé tout le film à essayer de rentrer sous mon siège. Pas de souvenir du film sauf d’un moment où un fil est attaché à un système de cliquetis très stressant. Par la suite, toute vision des (très nombreuses) peluches E.T avec leur terrorisant ventre rouge faisait monter en moi un moment de panique.


La mémoire est quelque chose d’extraordinairement complexe qui nous joue souvent des tours. Les souvenirs suggérés, recomposés à force de se faire dire quelque chose, en sont un exemple édifiant. Quand j’étais petit, j’ai failli me foutre à l’eau, sous la bâche de la piscine. Je jouais avec un modèle réduit de bateau à voile et comme tout le monde le sait un gamin de 5 ans c’est parfaitement stupide et maladroit, j’ai donc basculé. Je savais surement nager mais sous la bâche, c’est impossible. Je me souviens de tout ceci mais je suis quasi-certain que ce n’est pas ma mémoire à moi, notamment parce que je n’ai pas souvenir d’avoir été mouillé. Et surtout on m’a raconté cette histoire à plusieurs reprises ce qui fait un bon terreau pour un souvenir suggéré.


Une facette passionnante de la mémoire c’est son caractère associatif. Hier, durant une réunion, je regardais la cravate de mon voisin d’en face et les motifs m’ont fait plonger dans un flashback dont le sujet exact m’échappe maintenant. Mais l’espace de quelques instants, j’étais dans un autre monde, un monde mien, un monde de mon passé, qui à la simple vue de ce motif avait soudainement surgit.

Mais la mémoire n’est pas uniquement visuelle, surtout quand vient le temps des associations. L’odorat à ce niveau est très puissant et deux souvenirs me viennent à l’esprit. Le premier c’est l’odeur des toilettes de ma tante. Ok, ça peut sembler loufoque comme souvenir et pourtant. Je devais alors avoir 11 ans, je vivais temporairement chez la soeur de ma mère et Rencontre du troisière type passait à la télé. Ce film m’a terrorisé, comme E.T quelques années plus tôt (on remarquera que j’étais très branché extra-terrestre, je lui toujours d’ailleurs et ça vient surement de là), et j’ai du aller aux toilettes à quelques reprises pour me protéger. Un peu comme les personnages de Lovecraft, j’étais terrorisé mais j’étais incapable de m’échapper définitivement, pourtant ce n’est pas difficile de lacher la télé. Depuis, cette odeur est systématiquement associée à une peur sourde, sans motif précis.

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Bois-Jolan, Guadeloupe

L’autre souvenir “odorant” est en fait un mix odeur/musique. Ça devait être à la même époque, en fin de 5ème, ma première boom, mon premier slow sur Wind of change et l’odeur de celle dont j’étais follement amoureux (Un rateau suivi quelques semaines plus tard malheureusement, mais je me suis rattrapé quelques années plus tard, parce que je ne suis pas du genre à lacher moé ;)) qui dansait contre moi. J’étais pas peu fier. Cette chanson à elle-seule est suffisante à me replonger dans cette époque.

Je pourrais en faire des tonnes et des tonnes : l’accouchement de notre jument (dont je fus le seul à voir le début), le bras cassé, le ski entre les jambes de ma mère, des souvenirs de rêves même ! La mémoire n’était-elle pas quelque chose d’à la fois merveilleux et terrible ?

Je passe le bâton à mon amour ainsi qu’à Eor :)

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