Être externe

par Dre Papillon

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Être externe… C’est un bien mauvais moment à passer. Un moment qui dure 2 ans.

Certes, nous avons beaucoup à apprendre et c’est ce que nous nous empressons de faire. Certes, c’est enfin le temps d’être avec les patients plus souvent, et avec les livres moins souvent. Certes, nous profitons d’avoir le droit de ne pas savoir, de ne pas avoir la responsabilité sur nos épaules.

Mais les avantages s’arrêtent là. Pour le reste, c’est effectuer beaucoup de travail très utile de façon entièrement bénévole. Je dis bien “utile”, parce que les étages crient au meurtre quand nous sommes absents. Moi, j’appelle ça de l’exploitation. Parce que les journées sont trop longues, au détriment de la vie privée, du repos et même de l’étude (qui ne manque pas !).

Supposément que la priorité d’un externe, ce sont ses objectifs d’étude, ses quelques cours et ses examens. Pourtant, régulièrement, nous nous faisons manquer de respect sur d’aussi simples principes. Une journée qui finit à 19h30 quand elle a commencé à 7h, ce n’est pas respectueux. Ne pas pouvoir aller manger le midi (quand tout ce qu’on fait est bénévole, je le rappelle), ce n’est pas respectueux. Se faire libérer à 12h35 pour un cours qui a commencé à 12h et qui finit à 13h, ce n’est pas respectueux.

Se faire appeler à 17h, par le patron devant donner le cours de 16h, pour dire qu’il nous a oubliés et qu’il reprendra une autre fois, ce n’est pas respectueux. Se rendre à l’hôpital à 7h au lieu de 8h, pour un cours, et que le prof oublie de se lever, ce n’est pas respectueux.

Sans compter tous le reste. Les longues périodes de temps passé debout, parce qu’il y a des sièges prévus pour les patrons et les patients, mais pas pour les externes. Se faire sentir régulièrement de trop, alors que nous sommes obligés d’être là. Se faire évaluer à chaque demie journée en pleine situation d’apprentissage, devant des cas et des situations que l’on n’a jamais vus de notre vie. Se faire traiter d’irresponsable si on s’absente une fois, pour préserver sa santé, physique ou mentale. Devoir faire les frais des sautes d’humeur des patrons, des remarques des uns, du mépris des autres. Alors que l’on ne fait jamais que ce que l’on peut dans les conditions qui nous sont attribuées.

Se faire imposer des gardes chaque semaine (y compris le week-end), qui finissent tard en fin de soirée et s’ajoutent à des journées déjà longues et sans pause. Les résidents, eux, font certes des gardes de 24h, mais sont en congé le lendemain pour se reposer, se laver, étudier, vivre quoi… Pour nous, même si on se couche à minuit à cause de la garde et qu’on doit se lever à 6h le lendemain matin, aucun retard n’est admis. Ça consiste donc à enchaîner deux journées complètes avec seulement une nuit de sommeil chez soi, et le temps pour absolument rien d’autre. Et ce ne sont pas des gardes “selon les besoins”, non : pour un externe, on trouve toujours du travail à faire, aussi peu urgent soit-il.

Exploités à la corde nous sommes. Un peu écoeurée de ça je suis.

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