A history of vélo

par Hoedic

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L’hiver approche et je compte bien continuer à faire du vélo encore un certain temps, tout l’hiver si le courage me le dit. Afin de préserver l’état de mon vélo, j’ai réussi à obtenir une place dans le garage à vélo de mon lieu de travail. Ce soir (après une journée de la mort) je décroche mon vélo de son support, donne quelques coups de pédales pour me rendre compte que mon pneu arrière est à plat.

Aucun doute pour moi, un abruti l’a dégonflé car ce matin il était en parfait état. Mais pour le moment, il faut rentrer à la maison. Une femme visiblement bien équipée se prépare à partir. Par chance, elle a une pompe… qui malheureusement ne colle pas avec ma valve. Pendant que j’hésite entre rentrer à pieds, en métro, en laissant mon vélo sur place ou non, un collègue arrive à son tour près des vélos. Lui aussi a une pompe, et elle est du bon type. Rapidement il s’avère que nous pompons dans le vide. Décision est prise de démonter la roue… car il dispose aussi de quoi réparer les crevaisons. Démontage, réparation, remontage et mon bon samaritain rentre chez lui, ça fait bien une heure que j’ai quitté mon bureau.

Quelques coups de pédales… et le pneu est encore à plat ! TA-BAR-NAK, deux trous, si c’est pas du saccage ! Il fait nuit, il pleuviote, un collègue quitte le boulot en voiture, au volant il me fait un signe de la main avec un sourire… Connard !

Bon, c’est décidé, ce sera en métro. Par chance, il me reste un unique ticket. Sauf qu’il est 18h20 et le sous-chef en chef au guichet de la station me fait signer et m’explique que les vélos ne sont pas autorisés avant 19h. Par ailleurs, si je passe, je risque une amende de 130$. J’hésite entre laisser exploser la colère noire qui bouillant depuis une heure, lui faire une salutation majeure du doigt, lui montrer mon cul, passer contre son avis ou encore faire tout ça à la fois.

Finalement, dans un geste mûrement non réfléchi, je passe le tourniquet avec mon vélo sur l’épaule en me doutant bien qu’il n’ira as s’opposer à moi, les vendeurs de ticket ne sortent jamais de leur kiosque. À peine arrivé en bas, un métro arrive. Une fois dans la rame, la turbine à neurone se lance : le gars au guichet avait l’air trop con, il ne va pas laisser passer ça. Quatre arrêts à faire, je peux toujours espérer.

Mes dernières histoires de vélo m’ont coûté un vélo quand je suis tombé tout seul et un bon 120$ quand j’ai voulu jouer au sauveur de la veuve et de l’opprimé, il n’est pas question que je paie une putain d’amende. J’échafaude rapidement les scénarios possibles et les échappatoires. Pour s’échapper, il ne faut pas d’identité et j’ai mon portefeuille sur moi. Je peux toujours le planquer dans mon froc et jouer le rôle du touriste. J’ai toujours fait ainsi quand je voyageais sans billet à Nantes et ça marchait. Pareil bien entendu là dernière fois en France. Je prépare une identité fictive, nom adresse, téléphone. Cependant c’est risqué, les agents du métro sont, il me semble, des policiers de la ville de Montréal, ils vérifieront les infos fournies, ils peuvent même me garder.

J’arrive à la station Champ-de-Mars, il me reste 2 arrêts, mais le prochain arrêt est Berri, centre névralgique du réseau de métropolitain, si des agents peuvent être quelque part à tout moment, c’est là. J’hésite, trop longtemps. Alors qu’un influx s’apprête à me mouvoir hors de la rame, la porte commence à se fermer. Je m’imagine brièvement coincé dans la porte automatique de la rame avec un vélo banni. Je décide de me mettre à l’abri des yeux extérieurs en demandant à quelqu’un de se déplacer. La rame arrive à la station Berri-UQAM. Des passagers sortent, d’autres entrent. Mon wagon, le deuxième de la rame, demeure faiblement remplit ce qui confirme mon choix, je n’emmerde personne avec mon vélo. Dans quelques fractions de secondes les portes vont se fermer… mais une tête passe dans le cadre de la porte. Un agent de sécurité. En fait, ils sont quatre à m’attendre sur le quai.

Je sors sans broncher, c’est inutile de s’enfoncer. La turbine à neurones se remet en marche pour répondre aux accusions. Un pneu crevé, un vandale Monsieur ! Les 19h presque atteints, regardez, la rame est vide ! 130$ ? Hors de question, je suis la victime, une victime de la société Monsieur ! Je suis prêt à prendre à témoin quiconque passe à portée, implorer, crier, gémir, me tordre de douleur, mourir surplace. J’ai décidé de ne pas jouer le sans-papiers mais de faire front, d’argumenter sans être désagréable pour ne pas me rendre antipathique. Être celui qui n’avait que pas le choix, larme à l’oeil.

À peine ai-je fini d’établir un semblant de stratégie que mon opposant me signifie qu’il ne me fera pas payer l’amende bien que je sois sciemment passé outre l’ordre d’un agent. Bien entendu, il faut que je sorte. Hors du souterrain je m’étonne de m’en sortir aussi bien. Je suis rue Berri à un arrêt de métro de chez moi, il fait frais, la pluie a cessé, un faible vent caresse mon visage et mes mollets découverts par mon corsaire et je viens de passer à deux doigts d’une prune de 130$. La bouillabaisse que j’ai entre les oreilles n’a pas eu trop à servir, juste rester suffisamment calme.

Chez moi je démonte de nouveau le pneu. Deux autres trous, sur le même coté de la chambre à air, c’est un peu gros pour venir du sol, par hasard.

Tout ça parce qu’un sale fils de pute, un connard avec un grand C a décidé tout à fait gratuitement de flinguer mon pneu. Pourquoi ? Parce que c’est une sous-merde, un résidu de chiure de mouche qui choisit d’emmerder le monde plutôt que de l’aider. Un frustré de merde qui s’éjacule dessus à l’idée d’emmerde quelque. Il rêve la nuit du plaisir que lui profil son rôle d’emmerdeur public, il en est fier ce chien !

Voilà pourquoi l’humanité est foutue. Voilà pourquoi nous n’irons jamais NUL PART. À cause d’1%, à cause d’un pour mille. Le sale con qui crève les pneus, le tacheron qui appelle la sécurité dans le métro, etc. À cause du sale con de servir qui va faire chier le monde entier. We’re just screwed !

Pour nous sauver de ce monde de merde, certains essaient de compenser comme mon collègue qui m’a aidé au lieu de répondre qu’il n’avait pas le temps. Comme l’agent de sécurité qui a décidé de ne pas me faire payer l’amende alors que je me suis opposé au règlement, en connaissance de cause. Cependant la destruction est plus facile que construire, être con c’est pas mal plus sympa qu’aider, que de se demander comment ne pas nuire à l’autre, ne pas le blesser… c’est trop difficile ça.


La moralité de l’affaire, hormis qu’il y a des cons sur la terre, c’est qu’il est utile de toujours se promener avec le kit de survie du cycliste : pompe, rustines, clé à molette, déjanteur et pourquoi pas une chambre à air.

L’autre conclusion c’est que je devrais m’associer avec un Maître, une Tarquine (également Maître de son état) et un Jedi apprentice pour écrire un livre sur les joies du vélo en ville. Avis aux amateurs.

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