Au cas où on en aurait douté...

par Dre Papillon

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Je ne suis pas faite pour être “femme au foyer” !

Je tourne en rond comme une tigresse en cage et je suis déjà presque à bout, au terme de cette 2e semaine de “lockout”.

Les ennuis commencent avec la prochaine semaine, c’est-à-dire qu’il y aura forcément des semaines de stage à reprendre à partir de là. À l’eau les vacances. Qui ne pourront jamais être reprises… avant la retraite, car le maximum de semaines que l’on peut prendre d’affilées à la résidence, c’est deux semaines. On ne va pas à l’autre bout du monde avec deux semaines devant soi… Ce qui est perdu maintenant dans nos vies n’a pas de prix et ne sera jamais rattrapable.

D’ailleurs, lundi soir avait lieu la dernière AG. Celle-ci s’est mieux déroulée que la précédente, sans être brainwashée ni bâillonnée. Nous sommes revenus à une position de neutralité dans le conflit opposant médecins spécialistes et gouvernement, tout en continuant de nous opposer à la loi 37.

La faculté est revenue nous parler et semble optimiste. Elle semble persister à croire que notre année scolaire n’est pas en danger et que l’on pourrait tous entreprendre notre résidence au premier juillet prochain (au prix le plus fort… de temps libre, de vacances). Je ne sais pas pourquoi, je n’ai pas été convaincue par ce que j’ai entendu. “Le Dr. Barrette se soucie de plus en plus de ce qui vous arrive”, “le médecins spécialistes se sentent de plus en plus concernés par votre situation” : ben voyons donc, ils n’en ont strictement rien à foutre. Ils ne vont pas s’arrêter ou reculer en si bon chemin !

C’est certain que la FMSQ tient un double discours. Le plus alarmiste possible dans les médias. Le plus rassurant possible à la faculté (et par extension, aux externes). La vérité doit se situer quelque part entre les deux, mais où ?

Le Conseil des services essentiels doit rendre sa décision prochainement. Est-ce que l’enseignement est un service essentiel ? Pourra-t-il se prononcer à ce sujet ? Et même s’il “ordonne” un retour à l’enseignement par les spécialistes : dans quelles conditions cela se fera-t-il ? Le Dr. Barrette nous promet de “terribles” conditions d’enseignement, dans les journaux. Il est possible que la faculté ne nous laisse même pas retourner en stage si elle juge les conditions trop mauvaises. Bref, ce n’est pas une sinécure.

Ce qu’il faut, c’est un vrai règlement du conflit, avec les deux parties qui en sortiraient la tête haute. Et des spécialistes contents de revenir à l’enseignement. Et aussi, père Noël : le plus vite possible, cette résolution. On n’en peut vraiment plus… Merci d’avance, je crois que j’ai été sage cette année et que je le mérite bien.

Je trouve tout de même la situation déplorable. Les médecins qui veulent une revalorisation de leur salaire, c’est un peu légitime (pourquoi seraient-ils les plus mal payés au pays ?) et ça n’arrive pas souvent ; mais ils exagèrent vraiment. Le Québec n’est pas une autre province, il est unique, et le principe de parité entre provinces est vraiment une drôle d’invention. C’est dommage, parce que je crois qu’ils vont finir par gagner avec leur extrémisme de droite, et ce sera aux dépens de d’autres services, en santé ou ailleurs. D’ailleurs, ils le crient haut et fort dans les médias : à bas les garderies à 7 $ ! à bas le gel des frais de scolarité ! Et ça n’améliorera en rien la situation de notre système de santé… Devenons vite comme les États-Unis, cette merveilleuse société où l’on est roi au détriment des plus pauvres !

Après l’AG, les externes ont été invités à voter si oui ou non ils souhaitaient que le stage de médecine familiale ait lieu, étant donné qu’il n’est aucunement touché par les moyens de pression et que les autres facultés permettent à leurs étudiants d’y aller.

J’ai été très touchée de constater que plein de gens dans la classe, même s’ils ont déjà fait ce stage (donc en toute impartialité), trouvaient que l’on devait laisser les externes en question y aller. Que ça ne changerait rien au conflit. Que ça n’enlève rien aux gens qui n’ont plus de stage.

En y repensant, je trouve que la vraie solidarité, c’est ça. Et ça m’a touchée, parce que le vote a été très serré : 84 contre et 83 pour. Et même si ça ne m’impliquait pas, je continuerai de trouver que les gens devraient avoir droit de faire ce stage actuellement.

Ceux qui ont voté “contre” avaient plein de mauvaises raisons de le faire, je les entendais autour de moi. S’assurer que tout le monde soit dans la même merde qu’eux, comme cette “amie” qui était là avec moi. S’assurer des vacances pour aller skier avec leurs amis cette semaine et la semaine prochaine. Etc.

Malgré tout, la faculté avait déjà décidé qu’elle ne voulait laisser personne retourner en stage. Je trouve qu’elle tient un double discours assez insultant : elle dit qu’elle tient à nos stages, qu’elle veut les préserver et nous préserver autant que possible. Elle dit que tous les moyens de rattrapage possibles seront envisagés et appliqués, de façon totalement individualisée, à tout le monde.

Eh bien voilà. Laisser les gens faire leur stage de médecine familiale, c’est déjà un “moyen de rattrapage”.

Ce sujet me met vraiment hors de moi…

Soupir

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