J'a pas trouvé Kyoto

par Hoedic

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Bien que nous marchâmes pendant une bonne heure, nous n’avons pas trouvé Kyoto… trop loin parait-il. Pourtant c’était bien la marche vers Kyoto, non ?

“On dit que la religion du XXIe siècle, c’est l’environnement, dit Daniel Breton, de la Coalition Vert-Kyoto. Autrefois, les gens allaient à la messe et, une fois rendus à la maison, baisaient, sacraient et buvaient. J’ai l’impression qu’on fait la même chose avec l’environnement.” La Presse, 22 avril 2007, via [Marie-Josée](http://www.chroniquesdupatio.ca/2007/04/22/le-jour-de-la-terre/)
«Cet après-midi, des milliers de gens participeront à des marches en faveur de la journée de la terre. Ils le font tous par principe, mais une fois à la maison, baiseront-ils en sacrant?», [Marie-Josée](http://www.chroniquesdupatio.ca/2007/04/22/le-jour-de-la-terre/)

Le greenwashing montre combien l’environnement a la cote ; il suffit de regarder la télévision 5 minutes pour voir s’en convaincre. Chaque entreprise nous montre dans les publicités combien ils sont beaux, ils sont bons et combien on est vert en achetant leurs produits.

Une difficulté pour les changements climatiques, ce sont tous les discours multiples, contradictoires, extrêmes bien souvent, dans un sens comme dans l’autre. Les opposants à Kyoto sortent des chiffres farfelus comme un coût de 200$/tonne eq. CO2 pour en arriver à des conséquences apocalyptiques sur l’économie… bullshit. Mais les “écolos” tiennent des discours trop alarmistes à mes yeux, actuellement et par le passé. Le cri du coeur “sauvons la Terre” est désormais usé. Les discours sur les choses qui n’existent plus, d«’mon temps les fermes étaient des vraies fermes» et ce genre de discours ne veulent rien dire et ne font que convaincre ceux qui y croient déjà. Comment sortir de cette impasse rhétorique ? Surement que ce n’est pas possible.

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Marchons, marchons !

Marie-Josée dans son billet soulève un point intéressant : la population ne fait rien par hasard. C’est une évidence en fait. J’aime bien dire que j’utilise mon vélo pour ne pas polluer, mais c’est simplement que je préfère ça. Nous n’avons pas de voiture parce que c’est un paquet de trouble et un peu parce que ça pollue. C’est pour cela que des actions politiques sont nécessaires, autant à l’attention des individus que des entreprises car espérer des changements massifs sans pression tient du rêve éveillé.

Et c’est ce qu’est Kyoto ! Une pression économique intelligente pour obliger les entreprises à modifier leurs méthodes. Comme le dit Marissa Mayer, V-P chez Google, la créativité aime les contraintes. Dans les faits, les entreprises (et mêmes les individus) ne devraient pas voir négativement les contraintes, notamment environnementales. D’autant que les mécanismes de Kyoto se présentent plus sous la forme d’investissements et non de couts bruts (comme une taxe). D’ailleurs le mécanisme de bourse pour les émissions a déjà montré sa force… aux États-Unis (pour les sulfures atmosphériques responsables des pluies acides). Et Kyoto offre des mécanismes supplémentaires comme d’aller chercher des crédits hors pays, notamment dans les pays en voie de développement non signataires, un moyen de les inclure.

C’est pour cela que les entreprises réalistes demandent ces contraintes. Pourquoi ? Parce que les dirigeants savent que ces contraintes sont inévitables, un jour ou un autre. Alors tant qu’à faire, autant que ça vienne vite pour avoir le temps de se retourner, autant que ce soit clair au plus vite pour anticiper, prendre en compte les contraintes et agir plus vite que les entreprises des autres pays (pour ce dernier point, c’est en partie trop tard).

Oh, le protocole de Kyoto est très loin d’être parfait. Il a de nombreux biais, le premier d’entre eux étant de donner à ceux qui polluaient le plus dans le passé le droit de polluer plus dans le futur. Mais s’il existait une solution évidente, ça se saurait. Il faut donc travailler avec des solutions imparfaites. Pour avoir lu sur le sujet, aucune solution n’offre un équilibre non discutable entre pays, un moyen d’application strict (encore insuffisant d’ailleurs) et un coût acceptable pour les dirigeants de pays.

C’est pour cela que j’ai participé à cette marche. Entre vous et moi, Kyoto est aussi atteignable au Canada que les cibles de recyclage au Québec : trop peu, trop tard. Conséquemment, je doute qu’il soit constructif de tenir inutilement une ligne stricte sur le respect de la première phase de Kyoto. En fait, ça tient de la posture politique. Mais en tant qu’individu, je demande la mise en place de contraintes et de restrictions efficaces, réelles pour les émissions de carbone, pour la gestion des déchets, pour la gestion des eaux, pour la protection des écosystèmes, etc.

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