C'te (Franco)Folies

par Hoedic

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Ainsi va l’instant, de débordements en surcharge d’une vie invivable par nature sous laquelle nous venons à crouler ; tel une étoile filante le temps fuse comme si nous-même filions à une célérité proche de celle de la lumière.

Ce ne sont pas que des paraboles, l’été avance et signe des temps, la période des festivals touche à sa fin. Sans vraiment comprendre comment, nous avons littéralement échoué comme des bouteilles inertes dans des évènements d’une joie venue d’ailleurs.

Dans le cadre des Francofolies de Montréal, nous avons vu Grand Corps Malade. D’une brève publicité à la télé à un torrentiel téléchargement, nous voilà téléportés au dernier rang du dernier étage du théatre Maisonneuve. Mais est-il vrai, ce grand gars claudiquant avec sa béquille, clamant ses textes ciselés sans commune mesure avec les autres slammeurs, à l’histoire digne d’un roman ou est-ce simplement une construction d’une maison de production, un mytho inventif qui s’est construit une image vendeuse ?

Je n’arrive plus à croire ce que je vois, encore moins ce que j’entends. Je ne suis pas le seul. Ainsi Patrick Lagacé publia-t-il en mon nom un cliché de la piste de ski de Dubaï et d’une seule voix les lecteurs crient-il unanimement au canular. J’en veux à ces cracheurs de venins à la bile trop alcaline de ne pas reconnaitre l’authentique, le réel. Mais comment en vouloir à un public blasé à force d’être pris pour un troupeau d’ahuris sans cervelle.

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Mini-mes everywhere !

Mais devant ce grand maigre trainant la patte, avec qui je partage d’avoir rencontré de trop près le fond de l’eau après avoir sauté de trop haut, j’ai laissé mes doutes de coté pour me laisser aller à sa voix chaude et à ses textes poétiques. À sa présence aussi, humaine, sur terre, touchant au réel comme ça me manque tant, prêt à engager la conversation avec une salle de 1500 personnes au complet s’il le faut. Difficile de croire que son plaisir d’être sur scène était feint, la reconnaissance était dans sa voix.

Le lendemain soir, Émilie Simon était d’une autre planète. Volontiers dans la lignée de Bjork, mixant voix féminine au multiples facettes et beats électro, elle était lointaine. À peine s’adressa-t-elle au public. À peine fit-elle du bout des lèvres un rappel déjà prévu devant une foule chauffé à blanc, on se demande bien par quoi si ce n’est l’envie de profiter du “moment”. Une voie profonde, des sons inconnus mixés avec talent mais sans présence humaine palpable si ce n’est le percussionniste.

Par courage ou par dépit d’une impossible semaine à venir, dimanche soir fut consacré au spectacle de clôture des Franco, annoncé comme “glam” par le principal acteur, Pierre Lapointe. De glam, il n’y avait que des arbres en papier maché recouverts par de très thaïlandais carreaux réfléchissants. Kitsch tout au mieux, mais pas glam. Surement la journaliste de La Presse qui couvrait le spectacle tournait au crack pendant la soirée pour y voir le plus grand évènement de tous les temps ou presque. Tout ça pour quoi ? Un chanteur pop accompagné par un orchestre sonnant comme une boite de conserve dans la sono surpuissante installée pour satisfaire les 100.000 spectateurs dont nous étions. Je ne doute pas que les arrangements étaient très recherchés mais dans ce vacarme acoustique où cordes et cuivres étaient impossibles à distinguer, difficile d’y trouver du Debussy ou du Ravel ! À coup sûr un beau concert qui valait l’heure d’attente assis au sol, mais non un de ces moments qui marque l’histoire comme plusieurs semblent prêts à s’en inventer à chaque coin de rue.

Sur notre lancée de profiter de la vie nous sommes également allé au Théatre de Verdure voir les Grands Ballets Canadiens. Une découverte pour moi, une grande volupté. Certes les pointes et les entre-chats en tutu ne sont peut-être pas pour moi, mais les pièces plus modernes valent surement de s’y arrêter. Des tableaux et des mouvements qui trouveraient leur place autant en danse qu’en peinture.

Mais l’intermède musical n’est qu’un remède de courte durée. La vie a repris par un maussade lundi pluvieux, par l’obstination bornée de tout ce qui ne marche pas et même, quand tout va mal, par la connerie humaine en laquelle j’aimerais cesser de croire.

Mais en ce lundi pluvieux, avant de penser à nous, à nos tracas, nous avons une pensée pour notre ami, Laurent.

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