Embaucher un immigrant

par Hoedic

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Je vais me permettre de commenter un billet de Houssein sur l’immigration pour mon premier billet depuis bien longtemps ici.

Bien que faisant du sous-groupe d’immigrants les moins mal lotis (les Français), j’ai eu ma dose de difficultés pour me faire ma place au soleil à la neige. Par ailleurs j’ai l’occasion depuis quelque temps, malgré un syndrome de l’imposteur tenace et un certain malaise, de participer au processus de recrutement pour mon équipe. Bref, je vois maintenant les deux cotés du mur.

Et le mur, il est gros.

Petite mise en contexte: le temps d’adaptation dans mon équipe est passablement long. Pendant les 3 à 6 premiers mois, un nouvel employé n’est pas autonome (et c’est même le cas des consultants qui sont pourtant habitués à en voir). Inutile donc de dire le temps à investir quand l’équipe s’aggrandit… et la frustration que cela provoque quand un “nouveau” part après quelques mois.

L’équation simple qui consiste à dire qu’il suffit de virer une personne qui ne fait pas l’affaire ne tient finalement pas. Il est en effet rare qu’une personne ne fasse pas l’affaire au point que ce soit évident après une semaine. En fait, malgré qu’il soit assez facile de licencier quelqu’un ici (plus qu’en France en tous cas) je n’ai vu que très peu de cas. Même quand une personne ne colle pas tout à fait, on tend à la garder car c’est souvent mieux que rien… bien que éventuellement frustrant.

Bref on en vient rapidement à développer une crainte du mauvais choix, parfois exagérée, mais assez présente. Et un seul mauvais choix peut venir vous hanter un certain temps !

Dans ces conditions, à CV égal, celui dont on connait les références sera préféré. Mais surtout (car on a rarement deux CV égaux sous le nez) il facile de rejeter un CV en se disant “il y aura bien mieux plus tard”. Il est aussi facile de se dire qu’on peut plus facilement anticiper quelles réactions au travail on aura avec un québécois… chose est d’ailleurs assez utopique.

Par ailleurs, il est bien difficile de passer par dessus certains préjugés. Je sais que personnellement j’ai un biais positif pour les femmes. Non pas que j’ai des visées quelconques, la plupart de mes collègueeees sont mères d’adolescents. C’est juste que j’ai toujours eu des relations de travail plus faciles avec des femmes, qu’elles soient mes supérieures ou de simples collègues.

Tout cela pour dire que je ne m’étonne pas de la difficulté des nouveaux arrivants pour trouver un travail. Et même une fois la première expérience acquise, une unique référence, pour peu qu’elle soit courte ou peu probante n’est pas forcément capable de rassurer un potentiel sélectionneur.

Comment améliorer la situation ? Je serai bien en peine de le dire. On parle là d’éléments hautement subjectifs, au-delà du niveau de français ou des connaissances techniques.

Cependant j’ai l’impression que les choses changent. En tous cas là où je travaille : en trois ans c’est passé d’un milieu très “pur souche” à un joyeux patchwork (au point qu’une fois un employé a demandé s’il y avait une politique d’embauche particulière, ce qui n’est pas le cas). Par ailleurs c’est surement un cercle vertueux: des immigrants qui ont la chance de progresser et d’entrer dans le processus de recrutement auront plus de chances d’être ouverts aux sorts des nouveaux arrivants que le Québécois de base. On peut ainsi espérer une amélioration, mais c’est surement un processus long.

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