Une grossesse nipponisante... et volage

par Dre Papillon

Lecture: ~6 minutes

Comme vous commencez à le savoir, notre petit Monsieur est arrivé un peu en avance. Une naissance prématurée (même quand ce n’est pas extrême), ça brusque toujours un peu tout le monde : le bébé lui-même, mais aussi ses parents, même si globalement, on avait l’essentiel de ce qu’il fallait pour l’accueillir, et puis avec toutes mes contractions et mon arrêt de travail depuis le mois de mars, on se doutait bien que ça pouvait arriver…

Je ne sais pas dans quelle mesure certains facteurs psychologiques peuvent jouer, mais Monsieur a quand même attendu certains événements-clés et le seuil que l’on s’était fixés longtemps d’avance. Il a su attendre que son papa obtienne sa promotion, et il a su attendre l’arrivée de l’été.

Comme je m’ennuyais depuis des mois au repos à la maison, Stéphane et moi avions trouvé une grande occupation pour nos soirées. Je l’avoue un peu gênée : il m’a rendue complètement accroc à la télésérie japonaise Naruto, soit près de 300 épisodes d’environ 20 minutes chacun, en date d’aujourd’hui (et ça continue !). Il s’agit d’un manga mettant en vedette Naruto, un jeune ninja en devenir qui découvre un peu la vie en même temps que ses techniques de combat. Ce n’est certes pas de la trempe de Evangelion, mais ça se laisse regarder et plusieurs des thématiques sont touchantes et bien traitées.

Croyez-le ou non, nous avons bouclé la boucle de la série la veille de l’accouchement, alors que je ressentais mes habituelles nombreuses contractions de fin de journée. Quel timing serré ! J’avais souvent dit au cours de la grossesse que bébé ne devait pas naître avant que l’on ait fini le dernier épisode, à la rigolade. C’est quand même un drôle de hasard.

Je dis aussi que cette grossesse est nipponisante car j’en ai profité pour lire plusieurs romans de Haruki Murakami, découverte venant de Karl, qui se laisse dévorer également. Je n’aurai pas eu le temps de me rendre à La course au mouton sauvage, mais je suis passée au travers de La ballade de l’impossible (un superbe roman d’apprentissage !), Kafka sur le rivage et Le passage de la nuit. Dans son coin, Stéphane lisait Génération Otaku de Hiroki Azuma.

Je commençais à me demander si le bébé aurait les yeux bridés ! Heureusement, ce n’est pas le cas, il ressemble plutôt à son papa ;)

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J’ai aussi eu plusieurs occasions de tromper mon mari au cours des derniers mois, et je ne m’en suis pas privée. Heureusement, nous sommes un couple très libre !

Je vous présente mon premier amant. Il s’appelle Jean-Saul Partre. Il s’agit d’un oreiller de corps très confortable qui s’est subrepticement glissé dans le lit conjugal pour alléger un peu le poids du ventre… Ceci dit, nous avons rompu dernièrement.

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Jean-Saul, avachi au lit

Car j’ai trouvé un nouvel amant depuis, avec qui j’entretiens une relation d’amour-haine assez ambivalente - et assez malsaine finalement. Il s’appelle Siboir de Meaunome. C’est le tire-lait avec qui je fais de multiples séances intimes en tête à tête, jour et nuit, depuis la fin juin. Remarquez que je suis là aussi en train de prendre mes distances…

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Siboir au salon

Je me suis également découvert un gourou et je suis entrée dans une secte, depuis la fin juin. Le gourou en question s’appelle Jack Newman et c’est le plus grand chantre de l’allaitement maternel que la terre ait porté. Ce gars-là vous ferait allaiter votre grand frère ou votre petit chat avec un élégant coup de baguette magique… Je pense que c’est lui qui a inventé l’allaitement maternel, sérieusement !

Il se trouve qu’avant l’accouchement, j’avais emprunté une série de livres sur le sujet, en sachant que ce n’est pas une chose facile à initier et qu’il vaut mieux être informée pour avoir confiance en soi. Au congé de la maternité, j’ai confié la pile de livres à ma mère pour qu’elle les rende à la bibliothèque, mais j’ai gardé cette Bible que je n’avais pas encore ouverte, qui dicte maintenant ma nouvelle religion, et grand bien m’en fut, car mes difficultés d’allaitement ne sont pas légères, c’est le moins qu’on puisse dire (et ce n’est pas encore gagné) !

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Juste après l’accouchement, on m’a montée à ma chambre et on m’a volé Monsieur pour aller lui faire subir ses premières souffrances médicales. Je reconnais entre mille sa petite voix caractéristique et ses hurlements vrillent mon coeur de maman toute neuve. Je demande à l’infirmière ce qu’ils sont en train de faire à mon bébé (et me demande pourquoi ce n’est pas fait en peau à peau…), et elle me répond sèchement :

“Bof, ce n’est pas ton bébé, il y a plein de bébés qui pleurent sur l’étage et tu ne peux pas le reconnaître…”

Pfff, on voit qu’il y en a qui sont franchement connes, ou alors qui n’ont jamais eu d’enfant, je ne sais pas… Je ne pensais jamais me changer en tigresse enragée toutes griffes sorties, mais c’est vraiment l’effet que ça fait, d’avoir un enfant : ça vient juste de naître, et déjà tu voudrais le protéger contre les misères de la vie, et ça fait mal de ne pouvoir le faire…

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Première sortie avec bébé porté en écharpe, en double croisé enveloppé devant (pour les connaisseurs), la semaine dernière. On marche sur l’avenue Laurier, mes pas se font doux pour ne brusquer personne, Monsieur fait un drôle de petit bruit à chaque respiration… On croise des jeunes filles sur le trottoir et je les entends se retourner sur notre passage :

“C’est un animal ou quoi ?”

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Arthur, 11 days, testing his new transportation medium

En quelque sorte, un nouveau-né, c’est encore un peu un petit animal, une sorte de mammifère-primate avec toutes sortes de réflexes, mais bon. C’est aussi un robot pour les protocoles hospitaliers, alors ça reste à voir.

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