Considérations à propos de l'économie sociale et du 'communautaire'

par Hoedic

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Je flotte ces temps-ci dans une étrange atmosphère, sorte de miroir déformant dans lequel plusieurs personnes me renvoient, directement ou non, l’image que le travail que je fais tiens quasiment du bénévolat. Rien de personnel, pour ceux dont émane cette image, il appert que le “communautaire” est vaguement fait pour qui il ne serait pas possible d’acquérir meilleure position, que ceux acceptant de donner des contrats le font comme on donne l’aumône aux pauvres.

C’est un peu cette approche condescendante que l’on a aussi entendu récemment de la part du gouvernement qui dans une démarche présentée comme altruiste souhaitait transférer au “communautaire” certaines tâches que le réseau de la santé n’arrive pas à prendre en charge efficacement. Évidemment les organismes en question sont montés aux barricades tant il était évident que cela tenait plus de l’exploitation qu’autre chose. Mais trêve de politique.

Mettons les choses au clair: l’économie sociale (ce que nous faisons chez Nord Ouvert) est un autre modèle que la classique entreprise à capital pour avoir une organisation. Ça met en évidence que ceux qui participent à cette organisation ne veulent pas le faire pour dériver des profits à des actionnaires et entendent donc investir tout bénéfice dans la mission de l’organisation. Ça ne veut pas dire que ceux qui y travaillent le font bénévolement. Et même si pour moi comme mes collègues cela implique un salaire plus faible que ce qu’on pourrait faire ailleurs, je ne goute pas quand un quelqu’un laisse quasiment entendre que je devrais travailler au salaire minimum (j’exagère à peine).

À mes yeux le modèle d’économie sociale est une approche qui correspond aux organisations dont la mission et le rôle dans la société sont plus importants que toute autre considération. Le fait d’être une organisation sans but lucratif ne veut pas dire qu’on fait du moins bon travail, que ceux qui y travaillent sont moins compétents et que les contrats obtenus doivent l’être à rabais…


Parlant de compétence. Bien souvent, ceux qui partent avec des préjugés de ce genre sur les organismes sans but lucratif devraient plutôt se regarder l’espace d’un instance. Dans mon expérience pour le grand capital, j’ai eu le plaisir de constater combien certaines personnes sont payées des sommes faramineuses pour… rien. Je ne parle même pas des P.D.-G. aux salaires mirobolants. De l’analyste “de base” au V.P complet-cravache, j’en ai vu des personnes payées de 70 000$ à plus de 500 000$ dont la plus-value était proche de zéro… quand elle n’était pas négative (nuisance incluse).

L’expérience de devoir générer son propre salaire, et possiblement celui d’autres personnes, sur base d’un produit ou d’une idée fait réaliser à quel point on se pose finalement assez peu de question quand on est salarié. C’est là qu’on se rend compte que pour générer un salaire, mettons de 70 000$, il est normal d’attendre une sacrée production de valeur, dans notre cas autant d’une valeur économiquement justifiable que socialement utile.


Parce que cette beauté échappe aux marchés, au crédit, à la consommation dont on voudrait nous faire croire qu’elle constitue le but ultime de nos existences, parce qu’elle nous emmène loin de l’accumulation de richesse, tout en nous enrichissant autrement, elle est subversive, comme la poésie.

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