Pourquoi bloguer en 2017

Après plusieurs soirées de travail, j’ai finalement resuscité près de 2200 billets du notre vieux blogue. Le tout a été traité pour être accessible sous forme de pages HTML statiques plutôt d’avoir besoin d’une plateforme. Ce faisant, je suis de nouveau en mesure de bloguer.

Après plusieurs années à procrastiner cette tâche qui s’est avérée plus simple que prévue, la tenue d’un prochain YulBlog ainsi que des appels à faire de 2017 l’année du retour du blogue m’ont poussé à passer à l’action.


Mais à propos, pourquoi bloguer en 2017?

Moi-même, je ne suis pas certain. En 2003, fraichement arrivé au Québec, c’était un moyen pour garder contacter avec la famille. Rappelons-nous qu’en ces temps anciens, les médias sociaux n’existaient pas encore; les blogues étaient la forme la plus simple pour publier régulièrement ou ouvertement du contenu. Toutefois l’espoir d’utiliser ce medium pour garder contact s’est rapidement dissipé, mais d’autres raisons ont émergé.

La communauté de blogueurs était à l’époque très dynamique. Par la magie du médium, il était possible de découvrir de nouveaux blogueurs à chaque instant, en suivant un lien, un commentaire, un référent dans les statistiques du site. Le concept restreignant “d’ami” ou de “follower” ne nous enfermait pas dans une cage d’apriori. Et au gré des échanges circulaient cette impression d’être maître de notre parole et, de manière surement présomptueuse, de faire partie d’une sorte d’élite des interwebs. C’était aussi une manière de rendre hommage à la vocation de web: un monde axé sur l’ouverture et sur le partage et une sorte de vecteur d’émancipation pour le plus grand nombre.

Plus concrètement, c’était aussi un moyen efficace, pour un jeune immigrant, de rencontrer du monde, de se faire des amis. Aussi virtuels que puissent être les blogues, c’est par eux que j’ai réussi à m’enraciner au Québec et à Montréal. Aujourd’hui encore, il m’arrive régulièrement de croiser au gré des aléas de la vie, ceux qui furent la crème de la crème à cette époque.

Est-ce que cet esprit de confrérie et une certaine approche d’ouverture sont perdus pour de bon? Probablement en partie. Même si les blogues n’ont jamais disparus, leur nature a changé, ils se sont trouvé un travail comme on dit. On trouve maintenant nombre de blogues sur les sites de nouvelles ou d’entreprises avec un but clairement affiché. Même ceux qui sont animés de manière indépendante s’alignent généralement avec des objectifs de marketing personnel. Les authentiques blogues d’humeur, parsemés d’inanités ou de réflexion profondes mais “inutiles” sont rares et trop clairsemés, noyés dans la masse d’information, pour obtenir la masse critique nécessaire à reproduire l’atmosphère qui prévalait dans le bon vieux temps. Et serait-ce souhaitable? Tandis que tout devient médié par Internet, un réseau trop actif et visible de blogues devient un poids plus qu’autre chose. C’est d’ailleurs, pour moi, ce qui avait signé le début de la fin.


Mais alors pourquoi bloguer en 2017 se demandent toujours les 3 lecteurs qui se sont rendus jusqu’ici?

Avant tout pour se sortir de ce que sont devenus les médias sociaux “traditionnels”. Ceux dont le modèle d’affaire est de capter notre attention. Me voici en train d’écrire dans mon terminal blanc sur fond noir. Pas de notification, pas de “ce qui va suivre est incroyable”. J’écris ce que je veux, sans sentir que je risque d’être jugé par mes “amis” et quand j’aurais executé ma commande de mise à jour, je refermerai mon écran sans la tentation de continuer à lire des monceaux de paroles sages partagées à l’envie.

Même si on ne reviendra jamais à l’âge d’or des blogues, il y a une valeur à conserver des modes d’expression indépendants et autonomes. D’essayer de maintenir ou de reproduire un tissu réticulaire plutôt que de se reposer uniquement les systèmes concentrateurs à la Facebook. Un réseau avec un noeud central peut paraitre plus efficace, mais il donne trop de controle à ce point de passage obligé, tout en étant plus vulnérable. Il n’est pas tant question de faire disparaitre le noeud actuellement central, que de le complémenter avec des liens ne passant pas par lui.

Enfin écrire ses pensées pour les consigner. Le rôle de carnet de note personnel est rapidement devenu la raison d’être de mon blogue. Et c’est un euphémisme de dire combien j’étais réjoui de lire des billets datant de plus de 10 ans quand j’ai excavé ces anciennes archives. Autant à travers les frivolités que les réflexions qui se voulaient profondes transparait un état d’esprit qui ne ressortira jamais dans des photos et encore moins dans les froides actualités d’époque. Je retrouve celui que j’étais à 23 ans, à 28 ans, à 32 ans, le contexte dans lequel je vivais et comme le petit poucet je constate mon évolution mais aussi ce qui n’a pas changé.

En ces temps fait d’incertitude avec parfois l’impression d’être devant un immense vide, où les plus grandes certitudes sont ignorées, bafouées, où la haine est attisée de toutes parts alors que pourtant tout pourrait être si clair et si lumineux, consigner aujourd’hui le futur passé demeure, à mes yeux, le meilleur moyen de ne pas se perdre en route.

But above all, truth matters, even tiny truths. Records matter. Keeping a diary matters. History matters. Science matters. Keeping objective facts straight in your head, when the world and your Facebook feed is screaming the opposite, is a vital act of rebellion.

Rapport de gendarmerie

  • 1h22: Réveil nocturne de #3. Femme arrive à le rendormir. Ouf, pas d’éveil prolongé en pleine nuit
  • 5h38: Réveil matinal de #3. Échec de recouchage
  • 6h12: Femme ramène le petit dans le lit. Comme à son habitude, il est en pleine forme
  • 6h24: Le petit joue dans le lit entre deux parents découragés.
  • 6h40: Femme se lève avec le petit. J’envisage de me rendormir
  • 7h23: Les deux grands se lèvent. Je n’ai pas dormis. Je vais bientôt devoir m’extirper du lit…
  • 7h28: Femme vient me chercher pour que j’aille acheter les croissants.
  • 7h32: Debout. Pipi
  • 7h38: Habillé. Le grand regarde Star Wars (le premier, celui de 1977). #2 joue à l’Ipad. #3 joue parterre en regardant tantôt Star Wars, tantôt l’Ipad.
  • 7h41: 3 degrés. #3 dit “maman”, #1 veut mettre le son plus fort car il n’entend pas bien. Femme prépare le petit-dej’… Je m’habille peniblement.
  • 7h48: Texto de boss. J’enfourche mon vélo..il pleute et vente, le Mont-Royal a la tête dans les nuages bas.
  • 7h55: Fou dessert. Comme d’habitude: 3 croissants 3 chocolatines, un palmier, un croissant aux amandes
  • 8h02: Retour à la maison, la table est mise. #1 est affamé. #2 ne lâche pas l’Ipad. #3 se fait habiller par femme
  • 8h07: Le chocolat chauffe. Je dois menacer #2 pour qu’il arrête l’Ipad. Échange de texto avec boss
  • 8h10: Les deux grands veulent des crêpes. Le petit veux un biscuit à tremper dans sa bouillie
  • 8h15: Le grand joue aux legos à table pendant que nous mangeons.
  • 8h18: #2 sort te table et se jette sur l’Ipad. Il faut le menacer pour qu’ils s’habille à la place.
  • 8h19: Le grand à mal au ventre. On l’invite à aller aux toilettes, parfois ça prend quelques rappels.
  • 8h23: Le petit dit en geste qu’il a fini mais continue de manger. On sort de table. #2 est déjà sur l’Ipad, le grand sur star Wars
  • 8h26: Toilettes… Femme brosse les dents des enfants. Puis les siennes.
  • 8h29: Échanges de texto avec boss.
  • 8h32: Brossage de dents personnel
  • 8h34: Femme et #2 sont prêts à partir à la zumba familiale. #1 joue au fusil laser avec un protége-banane. #3 essaie de sortir des livres de la bibliothèque
  • 8h35: Femme se fâche sur #2 qui ne veut pas mettre de chaussures. Les départs…
  • 8h36: Départ de femme avec #2. #3 essaie de les suivre dans les couloirs et proteste quand je le reprends.
  • 8h40: #1 mets le Star Wars numéro 3, celui où Anakin devient Darth Vader, qui est proscrit en présence de #2.
  • 8h44: Regardage de Star wars en famille… recherche du câble pour charger la télécommande qui a disparu pendant la réorganisation de l’appartement pour la vente.
  • 8h47: Câble trouvé
  • 8h52: Début de la procédure de couchage de bébé, histoire qu’il dorme à l’arrivée de Grand-Maman.
  • 8h58: L’homme à vaincu le bébé. Dodo à la première tentative et en moins de 10 minutes. Fiou.
  • 8h59: Je finis de ranger le petit dej. Le grand regarde le combat final entre Anakin et Obi-wan avec des écouteurs sans fil
  • 9h07: Lave vaisselle plein, je le lance et vais m écrouler dans le canapé. Une sieste ne serait pas de refus…
  • 9h13: Grand-Maman arrive pour garder le grand pendant mon aïkido. Obi-wan à gagné. Je prépare mon sac
  • 9h18: Habillage et départ en vélo. La pluie a cessée, on voit le sommet du mont-royal
  • 9h39: Arrivée à Mcgill
  • 9h44: Changeage. Arrivée d’un collègue d’aikido.
  • 9h52: Enfilage d’hakama
  • 10h: début du cours
  • 10h02: Exercices respiratoires et étirements
  • 10h14: Pratiques de roulades. Mon vaccin pour la grippe me fait mal à l’épaule. Je travaille mes chutes pour mieux rouler et passer plus sur le dos que sur l’épaule.
  • 10h22: Techniques sur Gyaku hanmi katate dori
  • 10h55: Techniques sur Ayami katate dori
  • 11h12: Techniques libres sur Yokomenuchi
  • 11h18: Simulation d’examen pour deux collègues qui doivent passer leur 1er premier kyu dans deux semaines.
  • 11h25: Relaxation et exercices respiratoires.
  • 11h30: Fin du cours. Le cours d’enfant début. Pliage de l’hakama
  • 11h40: Sortie du tatami, direction le vestiaire. Placotage de vestiaire.
  • 11h53: Sortie de McGill, direction le Centre Père-sablon. Un texto de femme me rappelle de la rejoindre.
  • 12h13: Arrivée à Père-sablon. Femme n’est pas au 4ème. Je cherche au 3ème
  • 12h16: Je finis par sortir mon cellulaire pour découvrir qu’elle a honteusement abandonné #3 à se activités parce que #1 était crevé. J’en déduis que la sieste avant de partir à l’aikido n’a du être bien longue… Ça promet avec le changement d’heure ce soir.
  • 12h21: Je m’installe à une des rares places avec une petite tablette et vue sur le gymnase. La place est exigüe, une femme est affalée sur son cahier et prend le 3/4 de la place disponible.
  • 12h22: #3 est au trampoline.
  • 12h27: #3 change d’activité. Je réponds à des courriels du travail.
  • 12h33: À coté de moi, des parents débattent longuement du fait que le niveau a baissé depuis que Père-sablon ne fait plus de compétitif, que les prof ne poussent pas assez les enfants. Je continue à répondre à des courriel en plus de méditer sur une réunion importante, mardi prochain.
  • 12h42: Fin des courriels. #1 est rendu aux exercices de sol.
  • 12h45: Traitement de données géospatiales qui me donne du mal depuis hier: soustraire les étendues d’eau au territoire des municipalités ne marche pas…
  • 12h56: Montage à la corde. #1 est le digne fils de son père et n’arrive pas à faire plus d’un mètre alors que d’autres enfants montent tout en haut. Il doit nous manquer un gène de singe.
  • 12h59: Fin du cours sans avoir pu résoudre mon problème de données géospatiales, pour ma plus grande frustration.
  • 13h05: Arrivée à la voiture. J’installe difficilement mon vélo sur le rack et on part
  • 13h21: Arrivée à la maison. Je laisse le vélo sur le rack par flémardise. Tout est calme dans la maison. Le petit sieste. Femme et #2 font semblant de dormir.
  • 13h22: Pipi
  • 13h24: #1 prends l’Ipad. Femme me propose de me mettre au lit mais de manière surprenante je décide de prendre une douche
  • 13h38: Fin de la douche
  • 13h40: Situation inchangée hors de salle de bain.
  • 13h45: Habillé. #1 fait son Ipad assis au sol dans un coin de la maison pour charger l’appareil
  • 13h48: Je me taille un sandwich dans une niche de pain. La mache que j’ai sorti du jardin il y a deux semaines est encore bonne
  • 13h53: La seule autre personne debout de la maison n’a pas faim.
  • 13h59: J’ajoute une pita et du humus pour faire bonne mesure. Avec un peu de Coke diet laissé par femme
  • 14h05: Une pomme et une part de gâteau au chocolat maison
  • 14h09: Femme se lève. #2 dort. #1 lâche l’Ipad et passe aux Lego
  • 14h12: Femme a reçu une première demande de visite pour la maison
  • 14h21: Je m’apprête à corriger des erreurs sur l’offre mais #3 se réveil en plein désarroi. Je vais le chercher pour laisser femme manger.
  • 14h22: #3 veut clairement sa maman
  • 14h24: #3 veut clairement manger
  • 14h28: #3 mange. #1 s’en va jouer dans sa chambre non sans avoir protesté contre les visites de maison qui s’en viennent
  • 14h35: Correction d’erreur dans l’offre. #3 mange salement. Puis pleure
  • 14h40: #3 mange des framboises. Je cherche de mellleures photos de la maison
  • 14h48: Lecture des recommandations de DuProprio pour les visites et les négociations. #3 jette ses framboise au sol… puis pleuniche parce qu’il n’en a plus.
  • 14h51: Pour la 3ème fois, #3 nous signifie qu’il a fini de manger. Femme essaie de lui refiler une banane.
  • 14h54: #3 réussi à se faire descendre de table et fait quelque pas accroché à mes doigts.
  • 15h04: #3 veut être dans les bras de maman mais se fait finalement déposer sur le canapé. Visiblement les premiers acheteurs potentiels sont quand même assez motivés.
  • 15h06: Transfert d’image pour consolider nos multiples backups ainsi que des photos oubliées sur un ancien laptop. #2 est réveillé.
  • 15h08: Les deux grands vont jouer dans notre chambre. #3 est malheureux d’être abandonné par ses frères… et puis veut du lait.
  • 15h12: Recherche de nouveaux épisodes des Cités d’or (saison 3) sans succès.
  • 15h15. Relance du foyer, complètement coupé pendant la saison estivale. Il marche du premier coup. J’entends les enfants jouer au sabre laser dans notre chambre avec un ou deux “aie” occasionnels, rien de bien grave.
  • 15h20: Chicane de frères; ça ne pouvait que se finir ainsi, tôt ou tard. #2 passe à l’ipad, #1 retourne aux légos, #3 attrape ce qu’il peut comme jouets.
  • 15h35: Femme commence à ranger l’immense bordel permanent en vue de la visite demain.
  • 15h45: #2 arrête l’Ipad et joue aux voitures avec #3. Nous rangeons et je tranfers des photo en même temps.
  • 15h51: À chaque fois que Femme et moi nous croisons dans la maison, on échange sur les choses à faire disparaitre pour la visite. #1 continue à jouer aux legos.
  • 16h03: Je propose Bakemono no ko à #1, qu’il refuse. La bête n’a pas assez l’air d’une bête.
  • 16h11: #2 et #3 joue ensemble dans notre lit. #1 lit Les explorateurs dans le salon
  • 16h18: #2 abandonne #3 pour jouer avec de la ficelle
  • 16h23: #3 se sent abandonné et s’en va pleurer dans la chambre. Je ne trouve plus une ampoule dont j’avais besoin
  • 16h28: Bricolage d’un truc de merde mal foutu avec des vis plates mal vissée.
  • 16h40: #3 se fait changer la couche et veut du lait à suivre.
  • 16h42: #2 veut tout ranger et laver (notre rangement semble l’inspirer!)
  • 16h54: Départ en direction de Home dépot avec #3
  • 16h59: Presque arrivé, je me rends compte que j’ai oublié la poussette… On vivra sans
  • 17h04: Arrivé. Les chariots permettent de mettre des bébés
  • 17h05: Merde, Home depot ferme à 17h!!! Demi-tour. Sérieux, 17h!
  • 17h07: #3 n’est pas très heureux de se faire remettre aussi rapidement dans la voiture
  • 17h15: Le bébé est très silencieux. Peut-être dort-il
  • 17h19: Arrivée à la maison. Évidemment, il ne dort pas.
  • 17h22: Les deux grands regardent les tortues ninja (le vieux film)
  • 17h29: Je joue un peu dans le lit avec #3.
  • 17h34: #3 n’est pas content. Il pleure. Besoin urgent de maman
  • 17h45: Femme veut imprimer quelque chose, mais des cartouches sont vide. Comme à chaque fois, je me dis qu’une imprimante laser serait mieux. Les grands regardent encore les tortues ninjas, le nébé mange du papier toilette dans la salle de bain.
  • 17h48: A la cuisine pour préparer une Moussaka. #3 pleure, semble vouloir du lait, mais dit non quand Femme en propose, mais pleure encore plus après
  • 17h54: Tentative de couché de #3 par femme, se solde par un échec. J’envisageais d’utiliser les aubergines du jardin… mais elles sont pourrie. Poubelle.
  • 17h58: #3 se venge sur la bouffe du chat.
  • 18h04: #3 se venge sur la litière. J’avance le souper.
  • 18h23: #3 se fait mettre sur le dos de femme car il est trop chiant. Les garçons sont encore sur les tortues ninja.
  • 18h40: Moussaka enfournée. #3 fait Mmmmm, ce qui veut dire qu’il a faim et qu’il est titillé par les odeurs. Les grand enchainent sur le numéro 2 des tortues ninja.
  • 18h58: Moussaka prête. #3 est sur le point de se décomposer.
  • 19h01: On passe à table. Comme prévu, les enfants ne veulent pas de Moussaka. On leur réchauffe des pates qui ne font pas nécessairement plus plaisir au monde.
  • 19h12: #3 mange de la moussaka à pleine poignées. #2 a finalement essayé mais est dégouté par les oignons
  • 19h18: #1 passe au classique Pita-humus.
  • 19h25: On entend un bruit de camion inhabituellement fort. Des voisins font un party, la porte du couloir donnant dehors est ouverte. Les enfants se portent volontaire pour la fermer.
  • 19h28: #1 revient en disant qu’il y a 54 chaussures dans le couloir, ce que nous avons du mal à croire.

Rassemblement de chaussures

Rassemblement non autorisé de chaussures
  • 19h29: On finit le gâteau au chocolat. Sachant que demain on a un autre gâteau pour les 1 ans de #1…. et j’ai aussi accepté de faire des crêpes demain matin. Week end spécial sucre en plus d’Halloween
  • 19h30: Je propose aux 2 grands de prendre une photo du couloir avec mon téléphone. Il y a effectivement beaucoup de chaussures!!!
  • 19h35: #3 a manger tout son bol de Moussaka. Les garçons jouent au sabre laser, jeu amour-haine, veulent jouer ensemble mais non. #1 met plein de règle.
  • 19h36: #3 fait caca à table pendant qu’il mange des clémentines
  • 19h38: Je vais faire couler le bain pour #1.
  • 19h40: Femme va changer #1 en vue d’enchainer avec le bain.
  • 19h42: Finalement je fais le changement de couche. Le bébé ma gratifie de quelques pas en me tenant les doigts
  • 19h49: Au bain avec #3.
  • 19h54: Après avoir bu la tasse, bébé découvre les voitures de #2 au fond de l’eau et joue à les faire rouler sur mon ventre et mes jambes.
  • 20h03: Sortie de bain. Les deux grands continuent à jouer de bonne humeur. Toute la routine est passablement décalée en vue du changement d’heure: Ça rend les choses moins pressées…
  • 20h08: J’annonce 2 minutes à Axel qui ne crise pas encore. La question est de savoir s’il va se rappeler qu’il voulait continuer Tortues nonja avant le bain.
  • 20h10: Femme met du jus de nez à bébé. 20h11: #2 vient me raconter leur histoire et me donne l’impression qu’il lui faut encore 2 heures de jeu. Magnanime, je laisse 2 autres minutes
  • 20h14: J’invite #2 au bain. #1 erre dans le salon et se saisit de mon celullaire.
  • 20h16: Après 453 rappels, #2 finit par rendre dans la salle de bain. Puis en ressort. Y retourne
  • 20h20: Les voisins ont encore laissé la porte du dehors ouverte alors qu’il fait tout de même assez frais dehors…
  • 20h21: #2 cours encore en tous sens… sans être dans son bain. #3 est dans notre chambre, #1 joue aux Lego en attendant que son frère aille au bain… pour continuer les tortues ninja.
  • 20h22: Finalement, #2 prend une douche.
  • 20h25: #1 arrive en crise: à cause de la douche, son frère ne sera pas élgoiné assez longtemps pour qu’il puisse avancer son film. Je le recanalise pour jouer avec #3. Pendant ce temps, je réponds à un message Linkedin.
  • 20h31: #2 sort de la salle de bain et rejoints ses 2 frères sur notre lit.
  • 20h34: Je demande à #2 de sortir pour lui lire ses histoires. Les deux grands s’en vont, laissant #3 à l’abandon.
  • 20h35: #2 cours dans tous les sens en criant. Il est clairement à deux doigts de s’endormir… #3 pleure
  • 20h37: Démarrage de la procédure de coucher de bébé. Il se met à hurler dès que j’entre dans sa chambre. J’essaie la prise du bébé ours. En vain, il se débat comme un forcené. Il a clairement passé son heure d’expiration.
  • 20h40: Il se calme, puis repart de plus belle.
  • 20h43: Femme vient à la rescousse de #3 (et de son père) en lui proposant le lait salvateur. Je vais lire les histoires de #2.
  • 20h52: Femme vient me relayer auprès de #2, après avoir vaincu #3. Je vais annoncer à #1 qu’il devra bientôt aller au lit
  • 20h54: Lecture sexy du soir: le dernier numéro du magazine Routes et transports!
  • 21h04: J’envoie fiston au bain. Même en prenant en compte le changement d’heure, c’est tard!
  • 21h13. #1 sort de la salle de bain, se seche et s’habille. Je le renvoie dans la salle de bain pour se brosser les dents pendant que je cherche son livre
  • 21h15: Il revient, je lui lis son histoire: animal totems, tome 2
  • 21h23: #2 sort de sa chambre. Il ne dormait pas le vlimeux!
  • 21h25: Fin des histoires de #1. Tout le monde au lit. Femme prend sa douche. Je cherche des documents pour la mise en vente de l’appart.
  • 21h34: Document trouvés. Je reprends ma lecture. #1 chantonne la marche impériale de Darth Vador dans son lit pour s’aider à s’endormir.
  • 21h40: Intervention pour que #1 baisse le volume sonore de la marche impériale, il ne faudrait pas ça réveille ceux qui dorment
  • 21h57: Fin de la lecture, #1 a fini par lâcher la marche impériale et semble dormir. Place à un épisodes des Cité d’or
  • 22h: Fin de l’épisode. Dans un mouvement de manque de volonté totale et en dépis de notre fatigue, on commence un second épisode.
  • 22h11: Dans un élan de sagesse infinie, nous interrompons l’épisode pour aller nous coucher. Brossage de dents
  • 22h14: Coucher

Récemment, la Presse a publié un article dont l’objectif avéré était d’aider les gens à choisir un art martial correspondant à leurs attentes. Pour l’aikido ça donnait quelque chose comme suit:

Pour qui: Ceux qui sont persistants
(…) «Ce sont des mouvements plus compliqués à maîtriser [qu’au karaté], explique-t-elle. Tu as l’air poche longtemps.»
Source: Arts martiaux: à chacun son style

On peut difficilement trouver une description qui donne moins envie de faire une activité. Alors, parmi les milliers qui existent sur internet et dans les livres, voici ma petite contribution à la grande question: pourquoi faire de l’aikido?

Premièrement, l’aikido est un art martial que je qualifierais de “soft”: pas de frappe, pas de compétition, pas de domination. C’est un art martial “coopératif”, que je sois de celui qui fait la technique ou de celui qui la reçoit, j’ai quelque chose à apprendre et je participe à l’apprentissage de l’autre. Lorsque je reçois une technique, j’apprends à chuter de manière sécuritaire, à détecter les possibilités de contre-attaque et enfin à évaluer quand il demeure possible d’essayer de s’échapper ou qu’il est préférable de laisser aller la technique plutôt que de résister et risquer de se blesser. Évidemment, lorsque je fais une technique j’apprends à la faire correctement, mon partenaire me donne l’énergie et accepte la technique, sans la boycotter (e.g jouer le roc qui ne bougera pas) mais sans non plus laisser passer une technique inefficace.

Hakama

Aikido de la montagne, le 31 mars 2005

Ce qui m’amène au deuxième point: l’aikido est efficace. En cherchant sur internet, on a vite fait de trouver toutes sortes de comparatifs sur les arts martiaux dans lesquels l’aikido est facilement comparé, comme j’ai vu une fois, à du “japanese ballroom dance”, avec des mouvements sont largement chorégraphiés. Certes, l’aikido n’est pas aussi directs que d’autres arts martiaux car sa philosophie est de se protéger sans pour autant blesser l’autre. Orienter l’énergie d’une attaque pour qu’elle se dissipe. Outre l’aspect philosphique, comme beaucoup de monde, ça ne me tente pas de faire du jujitsu brésilien ou du krav maga. Des techniques certes plus directes, mais pas franchement agréables à pratiquer. L’aikido offre un compromis intéressant entre efficacité et agrément de pratique. Par ailleurs, l’aikido s’adapte à une grande variété de situations: seul à seul, seul contre plusieurs, attaque à l’arme blanche ou un bâton. Les mêmes principes s’appliquent à toutes ces conditions.

Comme plusieurs arts martiaux asiatiques, ce qui permet cette versatilité potentiellement face à des opposants plus grands ou plus forts, c’est un certain rejet de la force physique et dans le cas particulier de l’aikido, le refus d’opposer la force à la force. Et autant le dire: c’est très difficile de résister à l’envie de faire jouer les muscles. Même dans le cadre d’une pratique codifiée, lorsqu’une personne arrive sur vous pour vous saisir ou (prétendre) vous frapper, le système nerveux sympathique se fait aller les neurotransmetteurs avec son lot de tension physique. Cette tension devient un handicap pour des techniques s’appuyant sur l’anticipation, la perception et la fluidité. Il faut donc désapprendre au corps certains de ses reflexes primaires. Pas une tâche facile.

Et c’est aussi ce qui rend la progression lente. Ceci dit, la découverte de nouvelles choses, de nouveaux concepts est pas mal permanente; la lenteur des progrès ne doit pas être confondue avec l’absence d’apprentissage. Le début est difficile car on a vraiment l’impression de devoir apprendre et contrôler des miliers de choses: les noms de technique (en japonais pour faire simple), la synchronisation de différents mouvements nécessaires pour chaque étape d’une technique, le contrôle musculaire (en essayant de rester détendu), etc. Toutefois, assez rapidement, les bases sont suffisamment posées pour effectivement commencer à apprendre et ressentir du progrès même si on se sent à des années-lumières des plus avancés.

Fluidité, sans force ni d'opposition à l'attaque. Ikkyo ura.

La lenteur des progrès est également liée au nombre de variantes possibles pour une même technique. Le “premier principe” (ikkyo), habituellement la première technique que l’on apprend, peut être réalisée de milles manières différentes. Une large partie de ces variantes sont “mauvaises”. Soit qu’elles ne marchent simplement pas (mais qu’un partenaire trop laxiste laisse tout de même passer), qu’elle ouvre la porte à une contre attaque ou, et c’est là la difficulté, parce qu’elle pourrait blesser l’un ou l’autre des pratiquants: Lorsque l’on fait ikkyo sur une attaque venant d’en haut (voir ci-dessus), il est très facile d’avoir un contact brutal, une opposition dans les deux mouvements. Une bonne manière de le faire se fait sans opposition, dans la continuité du mouvement. Même des pratiquants expérimentés peuvent avoir du mal là-dessus.

L’aikido est loin d’être parfait et le but n’est pas de jouer au jeu du meilleur art martial. Malheureusement, trop de pratiquants -voir des instructeurs- veulent absolument démontrer l’efficacité de l’aikido, favorisant une approche plus physique, s’éloignant ainsi du style classique et le plus reconnu autant du point due vue philosophique que pratique.

Tout ceci pour dire que non, l’aikido n’est pas une activité pratiquée selon une sorte de masochisme visant à rester poche longtemps ou se donner l’impression d’avoir des pouvoirs transcendants. Comme beaucoup d’art martiaux, c’est un travail sur soi, une amélioration des capacités physiques et mentales et, dans ce cas-ci, en minisant les risques de coups et de blessures (écrit celui qui s’est luxé la clavicule au début de l’été.)

J’ai beau vouloir me le cacher, je ne peux que constater qu’une indéniable fierté me saisie à l’idée d’avoir obtenu mon 3ème kyu d’aikido. Pourtant, sur le coup, je ne me sentais pas débordé par un immense sentiment d’accomplissement.

Dans mon dojo (pas nécessairement partout), le 3ème kyu est un premier rite de passage donnant droit de porter l’hakama, ce pantalon large noir ou bleu marine qui fait la spécificité de certains arts martiaux comme l’aikido. Cet attribut représente le fait d’être “avancé” (bien que dans les faits le 3/4 du dojo est plus avancé que moi) et donc de guider, d’aider les débutants.

Hakama

McGill Aikido, le 7 avril 2016

Mais à bien y réfléchir, cette étape veut dire plus pour moi. J’ai mis les pieds sur un tatami pour la première fois en 2005, je crois, pendant 6 mois, au mieux. Puis un autre 6 mois avant la naissance d’Arthur avec une pause d’un an. Puis encore une pause d’un an après la naissance d’Axel. Si j’avais agi de même pour la naissance de Florent, je serais encore en pause pour un bon 7 mois…

Pendant toutes ces périodes faites d’arrêt et de reprises, j’avais pourtant la certitude qu’il s’agissait d’une activité importante pour moi. Un acte régulier qui me confrontait à mes limitations, m’aidait ou probablement m’aiderait à faire face à une irascilibité omniprésente dans ma vie. Mais le processus était loin d’être évident.

Examen d'aikido

Techniques suwari waza (à genou) et freestyle - McGill Aikido, le 7 avril 2016

Examen d'aikido

Techniques de désarmement et de jo (bâton) - McGill Aikido, le 7 avril 2016

L’aikido est un art martial de non-agression. Certains diront à la boutade que le but de l’aikido est de ne pas avoir à s’en servir. Mais au-delà, c’est l’art de ne pas utiliser cette force brutale qui veut surgir à la première provocation. Après toutes ces années de pratique, je commence à peine à m’en imprégner physiquement. C’est ce travail autant physique que mental qui m’amène volontier sur le tatami chaque fois que je peux, malgré la progression atrocement lente que cela implique. Je regarde les photos de mon examen et chacune me montre tout ce que j’ai mal fait, chacune expose une tension musculaire superflue et parasite.

Malgré toutes ces lacunes, je suis fier de ce que j’ai accompli: tout en voyant l’infini territoire encore à traverser, je suis conscient de ce que j’ai déjà parcouru. Ces avancées sur le tatami se font aussi entre les deux oreilles et à défaut de pouvoir parler de calme ou de sérénité, je pense dire sans l’ombre d’un doute que je suis aujourd’hui plus apaisé que je ne l’étais la première fois où j’ai foulé un tatami.


Life is growth. If we stop growing, technically and spiritually, we are as good as dead.

Morihei Ueshiba, fondateur de l'aikido
Le fier territoire de l'homme

Poursuivant mon rattrapage de lecture -au détriment de mon sommeil, je suis passé au travers de l’essai Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles. Le titre m’a fait repousser sa lecture bien que les essais d’Atelier 10/Nouveau Projet soient toujours porteurs de messages forts. Après Second début, qui traitait du retour nécessaire du féminisme, voici donc le pendant traitant du rôle de l’homme.

Steve Gagnon soulève avec un certain lyrisme toutes les tares qui pèsent sur les épaules des hommes, et plus encore des adolescents. Si le féminisme a des objectifs a priori assez clairs, la définition des problèmes des hommes est plus épineuse, plus souterraine, à la manière dont la gente masculine tend à enterrer ses états d’âmes le plus profond possible pour ne plus en entendre parler. Cliché? Peut-être. Pourtant à lire la description que donnent des ados de la virilité, clichés et réalités ne se confondent que trop bien.

Une courte lecture recommandée à tous les hommes, bonus supplémentaire aux pères de garçons (avec 3 chez moi, je devrais pouvoir le relire encore quelques fois.)


Ce livre, bien involontairement, m’a replongé dans un des épisodes les plus humiliants de mon adolescence. Pas l’humiliation superficielle de celui qui prend un vent en public ou se fait tabasser à la sortie de l’école. L’humiliation profonde, celle qui change la perception qu’on a de soi-même, dans la mauvaise direction.

Je devais avoir 16 ans et passais un temps significatif à mes entrainements de natation; sans aucun espoir d’atteindre ne serait-ce qu’un niveau national, c’était un élément important de ma vie. Un jour, le club nous annonce qu’il peut former gratuitement 3 membres de l’équipe comme maitre nageur (formation d’une valeur de 2000 francs) et que les personnes formées pourrons ainsi donner des cours aux plus jeunes et avoir un petit salaire. Mes deux meilleurs amis et moi-même posons notre candidature: nous sommes les meilleurs du club et les plus vieux, nous sommes les trois seuls titutlaires d’un dauphin d’or, niveau le plus élevé pour le sauvetage, nous sommes certains d’être les heureux élus.

La semaine suivante, nous apprenons que les sélectionnées sont trois copines de 3 ans nos cadettes, techniquement relativement moyennes en natation. Lorsqu’avec mes amis nous demandons des explications, la réponse est simple, directe, cassante: les garçons sont moins matures que les filles. Il fallait croire qu’un écart de trois ans justifiait encore de prendre les filles.

La vérité était bien sûr toute autre: le père d’une des trois filles était président du conseil d’administration du club. Il a du se dire que s’il se cassait les couilles dans ce rôle, il pouvait bien obtenir quelques passe-droits pour sa fille et ses copines. Nous le savions bien à l’époque, mais l’argument servit pour justifier le choix n’en était pas moins ravageur pour nous; pour moi du moins.

Je me rappelle m’être retrouvé dans les vestiaires avec mes amis et avoir dit quelque chose comme “ils veulent qu’on ne soit pas mature, on va leur montrer”. Et s’en sont suivis plusieurs conneries bien senties comme peuvent en faire des petits cons en quête de revanche.


Est-ce que les garçons sont immatures? C’est ce que mentionnent plusieurs adolescentes interrogées dans le cadre de l’essai de Steve Gagnon. Chose certaine, je l’étais. À l’époque je me pensais précoce parce que j’avais fait ma puberté tôt, j’étais grand et les choses avaient fait que j’avais acquis une liberté d’action assez importante dès l’âge de 13-14 ans.

Dans les faits j’étais indolent, superficiel et je passais le plus clair de mon temps libre à glander ou regarder des émissions de télévision que je trouvais moi-même chiantes. Sauf quand il s’agissait d’aller nager ou de faire des choses dangereuses comme plonger du haut d’une falaise.

Comme l’explique l’essai, il est du devoir des hommes d’aider les garçons à se trouver. Je continue à croire que nous aurions été de bons maîtres nageurs: la piscine était notre deuxième maison et toute occasion pour nous retrouver ensemble était bonne -bien que la majorité du temps nous étions trop feignants pour nous retrouver hors des entrainements. Un peu de reconnaissance aurait surement fait le travail pour un certain temps, probablement plus que les filles choisies qui se sont rapidement trouvé une autre activité. Au lieu de ça, nous avons continué à fomenter des mauvais coups pour nous confirmer et autres que nous étions effectivement immatures.


Je nous souhaite d’être solidaires envers ces adolescents perdus qui cherchent comment devenir les humains nobles et flamboyants qu’ils ont encore l’espoir d’être, puisque c’est notre responsabilité de les tenir à l’écart des garde-robes de sous-sol où ils ont tendance , trop souvent, à s’attacher le cou.

Steve Gagnon, Je serai un territoire fier et tu déposeras tes meubles.