Maintenant que nous sommes en médecine, nous avons énormément de choses à apprendre, tant sur les plans théorique que pratique. Cela peut engendrer une certaine anxiété devant la somme de travail à fournir et les risques encourrus. Après tout, nous sommes appelés à tenir entre nos mains la santé et la vie de compatriotes de plus en plus intransigeants.
En outre, pour arriver où nous sommes, il aurait fallu faire preuve d’un esprit de compétition assez élaboré et être animés d’une compulsivité formidable. Ainsi conditionnés, nous ne saurions plus maintenant comment cesser d’être des paquets de nerfs ambulants devant l’absence d’un enjeu véritable pour les années à venir. (Sauf moi, à tout le moins, qui suis occupée à savourer tranquillement la joie de ne pas avoir eu à passer au travers d’un concours P1 et de ne pas avoir devant moi un concours d’internat). Alors nous continuerions à nous imposer une pression excessive. Du moins, c’est ce qu’affirme jusqu’à notre vice-doyen en personne.
Ce qui expliquerait que de nombreuses personnes aient “craqué” l’an dernier ; certaines ont abandonné le programme, d’autres ont échoué ou redoublent, etc. Beaucoup seraient allés pleurer et se plaindre devant l’impossibilité de ce qui nous est demandé chez le coordonnateur de l’année.
Alors, pour prévenir, on nous fait de longs - très longs - discours sur la difficulté normale de ce qui nous attend. Du stress à gérer. Des loisirs à préserver. De la nécessité de requérir de l’aide au moindre pépin, sans laisser traîner. Des attentes envers nous-mêmes à abaisser pour les rendre plus réalistes. Et puis quoi encore. Une armée se trouve donc à notre disposition au moindre ennui, du psychologue à l’aide financière d’urgence.
Ça a l’air bien gentil… Mais n’est-ce pas un peu trop ? Je me souviens avoir été bien affolée, à la même époque, un an auparavant, devant de semblables sermons d’accueil si alarmistes. Inutilement. Tout s’est très bien passé, et je n’ai jamais compris tous ces avertissements avant même de débuter.
Sommes-nous en train de devenir des assistés qui ne peuvent encaisser ni faire face à quoi que ce soit ? La possibilité de se plaindre à ce point ne peut-elle pas aussi accentuer nos problèmes ? Et si nous étions plutôt partis avec l’idée convaincante et rassurante que nous pouvions tous y parvenir sans problème, avec de l’effort ?