Une petite citation de Richard Desjardins, pour la route : “Quand papa revenait de son shift à l’Alcan, maman s’en allait à la chambre de bains et elle se mettait du rouge à lèvres. C’est ça, l’amour. Moi, ça me renverse.”
Monsieur Desjardins sort cette semaine un nouvel album au titre intrigant et envoûtant : Kanasuta. C’est en fait le nom d’une forêt de type boréal de l’Abitibi.
On ne peut décemment dissocier la sortie de ce disque d’avec le combat de l’artiste au sein de l’Action boréale en Abitibi-Témiscamingue, visant la protection des forêts du riche patrimoine de la province.
Je suis moi-même native de cette région à la fois belle, sauvage (il suffit de voir le parc de la Vérendrye) mais aussi monotone (des arbres, des lacs, une absence relative de relief) ; j’y ai passé la première moitié de ma vie, oscillant entre Rouyn-Noranda et Val-d’Or. Mon père travaillait dans les mines de la région. Je me sens attachée aux sapins et épinettes de ce lointain coin de pays, j’y tiens, mes racines s’y trouvent et ça me fait mal quand on les coupe. Nous avons bien besoin de ces grandes bouffées d’oxygène.
De mon enfance là-bas, j’ai surtout souvenir de grands espaces et de nature sans fin, vierge et nordique. De froid piquant et mordant, d’hivers féroces. De mouches noires ? Vraiment pas tant que ça… De chasse ? Oui, trop même, l’automne… De fumée s’échappant des grandes tours polluantes de l’usine Noranda ? Oui, c’est central dans le paysage, ça ne se loupe pas…
Richard Desjardins embrasse là une cause belle et d’importance, et j’ose croire ne pas être la seule touchée et concernée par la sauvegarde de l’environnement. Voyez *L’erreur boréale *si vous n’êtes pas convaincus…