Mais revenons à la douceur. Ce qu’elle a de féminin, ou qui paraît tel, c’est un courage sans violence, une force sans dureté, un amour sans colère. C’est ce qu’on entend si bien chez Schubert, c’est ce qu’on lit si bien chez Etty Hillesum. La douceur est d’abord une paix, réelle ou souhaitée : c’est le contraire de la guerre, de la cruauté, de la brutalité, de l’agressivité, de la violence… Paix intérieure, et la seule qui soit une vertu. Souvent trouée d’angoisse et de souffrance, parfois illuminée de joie et de gratitude, mais toujours dépourvue de haine, de dureté, d’insensibilité…
André Comte-Sponville (Petit traité des grandes vertus)