Tel est le nom de mon cours du mercredi soir. Le titre complet pourrait être perception du risque en santé environnementale.
C’est un cours très intéressant, vraiment. C’est l’occasion de s’interroger sur les critères selon lesquels nous jugeons, nous percevons les événements qui nous entourent. Une réflexion de quelques instants, mais pourtant rarement effectuée par ailleurs, permet de comprendre à quel point il est impossible d’être objectif dans le traitement de l’information.
L’un des sujets de réflexion d’hier est un événement récent, trop récent pour qu’il n’en soit pas biaisé d’ailleurs, mais qui mérite réflexion tout de même.
Au lendemain de l’attentat sur le World Trade Center, de nombreuses questions se sont posées aux responsables environnementaux à savoir si l’importante fumée ainsi que toutes les particules volatilisées par l’impact ne présentaient pas un danger du point de vue sanitaire. La Maison Blanche a alors émis un communiqué de presse basé sur les dires de l’EPA stipulant que les niveaux de pollution et de particules dans l’air était inférieurs aux normes en vigueur. Soit.
Mais, pas plus tard qu’au début du mois, un groupe d’expert en charge de revenir sur cette question lance dans la mare un pavé de 500 pages. 500 pages d’accusation contre l’EPA et la Maison Blanche, le premier ayant remis un rapport alors que certaines concentrations (notamment BPC et amiante) n’étaient pas encore connues, la seconde pour avoir dit que certains niveaux étaient sous le seuil acceptable alors qu’ils étaient au-dessus des normes de la même EPA.
En réalité, que faire dans une telle condition ? Il est évident qu’il y a eu une manipulation grossière de l’information. Mais supposons que nous sommes en charge de prendre une décision à cet instant précis, un ou deux jours après le 11 septembre : tous les résultats ne sont pas sortis, certains milieux poussent pour avoir des réponses. Si on ne dit rien, on ouvre le champs aux pires rumeurs, si on dit toute la vérité c’est-à-dire qu’il va peut-être falloir évacuer la ville pendant plusieurs semaines, ce sera la panique (et ce n’est pas sans risque) et adieu la reconstruction rapide, si on cache la vérité, on prend le risque de voir la population contaminée.
Fortement contaminée ? Tout laissait à penser que la contamination n’était pas très importante, mais les séquelles peuvent tout de même se faire sentir au bout de quelques années.
Alors que faire ? Naivement, je serais partisan de la “vérité”, en l’occurrence faire part à cette population sous le choc des risques encourrus et déclarer un périmètre de sécurité. Cependant les réactions peuvent être complètement inconsidérées dans une telle situation. Bien que j’ai généralement la critique facile à l’égard de l’administration Bush, il est évident que la question soulevée ici est loin d’ête évidente.
Ce cas montre aussi travers notoire : les dirigeants qui ont pris cette décision ont eu raison ! En effet, qu’auraient-ils perdus s’ils avaient dit la vérité ? Beaucoup ! L’économie ne serait pas reparties avant plusieurs mois, une vraie catastrophe. Qu’ont-ils perdu (ou que vont-ils perdre) ? Sûrement assez peu, peut-être quelques points de sondage et quelques dollars en frais d’avocats ou d’expert. Je vous laisse tirer les conclusions sur ce qui guide les choix politiques !
Quoiqu’il en soit, le 11 septembre 2001 n’en finira pas de si tôt de remuer le monde ! Et c’est malheureusement ce que souhaitaient les auteurs.