Il y a de nombreuses facettes à la recherche. J’ai déjà parlé de ce qu’avait impliqué pour moi le fait d’endosser le rôle de chercheuse. Mais encore, il y a les recherches fondamentale, appliquée ou clinique. Avec des pipettes, des rats, des dossiers ou des gens.
J’ai la chance d’avoir un double point de vue sur la recherche, parce que je suis aussi le sujet d’une étude. On teste sur moi un vaccin contre un type de cancer, fréquent et mortel (que de pléonasmes). Il va sans dire que j’y trouve des motivations personnelles. D’abord, le fait d’être membre d’une étude me garantit un bon suivi médical. Ensuite, je trouve le but recherché plus que louable et j’espère sincèrement que ce vaccin marchera. Sans compter que j’aime bien voir comment ça se passe de l’intérieur, toutes ces procédures ! Et certes, je ne dis pas non à la petite rétribution financière offerte. Ça me motive au moins à retourner me faire piquer - peut-être qu’à la longue, je finirai par être immunisée contre la peur des prises de sang et ce sera déjà un bon acquis.
Je ne suis pas trop inquiète du risque pour ma santé dans le processus. Bien que j’aie pu apprécier cet été l’amplitude de tout ce qui peut être éthiquement toléré sur les animaux, je suis confiante qu’en ce qui concerne les humains, les protocoles sont “bétonnés”. Pour avoir du financement, pour être publié, pour être crédible, il faut une méthodologie à toute épreuve (et pas seulement sur le plan statistique).
Malgré tout, la recherche sur les sujets humains me gêne dans bien des circonstances. Par exemple, j’ai été très choquée quand j’ai vu un magazine pour étudiants français lister comme moyen numéro un pour gagner des sous à temps partiel de devenir “cobaye” pour l’industrie pharmaceutique.
Ou encore quand, dans le métro et les journaux, je vois des annonces de compagnies d’essai de médicaments recherchant des volontaires, contre indemnités de 1000, 2000, 3000 $… On ne parle plus seulement du simple remboursement des frais de transport ! On dirait presque la compensation financière pour la gravité du risque encouru. Et ce, sans indiquer clairement la maladie ou la molécule dont il est question. Tout est mis en place pour attirer les gens pauvres, dans le pétrin et à la recherche d’argent facile.
J’éprouve dans ce cas un malaise profond. Il s’agit plutôt de vendre son corps pour du fric, en mettant éventuellement sa santé en danger (puisque la personne n’y recherche pas de bienfait pour elle-même). Il y a un mot pour ça : la prostitution.