Dans deux semaines, ça fera 1 an que je arrivé un beau jour d’octobre à Montréal, pour y vivre.
Mais hier, ce sont les quatre ans de mon premier passage à Montréal qui me sont revenus en mémoire.
Quelque part, fin octobre 1999, la distance qui me séparait d’Ebb s’est trop fait sentir. Un jeudi, à ma mère et à mes amis, j’ai laissé un message comme quoi j’allais revenir le mardi suivant.
Un coup de TGV pour me rendre à l’aéroport Charles-de-Gaulle, un vol pour Montréal trouvé à prix modique, 900Frs. Durant la trajet transatlantique, mon voisin me met le doute : “Ta copine n’est pas au courant que tu viens ? Et tu n’as nul part où dormir sinon ? Attends, je vais te donner mon adresse au cas où tu te retrouverais à la rue.”
Ce jour-là, en arrivant, j’ai détesté Montréal ! Le froid rivalisait avec la quantité d’eau qui tombait, le trajet de Dorval n’était pas des plus beaux et le trajet en bus pour me rendre à Repentigny, entre les raffineries et les quartiers délabrés me dégoûta.
Mais le jeu en valait la chandelle, pour me retrouver là, dans un couloir d’immeuble, à quelques mètres d’une paire d’yeux incrédules, aussi incrédules que moi, surpris de m’être rendu là sans erreur et d’être enfin face à elle.
Ensuite, un week-end pour rattraper deux mois de séparation (seulement deux mois et nous savions qu’il nous en restait au moins huit à tenir pour se revoir), à s’enfermer dans une chambre dans laquelle il n’y avait guère plus de place que pour le lit.
Le lundi matin, retour en voiture sur Montréal pour qu’Ebb retourne en cours, à Brébeuf. Mon avion était vers 16h, je pouvais donc la revoir pendant l’heure du déjeuner, il me restait 4 heures à tuer en attendant cet adieu. C’est alors que j’ai emprunté pour la première fois le chemin de la Cote-des-neiges où je passe désormais quotidiennement. Au hasard, j’ai longé un grand cimetière pour apercevoir une grande tour phallique dont la présence m’étonnait dans ce coin là de Montréal et dont je découvris par la suite que c’était l’emblème de l’Université de Montréal, que je fréquente désormais, à temps partiel.
Mes jambes m’ont ensuite invité à bifurquer à droite pour monter vers ce que je pensais être le Mont-Royal… mais ce dernier ce trouvais à gauche. Je montai, pour arriver dans une petite forêt, dont je sais maintenant que c’est une partie de Westmount, un des coins chics de Montréal. C’est dans ce même sous-bois que nous nous sommes promené, hier, avec Ebb. C’est tellement surprenant de suivre, quatre ans après, exactement la même route, fouler le même chemin sous les arbres, toutes ces choses qui sont désormais à ma porte alors que c’était pour moi l’autre bout de monde, un monde inconnu.
Mais hier, nous sommes revenus sur nos pas, alors qu’en cette fin octobre 1999, j’avais continué tout droit pour traverser ce quartier richissime et finir au bord de l’autoroute Décarie, bordée de cages à lapins. Ce gouffre riche-pauvre m’avait fait très mauvaise impression et ne donnait nullement envie de venir vivre dans cette ville et confirmait ma première impression.
J’avais finalement retrouvé le chemin de la Cote-Sainte-Catherine pour un adieu, un de plus, il y en eu cinq cette année-là.
C’est tellement étrange de repenser à la vision que j’avais de ce quartier qui est désormais mon chez moi ! Ce n’est pas sans me faire penser au film Lost in Translation : on voit, on regarde autour de soit, mais on ne comprend pas. Maintenant je comprends un peu mieux.