D’où me vient donc cette tendance boulimique et compulsive à collectionner les citations et à les parsemer à tout vent ?
De bien loin… Elle remonte à mon premier cours d’histoire, vers 13-14 ans. Ce cours consiste en “l’histoire du monde entier, de ses débuts à nos jours” et est voué à lui seul à servir d’assise à notre culture générale. Puisque si on poursuit une formation strictement scientifique, on a droit à un seul autre cours d’histoire, très circonscrit celui-là, et qui intervient un an plus tard : “l’histoire du Québec et du Canada”.
Bref, j’ai eu la chance, à 13 ans, d’avoir un prof qui m’a profondément marquée (bon, visiblement pas tant que ça, vu comme je n’ai pas suivi sa trace, mais ce n’est pas dans ce sens). C’était un prof qui, le jour de la rentrée, montait sur son bureau et s’époumonnait : “l’histoire, c’est fantastique”. Il mimait théâtralement toutes les grandes batailles et les événements de l’histoire. Il se faisait aussi un devoir de contribuer à nos connaissances générales en nous expliquant l’origine historique d’expressions qui perdurent encore telles que “l’épée de Damoclès” ou encore “tomber de Charybde en Scylla”.
Je ne suis pas certaine que l’on ait forcément un prof aussi marquant dans tout un cursus d’éducation ; mais je ne connais personne qui ait eu celui-là et qui n’en ait gardé ce même souvenir. J’ai eu plusieurs bons profs, des que j’ai bien aimés, certains grands pédagogues, d’autres incroyablement forts dans leur domaine précis, et ce, dans toutes sortes d’établissements, parfois “prestigieux”. Mais c’est avec ce prof d’histoire-là, dans un petit collège discret au bord du fleuve, au milieu des sapins et des marais, que j’ai vécu mes moments d’enseignement les plus forts.
Et ce monsieur commençait invariablement chacun de ses cours en nous livrant une citation au tableau.
Ça me rappelle comme je travaillais bien et comme j’étais perfectionniste à l’époque. Jamais je ne réégalerai le niveau de qualité que j’exigeais alors de moi-même (et atteignais).
Dans mon cours le plus récent, qui englobait l’être humain dans une perspective très vaste, bio-psycho-sociale, on faisait mention du phénomène de “confirmation des attentes”. Quand un prof a des attentes élevées de la part d’un élève, celui-ci les atteint en général (malheureusement, l’inverse est aussi vrai). Les profs peuvent avoir une influence incommensurable sur de jeunes trajectoires de vie.