Je crains que l'opération "[Lire en fête](http://www.lire-en-fete.culture.fr/)" ne soit vouée à évoquer éternellement pour moi l'[Atelier Imaginaire](http://www.atelier-imaginaire.com/) (*cf* le drôle de lien dans ma colonne de gauche).
[Septembre 2001]
Je reçois, par contacts interposés, une étrange lettre d'invitation de cet Atelier, que je ne connais ni d'Ève ni d'Adam, qui m'a été envoyée à Nantes alors que j'habite maintenant Paris. Avec tous ces cafouillis, c'est déjà la date limite. Je n'ai pas le temps de réfléchir ; je réponds précipitamment sur le coup de l'émotion et de la tentation. Par la suite, je me demande s'il ne s'agit pas d'un vaste canular...
Mais je suis tout de même dans le train, fin octobre, qui me mène à la mystique ville de Lourdes pour un "pèlerinage" bien particulier de cinq jours : les *Journées Magiques*. Le voyage, le logement, les nombreuses et intarissables activités - tout est offert gratuitement, ce qui augmente encore d'un cran le délice d'en profiter. Tout a été pensé, il n'y a rien à faire ; c'est un éloignement complet des soucis matériels, concrets et harassants du quotidien et du lycée.
On se laisse d'ailleurs complètement aller aux plaisirs offerts par nombre d'artistes - auteurs, mais aussi musiciens, peintres et acteurs. Le menu en met plein la vue : c'est une succession de spectacles, concerts, pièces de théâtre, lectures, débats...
L'heure est à la (re)découverte d'humanistes tels que Max-Pol Fouchet et Albert Camus. Et bien d'autres... Les artistes sont proches de nous et descendent par l'avant de la scène. Nous partageons ces quelques moments de vie avec eux ; les repas, les discussions...
C'est la Francophonie, riche et vivante, et non la France seule, qui tient la vedette. Africains, Belges, Suisses sont de la fête - et moi. Je ne me sens pas exclue. Je me sens même confusément particulièrement à ma place.
Jamais vu ça ; je suis comblée, j'hallucine. Le contexte est unique, foisonnant. La magie a opéré, c'est l'émerveillement. On se tourne vers l'art, vers le beau, on retrouve sa source intérieure et on fait le plein d'espérance, dans ce contexte historique d'horreurs innomables. On en revient chamboulé pour toujours, empli de tant de choses à partager.
C'est suite à ma participation au [Concours général](http://ebb.monblogue.com/2003/8/25/) que j'ai eu droit à ce "cadeau" fantastique et à toutes ces rencontres marquantes et mémorables. On est plus d'une centaine de jeunes de toute la France et d'ailleurs. Il faut noter l'ampleur d'un tel événement, empreint d'altruisme et de générosité ; c'est plus qu'invraisemblable.
Une personne, surtout, derrière tout ça. C'est son rêve, son labeur acharné, année après année, son engagement, son dévouement ; son refus du compromis, aussi, et son désir de renouvellement, à chaque fois. Il s'appelle Guy Rouquet ; l'Atelier, c'est son bébé.
Les *Journées Magiques* ne représentent que le point culminant de la quinzaine littéraire et artistique que constitue la *Décade*. Elle se déroule, cette année encore, entre Lourdes et Tarbes, dans le piémont pyrénéen, du 12 au 27 octobre. Si vous avez un peu de temps et que la région vous est accessible, allez-y faire un tour. Vous ne le regretterez pas. L'accès est libre et gratuit (dans la limite des places) ; l'organisation, bénévole. Si vous avez l'occasion, en particulier, de voir Maurice Petit ou Luis Rigou sur scène, vous vous en trouverez particulièrement remués. (Pour le programme, allez voir sur le site ou écrivez-moi.)
L'*Atelier Imaginaire* est aussi l'association qui se cache derrière les prix *Prométhée* de la nouvelle et *Max-Pol Fouchet* de poésie. Les prix seront remis cette année respectivement à Roland Fuentès et à Philippe Veyrunes, le dimanche 26 octobre.
Voilà, j'espère avoir réussi à restituer fidèlement ces émotions quasi inaltérables d'il y a maintenant deux ans...