Concernant mon billet d’hier sur les minorités visibles, je voulais ajouter que je suis assez étonné de ne pas voir de débat de société sur l’immigration.
Je dirais que pour l’heure ce n’est sûrement pas assez problématique pour provoquer ce genre de réflexion. Malheureusement, le jour où ça devient assez important pour le susciter, il est trop tard.
Une autre raison est peut-être que la personne qui lancerait cette réflexion pourrait être considérée comme raciste “Quoi, comment ça ? Une personne qui pense que c’est mal l’immigration, il est sûrement raciste !”. C’est sûrement un sujet qui mériterait discussion mais c’est tellement dangereux de se lancer sur le sujet, on risque tellement de froisser du monde, dont les représentants des minorités, que personne ne va se jeter dans l’arène.
Et pourtant…
Deux des arguments principaux pour favoriser l’immigration sont l’augmentation de la population et de la natalité et la croissance économique.
Pour ce qui est du second, il est réputé que les immigrants éprouvent des difficultés à trouver un emploi ou de travailler au niveau de leurs compétence. Est-ce que ce sera toléré longtemps par cette population qualifiée de faire des travaux de misère ? J’en doute…
Note : Il ne faut pas croire, par exemple, que les maghrébins, en gagnant le salaire minimum gagneront plus que dans leurs pays. La majorité de ceux qui accèdent à l’immigration peuvent vivre correctement dans leur pays et peuvent perdre lors d’une immigration. Bref, il ne faut pas croire que le Canada (ou le Québec) est un gentil pays qui accueille des pauvres immigrants. Fin de la parenthèse.
Pour le second argument, le taux de fécondité des femmes québécoises est de 1.45, contre 1.5 pour le Canada en général et 1.9 en France, donc c’est vrai qu’il y a de quoi s’inquiéter pour le futur de la population canadienne. L’immigration est une des possibilités, mais pas forcément la seule. Personnellement, je suis vraiment étonné de la charge (financière) que semble représenter un enfant ici. On nous parle de REEE, on nous fait même des publicités qui prennent pour argument indirect que ça coûte cher d’élever un enfant et que c’est une raison pour dépenser moins pour tel ou tel produit !
En d’autres termes j’ai vraiment l’impression que les canadiens craignent la charge financière que représentent des enfants, ce qui peut être un élément de ce faible taux de renouvellement de la population. Pourquoi n’y aurait-il pas des questions concernant la pertinence de mettre en place une véritable politique de natalité plutôt qu’une campagne de recrutement dans les autres pays du globe ?
Dans une optique “capitaliste”, il est certain que l’immigration de têtes déjà bien pleines est plus intéressante qu’une politique sociale qui va coûter pas mal plus cher par tête de pipe, mais à quel prix ?
Peut-être que le Canada arrivera à mener une politique d’immigration telle qu’aucun autre pays n’a réussi à le faire, mais je reste sceptique et ça ne dispense pas pour autant d’un débat de fond sur le sujet.