Dans ma fac, on facilite (en tout cas plus qu’ailleurs) l’acceptation d’étudiants après qu’ils aient complété un bac, une maîtrise ou un doctorat dans un autre domaine d’études (de préférence connexe).
Ces étudiants (avec parfois aussi une certaine expérience de travail) ont le privilège de pouvoir sauter la première année, imposée aux pré-universitaires : l’année préparatoire. Les études de médecine durent tout de même encore un minimum de 6 ans, bientôt 7, ne serait-ce que pour devenir généraliste.
De 140 l’an dernier, nous sommes passés à 220 cette année (pénurie de médecins oblige). Si si - même que nous sommes la plus grande fac de médecine au Canada.
Ça fait tout de même 80 personnes qui, pour devenir médecin en bout de course, auront passé beaucoup de temps à faire autre chose. C’est ainsi que l’on croise, dans ma classe, des pharmaciens, des physiothérapeutes, des infirmières, un chirurgien maxillo-facial (dentiste spécialisé !), un véto, une avocate, un ambulancier, une sexologue, des psychologues, des biochimistes, des chercheurs, des biologistes… Plusieurs ont plus d’un bac derrière eux.
Certes, ce n’est pas forcément du temps perdu, c’est toujours très enrichissant et ça peut être mis à profit dans leur nouveau domaine. Et puis parfois, il s’agit d’une sincère réorientation, une prise de conscience tardive de ce qu’on aimerait réellement faire. Mais bien souvent aussi, il s’agit de candidats pré-universitaires qui ont été refoulés au moment de l’admission et qui ont dû choisir autre chose par dépit, en attendant. Cet autre programme ne leur ayant visiblement pas assez plu pour leur faire oublier leur rêve initial.
Alors c’est peut-être un peu dommage de réserver autant de places aux universitaires. Ça fait presque autant de jeunes gens refusés qui devront “perdre du temps” et revenir cogner à la porte plus tard.
Enfin, c’est certain que dans une perspective nord-américaine, on peut déjà se compter chanceux. Ailleurs au Canada et aux États-Unis, il faut impérativement avoir un premier diplôme universitaire pour pouvoir entamer des études de médecine.
Chose certaine, il ne faut pas compter les années. Dire que je me plaignais de trouver ce parcours (linéaire dans mon cas) bien long…
Qui a parlé d’étudiants éternels ?