C’est l’époque des premières fois…
Il y a deux semaines, notre moniteur nous amène ausculter une vieille dame de 83 ans. Visiblement, il veut nous faire entendre quelque chose de bien particulier… que nous échouons tous autant que nous sommes à déceler. Apparemment, elle avait une valve mitrale artificielle. Honte
La semaine dernière, j’ai fait mon premier questionnaire médical. On nous a appris à bien identifier tous les attributs d’une douleur actuelle (localisation, intensité, etc.).
Moi : “Monsieur, pourquoi êtes-vous hospitalisé ?”
Lui : “Je suis tombé. Je ne me rappelle de rien.”
Moi : “…”
Aïe aïe aïe, ça commence mal… Mis à part ce détail, je pense que ça s’est bien déroulé, je suis contente, et puis j’ai rédigé ma première histoire de cas.
Au menu cette semaine : premier examen d’un patient, pas encore complet (seulement signes vitaux et coeur-poumons-abdomen).
En tout cas, ce n’est pas facile de questionner un patient dans une chambre à quatre (vive l’intimité), avec le bruit des autres occupants, leur toux, l’odeur de leur couche, le passage engendré par chacun, les bols que les préposés font tomber au sol… Enfin, celui-là était chanceux d’avoir une chambre et de ne pas être le long d’un couloir - il faut toujours voir le côté positif des choses.
J’ai aussi suivi un médecin généraliste dans ses conditions de travail à lui. On a fait de la clinique externe dans un hôpital, i.e. le suivi quelques jours après une urgence. Il n’y a définitivement pas que les personnes âgées qui soient malades. Nous avons eu droit à 4-5 infections urinaires, dont une chez une greffée rénale. À part ça, beaucoup (vraiment beaucoup, c’est effarant) d’accidents de travail. Des coupures aux mains, des objets reçus dans les yeux, des douleurs pour avoir mal manipulé des charges trop lourdes. Toutes sortes de blessures, et une inflation de papiers de CSST.
J’ai aussi compris que c’est vraiment important de bien expliquer, d’éduquer. Une dame (avec une tendinite) avait lu quelques part qu’en cas d’hernie, il faut se faire opérer. Elle voulait donc se faire opérer et pensait en toute bonne foi en avoir besoin. Il a fallu lui expliquer qu’effectivement, une hernie, ça s’opère, mais qu’elle n’avait pas de hernie…
On nous dit en outre de ne pas juger. Facile à dire, pas toujours à faire, surtout quand on est très loin de l’univers du patient. Celui-là prenait de la cocaïne, cause de ses problèmes cardiaques. Il n’en avait pas l’air, il n’était pas jeune, n’avait pas l’air défoncé. Ne pas juger, accepter tel qu’il est, éduquer, conseiller, sans faire la morale…
Eh bien, elles ne sont pas rigolo, les conditions d’exercice actuelles. La journée du médecin était déjà pleine à craquer de rendez-vous, et l’infirmière est venue lui dire qu’elle avait encore ajouté quatre patients, et qu’elle en avait encore beaucoup à ajouter, elle ne savait plus quoi en faire.
Certes, j’ai trouvé le médecin assez expéditif et peu attentionné ; il faisait beaucoup de trucs à l’inverse de ce qu’on m’apprend actuellement. Mais honnêtement, je ne vois pas comment le blâmer ; la salle d’attente est à côté, elle est bondée, les gens souffrent et attendent…