Il ne faut pas oublier qu’une personne en fin de vie est toujours vivante. Qui sommes-nous pour juger de la mesure de sa souffrance, pour lui imposer de vivre au nom de nos valeurs et de nos peurs. La souffrance, elle, est bien concrète et présente. On reconnaît généralement à une personne la latitude de faire des choix en fonction de ce qu’elle conçoit être sa dignité. La mort fait partie de la vie ; pourquoi ne pas pouvoir l’accomplir aussi en toute dignité ? La notion de bien-être est trop personnelle pour qu’une interprétation puisse en être imposée par la société sans être totalement déplacée.
La protection des personnes vulnérables, souvent prônée pour interdire l’euthanasie, me semble avoir une portée excessive et injustifiée sur certains mourants. Une protection ne devrait pas être imposée si un choix rationnel s’y oppose de toutes ses forces.
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On peut aussi insister sur la nécessité de développer encore davantage les soins palliatifs, l’accompagnement des mourants, et leur accessibilité. Mais il ne faut pas jouer à l’autruche ; il persistera toujours des souffrances impossibles à soulager et qu’on ne peut décemment ignorer.
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Serait-ce un non-sens que d’apprendre aux étudiants en médecine à donner la mort ? Pourtant, le médecin a déjà un immense pouvoir sur la vie et la mort d’autrui; il cherche surtout à préserver ou offrir une certaine qualité de la vie et un bien-être. La mort ne devrait pas être considérée comme un échec de la médecine. La différence avec l’injection, en toute connaissance de cause, de grandes doses de morphine aux soins palliatifs est d’ailleurs bien minime.