Ça faisait quelques temps que je voulais faire un billet sur les études d’impact environnemental et Neige a eu la bonne idée de faire un article sur le sujet ce qui me fait une base assez intéressante.
Bien que se passant au Nouveau-Brunswick, l’incinérateur à sols contaminés (et autres déchets dangereux) n’en concerne pas moins les québécois dans la mesure où ça se passe pas très loin de la Gaspésie.
Replaçons le sujet : une entreprise veut construire un centre de recyclage, qui est en fait un incinérateur, notamment pour y bruler des sols contaminés (qui sont légion au Canada) et éventuellement d’autres déchets dangereux. C’est monnaie courante en Europe mais ça l’est beaucoup moins au Canada, il y a d’ailleurs un moratoire sur les incinérateurs au Québec. Autant dire qu’on n’aime pas ça ici, les incinérateurs. Je ne rentrerais pas dans le détail pour savoir si c’est effectivement polluant ou non et dans quelle mesure, j’ai pas les compétences.
Pour pouvoir construire cet incinérateur, l’entreprise doit se conformer à un processus assez long, qui dure parfois des années pour valider, auprès de la province et du gouvernement fédéral, que leur projet ne pollue pas trop. C’est le processus d’examen et d’évaluation des impacts environnementaux.
Comment ça se passe ? Le promoteur du projet engage des consultants, qui eux-même vont souvent faire appel aux experts jugés utiles pour voir s’il n’y aura pas de pollution atmosphérique ou autre trop importante, voir s’il existe des études toxicologiques et épidémiologiques sur le sujet, etc. Le tout pour sortir un pavé qui est transmis aux autorités compétentes et qui acceptent, ou non, avec modification, ou non, le projet.
Et c’est vrai que lorsqu’on se fait expliquer ce processus par des personnes qui ont réalisé ce type d’étude, on en vient à penser que l’objectif n’est pas de voir si le projet est polluant ou dangereux mais plutôt de minimiser la perception de risque qu’il pourrait y avoir. En tous cas, c’est dans cette vision que les consultants sont souvent engagés par les promoteurs : vous vous débrouillez comme vous voulez, mais il faut que ça passe. (Il faut savoir que ce type d’étude est généralement réalisé une fois que le projet est bouclé, et on a pas envie de tout remettre en cause du fait de l’étude d’impact).
Bref, je me suis souvent demandé si ce type d’étude ne servait pas de caution scientifique aux projets.
Mais, d’un autre coté, que faire avec ses sols contaminés ? Parfois ce sont des municipalités qui decouvrent après la faillite ou le déménagement d’une entreprise que les sols sont blindés en HAP ou hydrocarbures, la décontamination n’est pas toujours possible. Plus généralement que faire des déchets ?
Faut-il refuser toute forme d’élimination ? Non à l’aggrandissement des sites d’enfouissement, non à la création de nouveaux sites, non aux incinérateurs. Oui, on veut bien, mais on en fait quoi de nos merdes ? On les entasse sur le balcon en espérant qu’elle vont se volatiliser ?
Prendre position en environnement c’est forcément faire preuve d’une démagogie toute politicienne.
Les groupes environnementaux opposent à la construction d’incinérateurs à déchets ou de sites d’enfouissement la réduction à la source. Certes, la réduction à la source est une clé importante (rappelez-vous, le 3R-V dont j’ai déjà eu l’occasion de parler), mais on attendra jamais un niveau de production de déchets zéro.
D’un autre coté, dire que l’incinérateur de Belledune ne pollue pas du tout nécessite aussi une bonne dose de mauvaise foi. Comme on nous le signalait récemment en cours, il y a des tas de produits dont nous n’avons pas connaissance des effets sur la santé humaine et sur l’environnement. Que se passe-t-il quand on les brule (même à très haute température) ? Bien y en a toujours une partie qui est vaporisée et se retrouve dans l’environnement… pour y faire quoi ? On ne le sait pas toujours !
Bref je partage l’avis de Neige concernant l’aspect caution scientifique factice des études d’impact environnemental dont le but est plus de montrer un projet sous son plus beau jour que d’informer réellement. Mais il n’est reste pas moins que ces études ont l’avantage d’exister et de cadrer un minimum les activités polluantes et surtout que beaucoup de projets sont effectivement nécessaires parce qu’on ne peut pas rester avec des polluants sur les bras.
Bon, maintenant je dois filer à mon party d’Halloween, mais j’aurais l’occasion de revenir sur ces questions qui sont très intéressantes, complexes et malheureusement assez désespérantes !