J’ai une sainte horreur de deux choses en particulier : avoir peur, et avoir froid.
Ma plus grande phobie est qu’il m’arrive un accident (voiture, viol…) en plein hiver. Je ne veux jamais gésir souffrante sur un sol glacial…
Concernant le froid, je n’ai pas de bol, j’en subis les conséquences quasiment en tout temps. La chair de poule, les frissons solennels, les tremblements, les extrémités cyanosées, le corps tendu… Peut-être qu’un jour mes problèmes de thyroïde seront vraiment sous contrôle, mais dans l’immédiat, c’est délicat et ce n’est pas le cas.
Pour ce qui est de la peur, ça va mieux maintenant. Montréal est une ville tranquille et rassurante. Je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie qu’à Paris. Je marchais toujours très vite (habitude que j’ai un peu gardée en fait), histoire d’avoir l’air occupée, pressée, de ne pas donner l’impression d’être une proie facile (ne serait-ce que pour les pickpockets). Pour me donner contenance, aussi, pour ne pas montrer la peur qui me collait incessamment au ventre. Hoëdic pourrait témoigner de ce que je sais bien mal cacher ma peur… Le plus souvent, je m’effrayais toute seule, sur une simple apparence de “brute”. Mais la peur suffit parfois à réveiller l’agresseur refoulé… J’ai encore froid dans le dos rien qu’à me rappeler la fois où je me suis aventurée seule à la station de métro Gare de l’Est, aux aurores.
La femme est l’égale de l’homme. Sauf en ce qui a trait aux agressions physiques gratuites, qui briment sa quiétude et sa liberté. Dans ces cas-là, son corps devient objet malgré elle, et toute dignité tombe.