The Matrix Revolutions

par Dre Papillon

Lecture: ~4 minutes

J’ai l’impression que tout le monde se sent obligé de dire de Matrix Revolutions qu’il est navesque et qu’il faut le piétiner.

Certes, le tome III ne peut se targuer d’avoir la force du premier, qui était à la fois novateur et complet, rempli d’idées philosophiques et d’effets spéciaux jamais vus. Le premier film avait la grâce, l’outrance, le sublime, le culte… Les suivants ont parfois l’air auto-parodiques, mais s’inscrivent bel et bien dans cette même lignée. Il faut prendre le tout comme la trilogie qu’elle est (et il me faudrait d’ailleurs revoir toute la série d’affilée). C’est une oeuvre pleine de contenu, variée et qui porte décidément à réfléchir.

[Reader’s Advisory Explicit Content : Ne pas lire la suite si vous ne voulez pas connaître la fin avant de voir le film !]

Voici ce que j’en comprends (car il me semble y avoir lieu de se “prendre le choux”) : tel qu’on nous l’a laissé entrevoir précédemment, un bug à la Néo semble apparaître régulièrement (plus ou moins volontairement) dans la Matrice. Cette fois encore, l’Élu échoue (il meurt, Trinity aussi, et la Matrice perdure), mais pas complètement, puisqu’il réussit tout de même, par un pacte passé avec les Machines, à sauver Zion.

La fin est appropriée et ne laisse pas un sentiment d’inachevé ni de queue-de-poisson. Néo a initialement fait un choix que les autres Élus n’ont jamais fait auparavant (sauver Trinity de façon inconsidérée) ; la suite est donc unique, surtout avec l’ingérence imprévue du virus Smith. Cette fin est intéressante, ni trop facile, ni bête, ni manichéenne, ni prévisible… Elle recèle de nuance et de cohérence.

Revolutions comme dans “la terre tourne autour du soleil” : et le cycle recommence, comme à chaque reload du programme… La symbiose hommes/machines continue, avec les Machines au pouvoir. La libération est promise aux hommes qui la souhaitent ; on peut extrapoler que peu la demanderont. On est, finalement, si bien dans la douce illusion de la Matrice… (Le père indien ne rêvait-il pas, d’ailleurs, d’y renvoyer sa fille, pour son bien ?)

Quel a été le rôle de l’Oracle dans tout ça ? De toute évidence, elle sait, mais peut-être pas tout (comme ce qui relève des choix individuels). Elle semble parfois se contenter de dire (évasivement) aux gens ce qu’ils ont envie et besoin d’entendre. Elle sert à canaliser les bugs qui ne manquent pas de se produire ; un outil cherchant à rétablir l’équilibre, au service de l’Architecte, finalement.

Quelques principes informatiques sont adroitement insufflés à la trilogie, tel le dédoublement multiple de l’agent (virus) Smith. Elle est aussi truffée de références mythologiques et de symboles. Morpheus (Morphée) qui fait sortir Néo du rêve qu’est la Matrice. Néo, anagramme pour The One, et le parallèle que l’on peut faire avec le Christ. Le symbole de la croix. L’Architecte ou Zeus ; le Mérovingien ou Hadès. L’Antéchrist Smith, nom anglais le plus fréquent (idéal pour un virus en puissance qui se réplique à l’infini).

Les aspects négatifs : trop de combats, batailles et violence qui donnent lieu à des longueurs. Même si dans le premier, ce fut très apprécié (pour la nouveauté), ça ne l’est plus maintenant. Et pourquoi faut-il toujours glorifier ainsi la guerre, le courage, les héros, le patriotisme, etc. ?

La mort de Trinity se passe de commentaires ; elle est plutôt ratée, nous laisse indifférent, on n’y croit pas. Par contre, Néo devenant aveugle m’a semblé être un moment poignant.

Certains dialogues frisaient le ridicule, mais moins que dans le II (avec l’Oracle ou l’Architecte). Les personnages sont aussi trop peu exploités (le mythique Morphéus devient un simple personnage de soutien, un inconditionnel de Néo). Quant aux effets spéciaux, ils demeurent très réussis. Seul le cadrage est un peu particulier ; et personnellement, il m’a bien plu.

Bref, un Matrix avec quelques bémols vole tout de même bien plus haut que la moyenne de la production cinématographique.

(Et puis, Keanu Reeves se laisse agréablement regarder…)

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