C’est tellement beau tout cette neige fraîche, 30cm au total. Si je compare à l’année dernière, cette première grosse bordée est arrivée plus tard (fin novembre l’année dernière), et c’est tant mieux. En effet, en 2002, le sol était chaud et la neige avait commencé à fondre dès la fin des précipitations. Ce ne fut pas le cas hier et le -11°C de la nuit passée a permis à cette petite neige de bien solidifier, prendre ses aises pour rester plus longtemps.
Il n’en reste pas moins que les déneigeuses et souffleuses sont déjà à l’oeuvre pour enlever cet or blanc et le déverser dans le St-Laurent ou dans des carrières désaffectées en attendant qu’elle y fonde piteusement.
Car la neige est loin d’être la bienvenue et nombreux sont ceux qui pestent contre cette catastrophe naturelle. Les plus touchés sont les propriétaires de voiture, auto et neige ne faisant pas bon ménage. Si la neige bloque les voitures, ces dernières le lui rende bien en la salissant au possible, tranformant cette douce et légère poudre blanche en bouillie grumeleuse et brunâtre faisant d’horribles floch floch quand on marche dedans, bruits qui rendraient jaloux un diarrhéique aigu.
En plus d’être hautement esthétique, la neige a des propriétés insonorisantes très agréables, même une fois au sol, mais ce calme est gâchés par tous ces ânes bâtés qui, trouvant surement que l’adhérence au sol est encore trop élevée, donnent de puissants coups d’accélérateur faisant ainsi vrombir leur moteur, patiner leurs roues, agrémenté assez souvent par une pétarade de pot d’échappement troué. Quel gâchis de silence !
Et pourtant, la neige est porteuse de joie. Enlevez les voitures à leurs propriétaires et chacun se réjouira des chutes de neige. Non seulement les enfants, qui bien entendu se roulent parterre et font des batailles et des bonhommes de neige, mais aussi les parents et les adultes en général entrainés par cette douce euphorie enfantine, cette luminosité générale et toutes les activités qui se découvrent avec ce manteau neigeux.
Moi-même, qui suis actuellement d’une humeur maussade molle, ça me met du baume au coeur. Hier, alors que, privé de bus, j’ai du aller à mon examen final de droit de l’environnement à pied, arrivant 10 minutes en retard, je n’étais pas énervé. Ça ne me dérangeait pas de voir les bus avec tant de retard en échange de cette ambiance synonyme de vacances de Noel et de montagne.
Et enfin qu’est-ce que c’est beau une ville recouverte de neige ! J’ai choisi mon camp et je préfère Montréal recouverte de blanc plutôt que de vert.
Mais ce blanc doit être supprimé à tout prix, salit au plus vite pour que l’activité se poursuive, pour que les emplettes de Noel ne soient pas perturbées que l’économie roule en hiver comme en été. Toutefois, peut-on réellement supprimer la neige ? Du moins, on ne pourra jamais l’empêcher de tomber et être un élément perturbateur tout l’hiver. Sans parler que ça coute une fortune à déneiger et pose des problèmes environnementaux notamment liés à toutes les saloperies dispersées au sol avec tout sauf parsimonie (sel, sable, liquéfiant en tous genres, etc.)
Alors, je rêve d’une revanche de la nature, de chutes de neige titanesques, permanentes, tellement importantes que même les engins de construction ne pourrons en venir à bout, des mètres de neige tombant sans répit tout l’hiver, des voitures introuvables sous cette accumulation hors du commun, des tunnels creusés à la façons des mineurs pour se déplacer et toute l’impuissance humaine face à ce déluge biblique (ou breton, comme on veut).
On ne peut pas supprimer la neige qui tombe, alors supprimons l’autre partie du problème, supprimons la voiture, et gardons, dorlotons amoureusement la neige pour la garder aussi longtemps que possible.
À bien y réfléchir, la neige est aussi un moyen de locomotion facile, à moindre énergie en cas de pente. Hier, j’aurais facilemnt pu revenir de mon examen en surf. Un peu de ski de fond ou de raquettes pour aller au travail ça garderait un peu le monde en forme, non ?
Et pourquoi ne pas développer le réseau de métro dans toute l’île de Montréal et au-delà, étendre les souterrains qui pour l’heure se limitent seulement au centre-ville, construire des voies de chemin de fer à la grandeur du Québec, car ça marche l’hiver aussi (À ma grande surprise le trafic ferroviaire fut moins perturbé que la route et l’avion durant les chutes de neige… je ne suis pas certain que l’on puisse généraliser pour autant), mettre en place des télésièges pour monter en haut du Mont-Royal en redescendre en luge vers le centre-ville, des télécabines pour les distances plus importantes, des téléskis pour les petites cotes abruptes, des traineaux à chiens pour les livreurs de pizza et les coursiers et des calèches géantes en guise de bus. Bref, au lieu de s’entêter à faire des villes conçus sur le modèle de pays tempérés, faisons du Québec une région vivant pleinement sa nordicité !
Signé : CQBH (le Collectif pour un Québec Blanc tout l’Hiver)