L’actualité stellaire, et notamment marsienne, est assez chargée ces derniers temps avec les deux projets, l’américain et l’européen, qui ont chacun posé un module sur la planète rouge, avec plus ou moins de réussite.
C’est vrai, Beagle 2, l’attérisseur de l’ESA ne répond pas aux appels alors que le Spirit de la Nasa est déjà en action. Toutefois, il ne faut y voir un échec total de la mission européenne. Beagle, bien que représentant le volet le plus spectaculaire de la mission Mars Express, ne représentait qu’un petit quart des données espérées et c’est à l’orbiteur, qui lui semble parfaitement fonctionner, que reviennent les trois quarts restant.
De plus, disons ce qui est, la Nasa a une grosse longueur d’avance sur l’Europe en matière de voyage interstellaire, notamment vers Mars. Nombre de missions se sont approchées de Mars, voire s’y sont posées, telles les Mariner, Viking et plus récemment Pathfinder, en 1997, qui nous avait apporté de magnifiques photos de surface martienne, photos que je téléchargeais avec avidité sur Internet.
L’ESA s’est lancée dans une démarche d’envoi à bas coût : Mars Express comme Smart-1 présentent la particularité d’avoir été développé à moindre frais, d’utiliser des propulseurs moins puissants, moins couteux, mais qui se veulent fiables. Peut-être, pour l’attérisseur, a-t-on voulu trop économiser ? Mon espoir réside dans le succès des données de l’orbiteur car c’est un quitte ou double dans lequel s’est lancé le conglomérat européen : soit la mission Mars Express est un succès, et dans ce cas les programmes marsiens s’enchaineront, soit c’est un échec et alors l’Europe se retirera de la conquête de la planète rouge (et peut-être de l’espace plus généralement) pour un certain temps. L’échec, s’il se confirme, de Beagle 2 est-il suffisant pour anéantir l’avenir des projets européens ? J’espère bien que non.
N’est-ce pas fantastique de penser que désormais plusieurs engins, de construction humaine, résident, surement pour toujours, sur la Lune, sur Mars, seuls, vraisemblablement jamais rejoint physiquement par la main qui les a conçu, surtout sur Mars.
Quand j’étais petit, je passais mon temps dans des livres d’astronomie, notamment un, rouge, écrit par Laurent Broomhead (oui oui, celui-là même qui a par la suite animé l’émission Pyramide) et je ne comprenais pas pourquoi on avait cessé d’aller sur la Lune. Certes, certes, il s’agissait finalement, à mon grand désarroi, d’un vulgaire caillou sur lequel ne se trouvait rien de bien intéressant. Mais pourquoi ne pas y établir une colonie, y faire du tourisme avec une gravité six fois plus faible ?
Semble-t-il que George Bush m’a entendu puisqu’il semble décidé à implanter un “campement” permanent sur la Lune. Bien entendu les raisons ne sont pas celles qui m’animent, mais soit, retourner sur la Lune, dans un premier temps serait, à mon goût positif. Pourtant rien n’est fait ! De ce point de vue, j’ai vraiment l’impression que nous, en tant qu’humanité, régressons. Certes, à cette époque-là, c’était la guerre froide, il fallait s’assurer de voler plus vite, plus haut, de quitter l’atmophère pour dominer l’espace après le ciel et c’est sûrement grâce à cela que la Lune fut conquise aussi rapidement, alors que 25 ans auparavant on se demandait encore ce qu’était le mur du son.
Bush va-t-il réussir à faire passer son projet ? N’est-ce pas, finalement, qu’une simple promesse électoraliste dans le but d’unifier l’Amérique, de créer un effet Kennedy comme le disent certains. Pourtant, ce serait une si bonne idée, entre autres pour relancer l’économie, ce serait une sorte de grand projet… en France, nous faisons des autoroutes et des TGV pour relancer d’économie, aux US, ils colonisent la Lune. Ça coutera cher, très cher, mais pas forcément aussi cher que les derniers allégements fiscaux qui ne profitent qu’aux bas de laine des plus riches, alors que ce type de projet pourrait relancer l’économie de manière plus globale. En tout état de cause, ce sera moins cher et plus utile que le budget alloué pour l’armement (même si malheureusement ce dernier ne faiblira pas pour autant). Les retombées technologiques seraient également aux rendez-vous car il y a surement d’autres découvertes à faire en essayant de faire mieux que dans les années 60 pour moins cher (bordel, les années 60, on venait tout juste de découvrir la pillule anticonceptionnelle, les ordinateurs naissaient, c’était la pré-his-toire !).
La Chine a frappé un grand coup aussi. En envoyant sont premier taikonaute elle a clairement indiqué ses intentions, la Lune et donc une nouvelle ère de conquête spatiale en vue. Les États-Unis ne veulent pas perdre leur leadership et la Chine est un concurrent peut-être plus redoutable que l’URSS, notamment de par ses ressources et sa capacité à faire des grands projets, à concentrer toute l’énergie du pays pour un but ultime.
Je me suis toujours demandé la sensation que cela pouvait faire, le vide interstellaire. Il faut avoir les trippes bien accrochées, surtout lors d’une sortie. Avoir un vide de 200 mètres sous les pieds n’est vraisemblablement rien au milieu de ce néant glacial de quelques particules au mètre cube, ce silence dans lequel on ne peut que se sentir seul, abandonné, être enveloppé d’une noiceur absolue retenu par si peu, au bord de la mort finalement, mais pouvoir contempler la Terre dans sa totalité, pouvoir l’embrasser du regard et imaginer tous ces hommes vivant juste en-dessous. Que je comprends les milliardaires qui n’hésitent pas à y mettre le prix pour vivre de tels moments.
Des fous rêvent, ils rêvent de terraforming, ils préparent les technologies qui pourraient permettre d’asseoir une atmosphère terrestre sur Mars. Sur le papier, super gaz à effet de serre et bactéries primitives. Tout un programme, peut-être aussi farfelu que de visée la Lune au sortir de la seconde guerre mondiale.
Quand je regarde le film l’Étoffe des héros (originalement The right stuff que j’ai du visionner une bonne vingtaine de fois, au même titre que Mon nom est personne), je me demande comment tout ça s’est fait si vite ; je me demande aussi pourquoi s’être arrêté en si bon chemin.
En tous cas, j’espère que les missions actuelles sur Mars ramèneront des données significatives, de l’eau souterraine, de l’oxygène, des nitrates voire, qui sait, des traces de vie, aussi invraisemblables soient-elles, une vie, minimale, ailleurs que sur Terre, sur un caillou rouge, desseché et tout froid, ce serait dingue non ?
Avec la catastrophe de Columbia et un ralentissement général des projets spatiaux, je me dis que ça n’avance pas forcément dans le bon sens… pourtant des espoirs subsistent, des fous y croient toujours et moi je regarde toujours la Lune en espérant pouvoir y poser un jour les pieds !