M devait reprendre sous peu un train de vie et d’études normales pour cette session d’hiver qui pointe le bout de son nez au cégep… Depuis l’automne, il est en effet suivi en orthophonie et son langage s’est grandement amélioré.
Cependant, il a toujours refusé obstinément de réfléchir à son orientation, et d’accepter certaines réalités de la vie (à laquelle il n’a guère été confronté jusqu’ici). Nécessité de travailler, valeur de l’effort… Autant de notions tellement basiques qui lui sont totalement étrangères. Il était inscrit jusqu’ici en sciences humaines, “par défaut”, sans la moindre trace de réflexion ou de choix, niet.
Forcément, il vient de nous apprendre tous que, même s’il est inscrit, il n’a finalement aucune intention de retourner étudier cet hiver. Est-ce pour mieux faire passer la pilule qu’il a ajouté du même souffle accepter enfin d’entamer des démarches auprès d’une psychologue-conseillère en orientation ? Il dit aussi être prêt à se chercher une petite jobine pour “voir ce que c’est” et se confronter au marché du travail.
Je ne peux que prier pour que cette expérience lui cimente les pieds dans la réalité et lui déplaise royalement. Être laveur de vaisselle n’est pas une aspiration humaine, ce n’est ni satisfaisant, ni gratifiant, ni enrichissant… C’est juste chiant. J’espère qu’il n’est pas capable d’aimer ça et de vouloir en rester là. Un tel manque d’ambition, ou à tout le moins de projets, à 19 ans, me sidère. Ce n’est pas seulement une question de décrochage scolaire, c’est un décrochage de la vie…!
Les aspects positifs ? S’il accepte vraiment de se plier à la démarche psychologique thérapeutique et d’orientation, c’est sincèrement excellent ! Ça n’avait aucun sens d’étudier aussi bêtement les sciences humaines. Ça ne menait nulle part non plus, comme attitude. Les emplois ne pleuvent pas dans ce domaine et il faut être combatif et aimer ça, pour y trouver sa voie.
Peut-être pourrait-il trouver une technique adéquate à sa personnalité et à ses intérêts et aptitudes (s’il pouvait seulement les déterminer, eux aussi).
En plus, j’ai vraiment l’impression que tout, au Québec, se joue au niveau des techniques. Salaires, offres d’emploi… Tout est pour eux et rien pour les autres. On étudie à l’université parce qu’on aime notre domaine, pas parce qu’on veut du travail et une paye proportionnelle à nos études ! Car tellement de domaines universitaires débouchent bien mal et sont si honteusement sous-payés…