Ou, *quand je me suis pris pour *l’homme qui tombe à pic.
Quand j’étais petit, je voulais être cascadeur, chacun son truc :) Ça a commencé assez tôt quand, à l’age de 6 ans, sous la mauvaise influence d’un ami, je sautai sur un canapé marron très 70’s du haut de la mezzanine du premier étage de notre maison de campagne en Normandie.
Bien entendu cette veine casse-cou ne m’a pas quitté par la suite jusqu’au jour où, adolescent, me rendant tous les étés chez ma grand-mère dans la magnifique ville de Collioure, je decouvrai le saut de falaise. Dans un premier temps ce fut dans le cadre de sorties de canyoning dans les Pyrénées orientales, avec des combinaisons un casque et tout et tout.
Puis j’ai découvert le pont cassé. Qu’est-ce ? La côte Méditerranée à cette endroit est faite de falaises moyennes qui, près de Collioure sont bordées d’un sentier taillé dans le roc s’élevant souvent à 5/6 mètres au-dessus du niveau de l’eau. Lors de la construction du chemin il fut construit un pont qui enjambait un bras de mer d’une dizaine de mètre s’enfonçant dans la paroi rocheuse. Le pont d’effondra lors d’une tempête (ou de la guerre, je ne sais plus) laissant deux magnifiques plongeoirs de 5 mètres.
D’un coté, la falaise tombe directement dans l’eau et on arrive de manière verticale à plus de 5 mètres de profondeur. Les risques sont minimes en réalité, la seule difficulté étant de ne pas revenir vers la paroi quand on plonge. Sauts, bombes, plongeons, saltos, boudins, concours de sauts en longueur pour se rapprocher le plus du coté opposé, tout y est passé. Le tout sous les yeux ébahis des badauds empruntant le sentier qui désormais passait en contre-bas.
Mais, à y passer nos journées (non parce que je n’étais pas seul non plus, il y avait même un petit de 6 ans qui accompagnait son frangin et qui plongeait admirablement bien :), on finit par se lasser et il nous fallu un autre jeu. Le challenge était évident : l’autre bord du pont, l’autre plongeoir. Et pourquoi donc ? Parce qu’au lieu de s’enfoncer verticalement, la falaise présentait un plat rocheux à fleur d’eau de 2 mètres de long puis s’enfonçait en oblique petit à petit. La difficulté ici n’était pas de faire un joli saut mais bien de passer par-dessus l’obstacle, faute quoi… on ne voulait pas trop y penser.
Première tentative : élan maximum sur l’allée et saut des moins esthétiques, le but étant d’aller loin. Rapidement on se rend compte que ça passe assez largement. Ensuite, plongeon avec élan qui lui aussi passe aisément, il faut juste s’assurer de rester cambré à l’arrivée. Oui, mais le soucis, c’est qu’on controle mal son saut avec trop d’élan. Moins d’élan, moins d’élan puis plus d’élan du tout pour moi. Un plongeon, deux plongeons, le troisième fut de trop. Ai-je moins poussé que les fois précédentes, suis-je entré dans l’eau trop vertical, je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est que ma tête a heurté le fond immédiatement après être entrée dans l’eau, ensuite mon épaule droite, mon thorax et mon bras se sont frottés aux fonds marins acérés.
Je pense avoir perdu connaissance, bien que ce se soit passé brièvement. Je suis remonté à la surface plus par un phénomène de balast qu’autre chose, encore sous le choc. Me touchant le front, rien de visible, ça semblait aller.
Erreur : une fois la falaise jusqu’au sentier remontée, j’ai découvert le regard décomposé de mes amis, personne n’osant réellement bouger. Une fois hors de l’eau, mes plaies se sont mises à pisser le sang littéralement et il m’en dégoulinait sur tout le coté droit corps. Bien entendu, on n’était pas pour tous aller voir les sécouristes en troupeau en disant la vérité : on risquait de voir le lieu fermer. La solution fut qu’une de nos groupies (oui parce que nous avions des groupies qui fantasmaient sur exploits hors du commun, n’était-ce pas la belle vie ?), m’accompagne jusqu’au poste de secouriste et prétexter que j’avais trébucher et m’était écorché en tombant (est-ce réellement vraisemblable, j’en doute après coup, mais bon).
Et c’est là qu’on voit l’admirable sens des priorités de certaines créatures féminines ; alors que je me vidais de mon sang à grande vitesse malgré que je me sois enturbané avec ma serviette, nous rencontrons un autre gars qui plonge habituellement avec nous. Je lui dis bonjour pour suivre mon chemin rapidement, mais la demoiselle ressent le besoin d’entamer la causette, de lui expliquer comment je me suis fait ça, et comment s’est passé la soirée de la veille et patati et patata. Bon, en arrivant chez les secouristes on m’a appris que je n’aurais pas de point de suture (ouf!) car la plaie était trop étendue.
Je ne vous raconte pas l’immense joie de ma grand-mère me voyant revenir. Je rentrai chez moi quelques jours plus tard alors qu’une croute et un enflement sur le front me faisaient ressembler à Frankenstein qui se serait battu. Bien entendu, il m’a fallu un certain temps pour avouer à tout mon petit monde la vraie raison de cette blessure de guerre de cascadeur.
Les années suivantes, j’ai bien évité le pont cassé, me contentant de la plage et du plongeoir de la piscine locale, je vous invite à en faire de même !
Note : Je n’ai pas le courage de me relire encore une fois de plus bien que j’ai la sensation d’avoir été totalement incohérent sur les temps utilisés, je vous prie de bien vouloir m’en excuser, je regarderai ça de plus près demain :) De même pour les fautes d’orthographe qui restent !