Un p’tit coup de “bienvenue en ce bas-monde” au fiston tout neuf de Noey et Minh Quang !
Je pense à Manola - ou à Zoé, la gamine de la cousine d’Hoedic, ou encore à Anna-Gabrielle, ma cousine à moi - et je me dis qu’elles sont sûrement assez grandes, maintenant, pour se rappeler, plus tard, qu’il y avait la guerre en Irak quand elles étaient petites.
En fait, il y avait la guerre en Irak quand j’étais petite, moi aussi. Mais pas la même. À moins que je ne sois encore petite…
Enfin, c’est juste pour dire que je n’arrive pas à me défaire de cette sensation tenace qui veut que les guerres devraient être choses du passé. Qu’on devrait absolument en avoir fini avec ça, avoir compris que les hommes étaient cons avant, mais que bon, c’est du passé quoi, plus maintenant hein. Et puis non. C’est toujours pareil. La grande Histoire des guerres, on est encore et toujours en train de nager en plein dedans, il suffit d’ouvrir la télé.
Suis-je la seule à avoir cette certitude profonde, ancrée en moi, qu’une guerre ne saurait se dérouler en ce moment, que le monde ne tourne pas du tout comme il devrait ? Qu’une “guerre actuelle” n’est autre qu’un grossier anachronisme, une aberration ?
Le monde d’aujourd’hui, moi, je croyais que c’était l’UE, l’ONU, le village global. Tout ça. Un doux idéalisme. Je suis la seule à avoir été éduquée (“brain washée”, “formatée”, ce que vous voulez) comme ça ?
En tout cas, faudra que je finisse par grandir, moi aussi, un jour… Parce que c’est souffrant, à la fin, que le monde ne soit pas conforme à ce qu’il devrait être.
(Et je parle de guerre, mais ça pourrait aussi s’appliquer à la famine dans le monde, au viol, à la prostitution juvénile… La liste est sans fin.)