L’information n’est pas très fraiche, elle date du 16 janvier, mais à ce moment-là, je n’avais pas eu le temps de la commenter : le téléscope Hubble va bientôt mourir. Du moins la Nasa ne va pas aller faire son entretien de routine. Alors que ses batteries s’épuisent et que plusieurs de ses gyroscopes (lui permettant de s’aligner correctement) sont en panne, George W. Bush, en annonçant sa volonté de retourner sur la Lune d’ici 10 ans a du même souffle annoncé que Hubble pourrait finir sa vie quelque part dans le Pacifique, peut-être dès 2007.
Contrairement à ce que l’on pourrait penser, la question n’est pas financière mais sécuritaire : après l’accident de Columbia, la Nasa, en accord avec (ou sur conseille de) la Maison Blanche a décidé que seule la station ISS serait désormais visitée par les navettes américaines. Hubble, dont certaines “upgrades” supplémentaires étaient en préparation représente un danger trop important, les navettes sont vieilles et la mort d’astronaute fait bien trop mauvaise presse.
Ça peut sembler bizarre de mettre en balance la vie d’astronaute avec la poursuite d’un programme d’observation spatiale. D’ailleurs, ce n’est pas ce que c’est. Du coté de la Maison Blanche, on veut le risque 0 pour tout ce qui n’est pas primordial. On le sait le risque 0, dans l’espace, c’est de ne pas s’y rendre.
Tout comme on peut se poser la question de l’intérêt de privilégier principalement les vols habités, au détriment des vols robotisés qui montrent pourtant beaucoup d’intérêt, on peut se demander si considérer l’ISS primordiale face à Hubble est si judicieux.
Pour l’heure, Hubble a apporté beaucoup plus de connaissance que l’ISS n’en apportera jamais : des clichés inimaginables auparavant.
Regardez, avant-hier on nous annonçait l’étude très passionnante d’Osiris (aussi connu sous le nom de HD 209458b), une exo-planète de la taille de Jupiter, tournant autour de son étoile en 3 jours, et dont les constituants sont pulvérisés dans l’espace à un rythme incroyable par un extraordinaire effet de marée et une fournaise de quelques 10 000°C. Une planète qui boulverse la façon de voir de nombreuses théories alors que récemment il semblait impossible qu’une aussi grosse planète se forme aussi proche d’une étoile.
Aujourd’hui, je trouve des clichés du Evil Eye (encore connue sous le nom de Messier 64), une galaxie aux propriétés étonnantes avec une importante quantité de poussières absobants la lumière et dont certaines étoiles tournent en sens inverse des autres, possiblement des suites d’une rencontre entre deux galaxies.
Bref, tout un pan de l’espace s’est ouvert avec Hubble et pourrait se refermer. Certes, Hubble aura un remplaçant, le James Webb Space Telescope qui ne sera pas opérationnel avant 2011 et qui n’aura pas les même “compétences” que Hubble (dont celle de voir en ultra-violet). De plus, deux téléscopes ne seront pas de trop pour regarder l’infini.
Rien n’est joué, la décision d’abandonner le premier téléscope spatial a créé un véritable émoi au congrès américain, une enquête a été commandée auprès de la Nasa et un changement d’administration pourrait permettre de voir cette décision changée, mais pour envoyer une navette de maintenance avant 2007, il faudrait que la décision soit prise rapidement.