On se plaint beaucoup du sous-financement chronique du système scolaire (en particulier supérieur) québécois.
Mais j’aimerais pointer du doigt le revers de la médaille : les miracles réalisés avec le “si peu” de ressources disponibles.
Prenons pour exemple mon programme d’études, que je connais le mieux. Nous sommes 220, et il faut un tuteur par groupe de 9 étudiants. J’ai eu une tutrice psychanalyste en Croissance-Développement-Vieillissement, une pathologiste surspécialisée en pathologie, une microbiologiste pédiatrique en microbiologie, une hémato-oncologue en hématologie et un neurologue en neurologie. C’est pas de la merde, quoi.
Et tous les mercredis, à l’hôpital, nous sommes divisés en groupe de 4 ou 5. À l’automne, pour toute la session, mon moniteur était un chirurgien général fraîchement fellowshipé en laparoscopie. Et maintenant mes moniteurs sont deux chirurgiens cardiaques, post-doctorés l’un de Cleveland et l’autre de Berkeley.
À part le fait que je sois en train de me constituer un beau carnet d’adresses, j’oserais dire que la formation est d’un très haut niveau. Ça frise la haute voltige. Elle est en plus parfaitement intégrée de façon à ce que, à l’hôpital, j’apprenne à faire le côté pratique de ce que j’apprends en théorie à l’université. L’examen neurologique complet pendant le cours de neuro. Etc.
Les étudiants de l’Université de Montréal sont ceux qui réussissent le mieux au Canada, malgré leur indigence sans fond, aux examens finaux de médecine.
Voilà, c’était ma petite éloge à tout ce que l’on peut accomplir avec des moyens réduits, mais un peu d’imagination, d’effort et de bonne volonté pour compenser. C’est pas la peine de quadrupler les frais de scolarité. J’m’en fous, que les escaliers de l’université soient pleins de moutons de poussière. De toute façon, je suis bien la seule qui emprunte encore les escaliers plutôt que l’ascenseur…