Wal-Chose et délocalisation

par Hoedic

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L’économie reste une chose que j’aurais toujours du mal à appréhender. C’est d’une compléxité sans borne. Pourtant son impact sur notre vie quotidienne est loin d’être mineur.

L’économie est l’un des enjeux principaux de la prochaine élection américaine, comme souvent, et Bush ne semble pas en très bonne position sur le sujet. Deux éléments ont attiré mon attention dernièrement : Wal-mart et la délocalisation des cols blancs, principalement en informatique.

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Kerry vs. Bush

Depuis quelques temps, Wal-mart est dans la tempête. Après avoir été accusé d’employer des clandestins à bas prix, de forcer des employés à faire des heures supplémentaires non payées ou à payer eux-même leur assurance santé, c’est le rôle global de ce monstre de la distribution de détail qui est au centre de la controverse. Alors que certains économistes persistent à dire que l’existence même de Wal-Mart est très bonne pour l’économie, permettant aux ménages de dépenser moins (20 milliards d’économies directes et 100 milliars indirectement en obligeant les concurrents à suivre), d’autre se demandent quel est l’impact de cet employeur de 1.4 millions d’individus dont la politique salariale n’est pas réputée très généreuse !

Ma réflexion face aux publicités Wal-Mart, « des bas prix de tous les jours », des prix sur lesquels beaucoup d’autres commerçants ne peuvent pas s’aligner, est que cet argent économisé doit bien manquer à quelqu’un.

Preuve de l’emprise de Wal-Mart sur personnel, aucun de se milliers de centres n’est syndiqué. Ça pourrait changer (abonnement gratuit) puisqu’un tribunal vient d’ouvrir la voie pour les employés d’un magasin de Jonquière dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean. Faut dire qu’au Québec on ne rigole pas avec ça, le syndicat c’est sacré. Ce serait une première chez Wal-Mart. Bien que je ne porte pas les syndicats québécois dans mon coeur pour leur tendance à casser tout ce qui passe pour un oui ou pour un non, le droit à la syndication est normal et des paroles du genre les syndicats « n’ont pas leur place dans nos magasins » fait vraiment rétrograde.

Autre élément d’actualité : les délocalisations, notamment dans les métiers de l’info. Hier, Le Devoir (malheureusement j’ai perdu l’adresse) faisait état d’une étude selon laquelle les délocalisations auraient permis la création de 90.000 emplois (et non des pertes d’emploi). Ça laisse perplexe.

Dans le même temps Salon (daypass gratuit) présente le cas de CollabNet, une entreprise fondée par Brian Behlendorf, présenté comme celui qui a coordonné le développement d’Apache et est donc proche de la mentalité Open Source. CollabNet est partagé entre la Californie et Chennai, en Inde. C’est également une entreprise qui développe des logiciels permettant de travailler plus efficacement dans un environnement délocalisé. J’ai beaucoup apprécié l’expression “CollabNet eats its own dogfood”.

Sans cette délocalisation, permettant d’embaucher 40 personnes au lieu de 10 aux US, cette firme n’aurait peut-être pas pu se développer et la vingtaine de postes en Californie, eux, auraient été perdus. Brian Behlendorf fait également preuve d’idéalisme en parlant de partage du travail et d’expérience habituelle dans le milieu de l’open source où le travail se fait de manière délocalisée à travers le monde.

Ça me rappelle un peu quand je travaillais chez A., en mission avec une entreprise ayant des bureaux à Cincinnati, OH, à Bristol, en Angleterre, à Bangalore, en Indes, et donc nous, à Paris. Le travail avançait en permanence, quand nous quittions le soir (souvent tard), les spécifications allaient pour validation aux US, le code était compilé ou vérifié en Inde, de nouveaux éléments étaient présents de lendemain matin pour nous. Des coups de téléphone en anglais avec des indiens à l’accent indéchiffrable à des heures indues.

Ce n’est pas sans me rappeler Karl qui voyage souvent et fait des téléconférences à 2 heures du mat’ parce que c’est plus pratique. Et aussi certains de mes anciens collègues d’A. qui sont en mission à l’île Maurice, pour de l’outsourcing offshore. Ce n’est pas idée abstraite la délocalisation en informatique, c’est la réalité telle qu’elle est vécue aujourd’hui par de nombreux intervenants notamment dans le domaine IT. Le vie semble un peu folle vue comme ça.

Ambivalence dans une société comme CollabNet où, comme dans le monde open source, on a tendance à juger les gens par leur contribution et non par leur localisation, où les éléments indiens sont intégré à la société comme tout autre employés et non considérés comme des individus de seconde zone, ce qui n’empêche pas de se dire, de la part des travailleurs américain que cet autre qui travaille pour 4 à 10 fois moins cher, c’est tentant pour le boss de payer aussi peu pour un aussi bon employé. Selon des sondages, l’Inde et la Chine ont remplacé le Japon dans le rôle du grand méchant, pas étonnant.

Incontestablement toutes les entreprises ne travaillent pas avec la même idéologie que CollabNet, beaucoup d’entreprises proposent désormais des services d’externalisation payés vaguement à la ligne de code et l’objectif premier reste souvent l’augmentation de la marge bénéficiaire. Mais quelqu’en soit la raison, le processus amené par les technologies développée durant ces dernières années ne pouvent mener qu’à cela.

La question que je me pose au regard de tout ça c’est “What’s next ?”

**Update **: Lors d’un vote, les employés du Wal-Mart de Jonquière se sont prononcés, apparamment à une faible majorité, contre la mise en place d’un syndicat. Apparamment des rumeurs de fermeture de l’établissement auraient fait pencher la balance. Il faut dire que ces menaces sont prises au sérieux. En effet, un autre poids lourd, McDonalds, a la réputation de fermer tous les établissement où les employés arrivent à s’affilier à un syndicat.

Note : pour ceux qui ne connaissent pas le principe syndical québécois, c’est une centrale par entreprise. Les employés demandent un vote pour se rattacher à une centrale donnée (par exemple la FTQ ou la CSN). Si le vote obtient un oui à plus de 50%, alors tous les employés deviennent affiliés à ce syndicat. Ceci est explique cette histoire de vote.

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